Excès allemands

Publié le 12 novembre 2010 par Miiiiissk

Le week-end dernier, je suis allée à Munich. C’était ma première fois en Allemagne. Chanceuse, j’étais tout de même bien préparée parce que mon amie Mel, une habituée du pays, m’avait fait répéter les trois mots-clefs à retenir pour vivre décemment mon séjour: «Ein Bier, bitte». Paraît que si elle est répétée plusieurs fois par jour, cette phrase magique vous fait oublier tous vos soucis.

Je n’ai pas eu à tester parce que je n’avais pas vraiment de soucis. Et puis dès la ride de train entre l’aéroport et la ville, j’ai ressenti un grand calme. Exception faite des quelques minutes pendant lesquelles un groupe d’Allemands aux voix bien portantes se sont amusés à répéter tous les mots anglais que crachait le petit interphone du wagon en riant gras («Next station / HAHAHAHAHA» «Exit the train / HAHAHAHAHA», et ainsi de suite). Donc, mis à part ce relent de cacophonie, oui, c’est calme l’Allemagne. Calme, propre (vraiment propre!), ordonné. Agréable. Simple. Pas compliqué. Sans souci.

Malgré tout, c’est au cours de ce même week-end que j’ai vécu tout plein de mini-excès. Est-ce que c’est par opposition  au calme et à l’ordre que ces petites tranches de vies me paraissent excessives? Peut-être… Toujours est-il que…

1. J’ai mangé plus de pretzels en un week-end que je n’en avais mangé jusqu’à maintenant dans ma vie. Faut dire qu’à 85 centimes le pretzel, ils sont plus accessibles qu’au Centre Bell. Et ils sont meilleurs aussi.

2. J’ai aussi vu M. Paul s’étouffer en croquant dans une (excessivement) grosse motte de fromage râpé. C’est que le dit fromage râpé était en fait du raifort:

Le raifort, c'est le petit tas blanc dans l'assiette. Il en a avalé au moins la moitié d'un coup. Et, oui, on peut aussi parler d'excès de charcuteries dans les assiettes...

3. À la Cathédrale Notre-Dame, j’ai pu constater que le p’tit Jésus pouvait lui aussi ressentir des excès d’ennui:

Soupir

4. Tout comme ses porte-paroles, d’ailleurs:

Soupir bis

5. Dans le Englischer Garten, il y avait tout plein de couleurs… Un excès? Presqu’autant qu’au Québec (le «presqu’» est optionnel…)

Joli, oui?

6. Des couleurs jusque dans un petit tunnel. Tunnel que j’ai cru être un skate park le temps d’un coup d’oeil, mais non. C’était bel et bien un petit tunnel pour piétons et cyclistes, tout en dessins (oui, excessivement charmants!):

Sympathique et rigolo

7. Donc une grosse dose de couleurs, mais aussi du noir. Beaucoup de noir. Des corbeaux. Plus de corbeaux en un tableau de coup d’oeil que de mouettes autour d’un McDo en deux-troix clignements. Pas bruyants, pas chiants (du moins, pas sur moi), juste noirs… Très noirs. Excèssiv…. noirs.

En voici un. Il y en avait une j'sais-pas-trop-combien-taine. Beaucoup, en tout cas.

8. À la sortie du parc, nous avons marché un peu, sans but précis. La nuit tombait, nous étions zens et insouciants (à défaut d’être *vraiment* jeunes et insouciants). J’ai soudainement vu un (joli) garçon passer, tout de spandex vêtu, une planche de surf sous le bras: «Mais qu’est-ce qu’il fout là? Fait -5 dehors!». Notre réponse est arrivée avant le coin de la rue. Et je peux maintenant dire qu’à Munich, j’ai vu plus de surfers en action en 15 minutes que je n’en ai vus en 2 semaines à Hawaii ou en 3 jours à Biarritz:

Yeah!

