Critique cinéma] The lodger

Par Gicquel

– COPIES NEUVES

« VRAIMENT, ON POURRAIT DIRE QUE THE LODGER FUT MON PREMIER FILM. » ALFRED HITCHCOCK

Le « Vengeur » sème la terreur à Londres en assassinant des jeunes filles blondes. Les rares témoins  décrivent un individu qui se cache le bas du visage. Non loin d’un nouveau meurtre, Mrs. Bunting loue une chambre d’hôte à un mystérieux étranger  Daisy, la fille des Bunting, est attirée par cet étrange locataire, ce qui suscite la jalousie de son fiancé, un policier. La nuit même où un nouveau meurtre a lieu, l’étranger s’est absenté…

Considéré par beaucoup comme le premier vrai film hitchcockien, The Lodger est une histoire nappée de brouillard londonien et inspirée de la figure mystérieuse de Jack l’Éventreur. Dans un style largement influencé par l’expressionisme allemand, traversé d’un rythme percutant ( l’influence du muet, semble-t-il ), Alfred Hitchcock réalise l’un des sommets du cinéma muet britannique.

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On retrouve, réunis pour la première fois, tous les éléments qui font la particularité du maître : le défilé de jolies blondes (ici victimes de prédilection du tueur en série), la récurrence des lieux clos et des cages d’escaliers, l’aversion pour les policiers, ainsi que l’utilisation appuyée de la métaphore. Sans oublier déjà ces regards hypnotiques et ces ombres portées inquiétantes.

Ivor Novello ou l’ombre d’un doute

En jouant habilement sur les variations entre le doute et l’innocence, Hitchcock se détache de tout réalisme pour développer une mise en scène purement cinématographique qui retranscrit la subjectivité des personnages, leurs craintes comme leurs fantasmes, et l’extrême ambiguïté qui réside au sein de chacun.

Le bel Ivor ( au centre ) cassait son image de séducteur

Pour preuve, Ivor Novello, qui joue le rôle de l’étrange locataire, était à l’époque un chanteur-acteur britannique très populaire auprès des jeunes filles ; mais dans le film d’Hitchcock, il est pris à contre-emploi, incarnant un homme louche et hanté, à l’allure vampirique. Ceci valut un bras de fer entre Hitchcock et la production, ces derniers souhaitant préserver l’image pure de Novello alors que le premier voulait à tout prix forcer le trait de son inquiétante noirceur.

Aux États-Unis, le cinéaste connaît plus tard le même problème avec Cary Grant dans Soupçons, dont les producteurs refusent que la star soit le coupable. Malgré ces pressions, Hitchcock, en maître du suspense, parvient à chaque fois à brouiller les pistes et à semer le trouble…

THE LODGER

The Lodger – A Story of the London Fog

(1927, Royaume-Uni, 73 min, Noir & Blanc)

Scénario Eliot STANNARD-D’après le roman de Marie Belloc LOWNDES