Tagore (2/4)

Publié le 10 novembre 2010 par Olivia1972

Crépuscule (1932–1941)

 

Au cours de sa dernière décennie ici-bas, Tagore continue de rester sous les feux de la rampe, reprochant publiquement à Gandhi d'avoir présenté le tremblement de terre de Bihar survenu le 15 janvier 1934 comme un châtiment divin pour l'oppression des Dalits. Il déplore également le début du déclin socio-économique du Bengale et la pauvreté endémique de Calcutta.

Tagore rassemble aussi 15 compilations de ses écrits, dont les poèmes en prose Punashcha (1932), Shes Saptak (1935), et Patraput (1936). Il poursuit ses expérimentations littéraires en composant des chants en prose et des drames dansés dont Chitrangada (1914), Shyama (1939), et Chandalika (1938). Il écrit également des romans : Dui Bon (1933), Malancha (1934), et Char Adhyay (1934).

Dans ses dernières années, Tagore se prend d'intérêt pour les sciences, et écrit Visva-Parichay (une série d'essais) en 1937. Ses explorations de la biologie, de la physique et de l'astronomie ont des conséquences sur sa poésie, qui souvent fait une large place au naturalisme, et souligne son respect pour les lois scientifiques. Ainsi, il décrit la démarche scientifique (y compris des histoires de scientifiques) dans de nombreuses nouvelles parues dans des volumes tels que Se (1937), Tin Sangi (1940), and Galpasalpa (1941).

Les quatre dernières années de la vie de Tagore sont marquées par la douleur chronique et deux longs épisodes de maladie. Cela débute quand Tagore perd conscience fin 1937 : il reste dans le coma au seuil de la mort pendant une longue période. Trois ans plus tard, fin 1940, un épisode similaire survient, dont il ne se remettra jamais. La poésie qu'il compose au cours de ces trois années compte parmi sa meilleure, et se distingue par sa préoccupation pour la mort. Après de grandes souffrances, Tagore meurt le 7 août 1941 dans une chambre à l'étage de sa demeure de Jorasanko où il a grandi. L'anniversaire de sa mort est un jour de deuil dans l'administration partout dans le monde bengalophone.

 

Voyages

Animé d'une remarquable soif de voyages, Tagore a visité plus de trente pays sur les cinq continents entre 1878 et 1932. Nombre de ces déplacements furent primordiaux pour familiariser des publics non-indiens à ses travaux et pour diffuser ses idées politiques. Du 3 mai 1916 à avril 1917, Tagore poursuit ses tournées de lectures au Japon et aux États-Unis, durant lesquelles il fustige le nationalisme, en particulier celui du Japon et des États-Unis. Il écrit aussi l'essai intitulé "Nationalisme en Inde", qui lui vaut à la fois dérision et éloges (ces derniers de la part de pacifistes, parmi lesquels Romain Rolland).

 Le 30 mai 1926, Tagore est à Naples et il rencontre le dictateur fasciste Mussolini à Rome le jour suivant. Leurs rapports cordiaux prennent fin avec l'allocution du 20 juillet 1926 de Tagore contre Mussolini.

Le 14 juillet 1927, Tagore et deux compagnons entament un périple de quatre mois en Asie du Sud-Est. Les notes de voyage de Tagore sont compilées dans l'ouvrage "Jatri". Au début de 1930, il quitte le Bengale pour un voyage de près d'un an en Europe et aux États-Unis. Il rencontre Einstein à Berlin en juillet 1930. Il rend plus tard visite à Aga Khan III puis part pour le Danemark, la Suisse et l'Allemagne de juin à mi-septembre, et enfin se rend en Union soviétique.

En avril 1932, Tagore, qui a eu connaissance des légendes et des œuvres du mystique perse Hafez, est invité en tant qu'hôte personnel du Shah d'Iran. Tant de voyages approfondis permettent à Tagore d'interagir avec nombre de ses contemporains célèbres, parmi lesquels Henri Bergson, Albert Einstein, Thomas Mann, George Bernard Shaw, H. G. Wells et Romain Rolland. Les derniers voyages de Tagore à l'étranger, dont la visite de la Perse et de l'Irak en 1932, puis de Ceylan en 1933 affineront seulement ses opinions au sujet des divisions humaines et du nationalisme.

A SUIVRE