9. Pour rester un peu dans le même esprit, je ne m’en plains pas du tout, mais j’ai aussi vu un concentré de beaux bonshommes au cours de mon week-end à Munich. Vraiment beaux. Et avec, en prime, le p’tit air timide du mec qui n’a aucune idée qu’il est mignon. Cela dit, messieurs, rassurez-vous, il y a aussi plusieurs très jolies filles. J’en ai vu et M. Paul en a été (limite) époustouflé. Particulièrement à la Pinakothek der Moderne.

Pinakothek, d’ailleurs, où je dois avouer avoir été (limite) excessivement déçue. On m’avait promis du Pipilotti Rist sur un site Web qui n’avait peut-être pas été mis à jour (PAS celui de la Pinakothek même) et dans tout l’établissement il n’y avait qu’un seul tableau de Pipilotti (pas de vidéo!): une fille toute nue qui me parlait franchement moins que tout ce que j’ai vu (et apprécié) de cette artiste… Mais bon. Tant qu’à être là, autant s’amuser, alors dans un (mini)excès de délinquance, M. Paul et moi avons pris quelques photos:

Où est M. Paul sur ces trois photos?

10. À côté de la Pinakothek der Moderne, il y a le musée Brandhorst. On l’avait remarqué de l’extérieur parce qu’il est plein de couleurs! Puis, alors que nous trainions tous deux de la patte, déçus de notre expérience pinakothekienne, l’attention de M.Paul a été attirée par des pubs du musée Brandhorst sur le trottoir. Ces dernières nous promettaient des pièces inédites de Wharol, Basquiat, Koons, Twombly et plusieurs autres… Nous étions tous les deux fatigués, mais une telle promesse artistique peut suffire à nous remettre sur pied l’un comme l’autre. Puisque dans ce cas, la promesse était grande, j’ai vite vérifié et le musée était ouvert jusqu’à 20h le dimanche. Nous y sommes donc entrés.

Et même si je n’y ai vu aucun Basquiat, je crois que les Wahrol que j’ai vus – que je n’avais encore jamais vu en vrai même si, croyez-moi, j’en ai vu des Wahrol – et les Damien Hirst, ont suffi à me satisfaire. Un mini-Koons aussi. Je ne l’ai pas pris en photo, mais d’autres l’avaient fait. Tout mignon, non?

Bref, Damien Hirst m’a aussi fait voir un nombre incroyable de pilules d’un seul coup. Ça m’a marquée parce que presque toute sa vie, papa a dû en prendre une quinzaine – parfois plus – par jour. Je dirais que l’oeuvre de Hirst prenait toute une perspective à travers mes yeux…

La dernière photo, ce sont les roses de Cy Twombly. Des roses...

11. Je devrais peut-être arrêter à «10». Après tout, c’est un chiffre rond. Mais non. Je terminerai à «11» en disant que mon dernier «excès» allemand, c’est à l’aéroport que je l’ai vécu. Un excès de tristesse. En pensant à la mort récente de mon papa. Inexplicable quoiqu’explicable, on s’entend. Mais inexplicable dans le sens de «pourquoi toute cette tristesse LÀ et pas 2 jours avant?» M. Paul ne savait plus où donner du mouchoir et je ne savais plus où donner du nez et des yeux. Y’avait rien de particulier. Juste de la peine à sortir.

Et ce soir-là, le mec d’Air France qui appelait les passagers à l’aéroport, il était Québécois. Ça s’entendait à sa voix quand il appelait «Bonjour! Ceci est le message pour les passagers du von AFXXX. Les passagers des rangées XXX à XXX sont priés de…». Toujours est-il que c’est lui qui a lu mon passeport. En le voyant, deux minutes avant l’embarquement, il a dit «Saint-Jérôme?» avec le petit regard complice des compatriotes à l’étranger. J’ai répondu «oui». Et ça m’a fait du bien.

Merci, étranger Québécois qui travaille pour Air France à Munich! Lundi dernier, grâce à toi, mes yeux se sont asséchés juste assez pour voir une étoile/planète rassurante dans le ciel. Étoile/planète qui depuis, me suit…


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