Ca m’fait plus marrer… les canapés

Publié le 15 octobre 2010 par Macadam Cowgirl

L’aventure près de chez soi, c’est possible avec un simple besoin, des plus ancestraux et universels : un canapé sur lequel se vautrer.

Je n’ai jamais couru aussi longtemps après un meuble aussi conventionnel, même avec mes goûts particuliers et mes moyens modestes. Sans compter les goûts de mon « colocataire » qui changeaient au gré du vent , cela n’accélérait pas les choses. Faut-il que l’envie de regarder South Park ou Bob l’Eponge, confortablement installé devant un plateau de sushis avec une bonne bière soit puissante, pour que l’on mette près de 5h à conclure l’achat après 3 semaines de vide, coûte que coûte, malgré la grève, les bouchons et la banlieue.

Les aventuriers du canapé perdu

Direction Torcy dans le 9-3 donc, en pleine période de grève (mais enfin en jour de récupération), à 15h30. Pas terrible déjà comme horaire. Arrivée au « pays où la vie est moins chère », dixit le slogan d’une enseigne de déco dont je tairai le nom. Ah, un canapé nous plaît bien, pas cher en plus. « Ah désolée, on n’en a plus en stock. Mais allez au magasin de Rosny, vous en trouverez. » Bon, ok. Andiamo.

Arrivée à Rosny déjà un peu plus tendue du fait des embouteillages grandissants. Recherche du canapé-Graalesque dans le rayon, identification, appel d’un chef de rayon. Mauvaise pioche : Bernard,  probablement sous-directeur ou chef de rayon, l’air un peu tendu (alors que le magasin est vide) nous annonce qu’il n’en a plus, et en plus, qu’il est limite nervous breakdown. « Ah bah à la commande, comptez 4 à 6 semaines. Eh oui, « ils » veulent plus de stock, ils fonctionnent à flux tendu. De toute façon, on est en bisbille avec eux en ce moment, ils veulent plus de caissières, plus de chefs de rayon, plus de stock… » enchaînait le pauvre sous-directeur avec amertume. A cela, mon co-aventurier ajouta avec son à-propos limousin : « ils ne veulent plus de pognon non plus on dirait ! » Bernard acquiesça avec lassitude et lâcha cette conclusion édifiante : « On était n° 1, on est 48 maintenant ».

Résultat des courses : au moins 2h de perdues, une déprime en prime sur l’état de la société française et des magasins de déco, avec cette remarque pertinente : « bon, on est mal barrés pour le canapé. »

Dernière solution : un autre centre commercial dédié à la déco. Budget peut-être gérable, pas mal de choix. Problème : plantage en direct dans la direction. Il est 17h17 et nous tombons en plein dans les sorties de bureau direction Paris et la province, en période de grève, nous ne le répéterons pas assez. Histoire de continuer l’aventure jusqu’au bout, nous empruntons un itinéraire bis, aussi bouché que le reste, mais qui a l’avantage de nous balader au milieu de pavillons années 60 cossus et de rues poétiquement nommées « rue du Tchad, Noisy-le-Sec ». Fantastique.

Je passe sous silence l’énième erreur de trajet qui  nous a value une boucle supplémentaire, cette fois agrémentée de délires automobiles et fous rires nerveux qui compensaient largement notre connerie mutuelle.

Le Saint-Graal se trouvait pourtant sur l’A86, sortie 17 « Rosny Centre », chez Domus. Merde alors, pourquoi on n’y a pas pensé tout de suite ? Il nous a fallu peut-être 20 min pour nous décider pour un super canap’ qui nous renvoyait déjà comme des images paradisiaques, effluves de cocktails et de vomis de potes après une orgie (ah non, merde, pas de vomi, on s’est assez fait chier !), fins de soirées lubriques et siestes crapuleuses du dimanche après-midi. Ahhh, que c’était bon. Nous nous imaginions déjà repartir avec lui sous le bras.

Mais comme dans Indiana Jones, le canapé ne devait pas franchir la dalle scellée : le retrait des marchandises. Tout simplement parce qu’il avait la taille, dans ses cartons, de ma voiture entière, et que nous n’avions pas de camionnette. Et qu’il était 19h30, quand le magasin fermait à 20h.

Re-belote le lendemain matin donc, pour bibi, de se faire 15 aller-retour avec la camionnette, pour monter le saint-Graal à la maison. 3ème étage sans ascenseur, un pote heureusement présent pour les grimper (Pascal, Jésus et moi on t’aime), ce qui n’a pas empêché un effritage du mur de l’entrée due à la grande largeur de l’objet, qui trône enfin au milieu du salon. Et qui n’en bougera pas de sitôt.

Putain d’canapé.