Cabourg a l'heure proustienne

Publié le 06 novembre 2010 par Abarguillet

   le Grand-Hôtel de Cabourg

   JOURNEE DU 20 NOVEMBRE 2010  

Comme chaque année au mois de novembre, le Cercle Littéraire proustien de Cabourg-Balbec prépare la journée qu'il consacre à l'écrivain et qui se clôturera par le dîner au Grand-Hôtel, celui où Proust vécut chaque été de 1907 à 1914, y écrivit de nombreuses pages de sa Recherche, y admira la mer et le ciel, y visita, dans les proches environs, des églises aux saphirs pleins de feux à l'heure crépusculaire et des petites villes fécondes comme des rêves, y reçut ses amis, en croisa d'autres, observa le personnel ainsi que les clients ( atroces, disait-il ) de son oeil auquel rien n'échappait, y contempla les merveilleux couchers de soleil depuis la fenêtre de sa chambre au 4e étage ou sur la digue. C'est ainsi qu'un soir, apercevant l'actrice Lucy Gérard, il la décrit ainsi dans une lettre à Louisa de Mornand : " C'était un soir ravissant où le coucher de soleil n'avait oublié qu'une couleur : le rose. Or sa robe était toute rose et de très loin mettait sur le ciel orangé la couleur complémentaire du crépuscule. Je suis resté bien longtemps à regarder cette fine tache rose, et je suis rentré, enrhumé, quand je l'ai vue se confondre avec l'horizon, à l'extrémité duquel elle fuyait comme une voile enchantée ".

En s'installant au Grand-Hôtel en 1907, Proust abandonne, sans regret, tout ce que lui avait suggéré le nom de Balbec : le pays des Cimmériens, les ombres éternelles et la mer en furie. Il aimera cette féminine campagne normande dans laquelle ses chauffeurs l'emporteront et le spectacle permanent de la mer, dont la beauté paresseuse avait la transparence d'une vaporeuse émeraude. Il reconnaissait aux choses le pouvoir de demeurer, alors que nous ne cessons de changer et entendait trouver, au fond de lui, une nouvelle qualité de passé, non un passé qui ne serait que de l'ancien présent, mais un passé revivifié et, en quelque sorte, réinventé par la mémoire, un passé de magie et qu'une autre magie - celle de l'art - serait en mesure de perpétrer.

C'est donc, plus précisément, à l'auteur de Swann et des Jeunes filles en fleurs que sera consacrée la journée du 20 novembre 2010 par le Cercle Littéraire proustien de Cabourg-Balbec. Elle débutera à 14h 30, dans une salle du rez-de-chaussée du Grand-Hôtel, et sera marquée par deux temps forts, dont le premier est un concert, à 16h30 très précises, autour de l'oeuvre du compositeur Claude PASCAL, Prix de Rome, critique musical au Figaro, membre de l'Académie Charles Cros, dont on interprètera la Sonate, dite de Vinteuil, commencée à Rome à la fin de l'année 1946, abandonnée, puis reprise en février 1947, mais qui n'en fut pas moins longue à réaliser, son auteur pensant que les morts sont toujours plus forts que les vivants, et qu'il n'aurait pas le dessus. Cette sonate, aujourd'hui terminée, comporte trois mouvements, le premier à la forme d'une sonate, le second est un andante et le troisième, un final en forme de rondo.
On sait toute l'importance que représente dans La Recherche cette sonate de Vinteuil et sa petite phrase dont Proust nous dit dans Du côté de chez Swann : " D'abord le piano solitaire se plaignit, comme un oiseau abandonné de sa compagne ; le violon l'entendit, lui répondit comme d'un arbre voisin. (...) Est-ce un oiseau, est-ce l'âme incomplète encore de la petite phrase, est-ce une fée, un être invisible et gémissant dont le piano ensuite redisait tendrement la plainte ? (...) Aussi Swann ne perdait rien du temps si court où elle se prorogeait. Elle était encore là - comme une bulle irisée qui se soutient. Tel un arc-en-ciel, dont l'éclat faiblit, s'abaisse puis se relève et, avant de s'éteindre, s'exalte un moment comme il n'avait pas encore fait : aux deux couleurs qu'elle avait jusque là laissé paraître, elle ajouta d'autres cordes diaprées, toutes celles du prisme, et les fit chanter ".

Ce concert sera suivi du deuxième temps fort, soit l'apéritif dans le hall à 19h30 et le dîner dans la fameuse salle-à-manger, rénovée à l'identique il y a un peu plus d'un an, et que Proust décrivait ainsi dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs : " ...celle-ci devenait comme un immense et merveilleux aquarium devant la paroi duquel la population ouvrière de Balbec, les pêcheurs et aussi les familles de petits bourgeois, invisibles dans l'ombre, s'écrasaient au vitrage pour apercevoir, lentement balancée dans des remous d'or, la vie luxueuse de ces gens..."

Pour le concert, la participation est de 10 euros pour les membres du Cercle et de 15 euros pour les autres.
Afin d'obtenir des renseignements complémentaires au sujet de cette journée et du dîner, téléphoner au   02-31-91-06-69

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   la salle-à-manger


   Le Grand-Hôtel vu de la digue