Genre : Thriller Dramatique
Réalisateur : Anton Corbijn
L’histoire : Jack est un tueur à gages habile et expérimenté. Toujours en alerte, il n’a aucune attache. Quand une mission tourne mal et qu’il lui en coûte la vie de la femme qu’il aime, il se fait la promesse que son prochain contrat sera le dernier.
Une chronique de Sypnos
Séance de 16h : 8 spectateurs.
Avec ce thriller, Anton Corbjin ne joue pas la facilité pour le spectateur. Le plongeant d’emblée dans une atmosphère ouatée, lourde… il l’écrase sous une forêt enneigée et un feu nourri qui n’aura d’autre fonction que de véritablement faire basculer notre héros d’un point de vue psychologique… et de le conforter dans son envie de raccrocher de son métier (de tueur à gages et habile artisan dans la fabrication d’armes modifiées pour les assassinats)…
Le personnage interprété par Clooney, véritablement très sobre dans son jeu, s’échappe alors en Italie dont les paysages transalpins servent à la fois de cadre à un western avec de grands espaces filmés de façon poétique tout en les juxtaposant avec un cadre urbain rappelant le meilleur du western de Leone comme Pour Une Poignée De Dollars.
Grâce à ces superbes décors naturels et le jeu simple mais juste de ses comédiens, le réalisateur construit un récit non pas basé sur le spectaculaire mais sur le ressenti de ses personnages (le tueur, l’autre tueur, le boss, la prostituée), ressenti qui passe par des regards, des expressions ou des détails de l’environnement des personnages plutôt que par des mots.
Empruntant énormément au cinéma de Sergio Leone auquel il fait un clin d’œil appuyé en diffusant un extrait de scène mythique de Il Etait Une Fois Dans L’Ouest, il va alors user des mécaniques de ces films pour mieux les retourner à sa vision des choses. Plus atmosphérique que tendu, le film se déroule alors comme un long voyage vers un destin que nous ne pouvons « malheureusement » que deviner étant donner le peu de personnages impliqués dans l’histoire.
Las, malgré une photographie toujours très soignée que ce soit avec ses scènes de jour sublimement naturelle ou ces scènes de nuit éclairées comme un bon vieux Bava ou Argento, cette façon de poser son récit, pour que nous en ressentions la moiteur, la pesanteur quant à l’avenir incertain des protagonistes du film ne contentera pas les fans de films plus musclés venus revoir George dans un Pacificateur 2. Les autres, s’ils sont sensibles à la poésie des images et du récit, s’ils sont férus de cinéma populaire italien de genre années 60 et 70 risquent de ressortir plus que touchés par ce personnage en quête d’amour et de paix… The American est loin d’une grosse machine à l’américaine, c’est un bon thriller qui se transforme en drame à la poésie touchante… Un papillon de cinéma sensible et beau…