Jean Charest : Le « punching bag »

Publié le 19 novembre 2010 par Jclauded
Corruption ! Corruption! Corruption ! C’est tout ce que l’on entend au Québec! Le premier ministre Jean Charest est la cible de ces attaques et le mouvement s’amplifie au point que l’on peut se demander s’il démissionnera ou pas.
Jean Charest est-il vraiment un politicien corrompu ? Je dis non.
Son erreur a été de refuser de mettre sur pied une commission d’enquête sur ce qui se passe dans le domaine de la construction au Québec. J’ai été un des premiers à la réclamer, le 13 mai 2009, dans mon blog intitulé « Des prix de fous », et je suis revenu souventes fois à la charge dans d’autres blogs.
Ancien ingénieur conseil avec 40 ans dans la construction, je n’en croyais pas mes yeux et mes oreilles lorsque je constatais les dépassements des coûts de construction de certains grands projets. Des augmentations qui allaient du simple au double quand ce n’était pas au triple. Parmi ceux-là, il y avait, entre autres, l’extension du métro à Laval, l’autoroute Ville-Marie, le centre d’entretien de l’agence métropolitaine de transport et le centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM).
Je posais alors les questions : « Sommes-nous victimes de fraudeurs ? Y a-t-il une mafia qui s’est installée dans le domaine de la construction avec comme but de souffler les prix et les profits ? ».
L’élection à Montréal en novembre 2009 ajouta à mon questionnement. Les journalistes d’enquêtes de La Presse révélèrent des informations troublantes sur une série de super contrats accordés à des prix exorbitants par la ville. Les Québécois comprirent alors que quelque chose ne tournait pas rond dans le domaine de la construction. Malgré tout, le maire Tremblay fut réélu.
Jean Charest décida alors de confier le dossier sur ces problèmes à la Sûreté du Québec. Pour lui, une enquête policière pouvait être enclenchée plus vite qu’une commission d’enquête gouvernementale qui nécessite plus d’une année à se mettre en place. Le budget de la Sûreté fut augmenté considérablement. Mais une vague déferlante anti-premier-ministre se manifesta contre cette décision. Du jamais vu. Depuis, l’opposition affirme n’importe quoi contre Charest et tout est rapporté et amplifié aussitôt dans les médias. À ce jour, les policiers n’ont rien révélé.
On frappe Charest avec la même ardeur qu’un boxeur attaque vicieusement son « punching bag » durant son entraînement. C’est vraiment triste à voir car ce n’est pas à la hauteur d’une vraie démocratie.
Au lieu de parler d’économie, d’éducation, de santé, d’écologie, de développement…, l’opposition et les medias ne se concentrent que sur la tenue d’une enquête publique. Une pétition exigeant la démission immédiate de Jean Charest est affichée sur internet. Plus de 180,000 personnes ont signé en trois jours, et ça continue.
Jean Charest ne mérite pas cet acharnement qui vient surtout du Parti Québécois et de ses alliés qui y voient un moyen de reprendre le pouvoir. Les séparatistes « purs et durs » sont chauffés à bloc et voient la possibilité d’un nouveau référendum sur la séparation du Québec, si le PQ parvient aux affaires à Québec. Ils font tout pour répandre leur fiel anti-Charest et réussissent. À écouter, voir et lire tout ce qui s’écrit, on a l’impression que Jean Charest et son parti libéral sont foutus. Mais ce n’est pas aussi simple.
Léger-Marketing vient de publier un récent sondage sur la politique au Québec. C’est là que l’on peut voir la vraie image des sentiments des Québécois. Le PQ obtient 37% dans les intentions de vote, le parti libéral 33%, l’ADQ 11%, Québec solidaire 8% et le parti vert 6%. Mais ce qui est plus révélateur, c’est que malgré l’ouragan anti-Charest, on constate que le PQ a chuté de quatre points depuis le dernier sondage alors que le parti libéral a grimpé de trois. J’ai été fort surpris, mais c’est la réalité. Et cela malgré le taux d’insatisfaction envers le PM Charest de 78%, le plus élevé jamais. En somme, les Québécois et Québécoises disent, « quand je regarde Charest, je me désole mais quand je le compare avec les chefs des autres partis, je me console avec Charest ».
Donc, rien n’est perdu pour Charest. Certes, il traîne dans l’opinion publique derrière le Parti Québécois, mais il était dans la même situation au début de la dernière élection générale, qu’il a gagnée.
Pourquoi les Québécois réagissent-ils ainsi ? Je crois qu’en eux-mêmes, ils savent que Jean Charest est un bon premier ministre.
Ils constatent que malgré la crise économique, le Québec s’en est mieux sorti par rapport aux autres provinces canadiennes. Ici, l’économie roule et le taux de chômage est le plus bas au Canada. La construction va…
Ils savent que Charest sait défendre le Québec durant ses rencontres fédérales-provinciales. Ils se rappellent que l’ex-PM canadien Paul Martin à cédé aux provinces, devant les arguments de Jean Charest, le pouvoir de dépenser à leur guise les octrois fédéraux dédiéds à des projets particuliers. C’était une première canadienne. Jamais dans le passé, les provinces canadiennes avaient été autorisées à utiliser l’argent qui venait d’Ottawa à des fins autres que celles qu’Ottawa avait choisies. Charest avait appliqué ces octrois à des diminutions des impôts des particuliers afin que le taux d’imposition au Québec soit compétitif avec celui des autres provinces.
Il vient tout juste de signer une entente avec le gouvernement fédéral qui reconnaît que le Québec a droit à sa différence.
Il a bien représenté le Québec auprès des gouverneurs des États de l’est américain et a réussi à signer des contrats importants pour les alimenter en électricité du Québec. Voyant là un avenir rempli de revenus extraordinaires, il a engagé la construction de nouveaux barrages hydro-électriques.
Il a créé le Conseil de la Fédération pour réunir les provinces afin qu’elles aient plus de poids dans leurs discussions avec le gouvernement du Canada. À ce jour, cela a donné des résultats très positifs.
Il a su contrôler les dépenses, baisser les impôts, éliminer la taxe sur le capital, augmenter la main-d’œuvre qualifiée en haussant l’immigration, passer une loi sur la retraite progressive, faire adopter le pacte sur l'emploi et l'entente sur la reconnaissance des compétences, dégeler les droits de scolarité, imposer le bulletin chiffré, renforcer le code de la sécurité routière. Il a entrepris, par son dernier budget, la réduction du déficit et de la dette.
Il a nommé, pour la première fois, autant de femmes que d’hommes comme ministres.
Son gouvernement a investi massivement dans les infrastructures, dans le développement énergétique et dans le secteur manufacturier pour créer des emplois et assurer une économie prospère. Son « timing » a été parfait et c’est au plus fort de la crise que les emplois nouveaux arrivèrent sur le marché.
Même la présidente syndicaliste de la CSN reconnaît que « Jean Charest a bien mesuré le terrain, ouvert le débat avec l’opposition et n’est pas provocateur ».
En conclusion, il faut reconnaître que Jean Charest a été, à ce jour, un des bons premiers ministres du Québec. Les électeurs le savent puisqu’ils l’ont réélu trois fois. Évidemment, l’opposition ne cherche qu’à le réduire et à le critiquer, mais nous, les Québécois et les Québécoises, jugeons un homme à ses actes.
Il est vrai que Jean Charest a fait des erreurs politiques et qu’il a fait des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord. De gros problèmes n’ont pas été réglés à notre satisfaction, tels : les attentes dans les hôpitaux, le décrochage scolaire…
J’ai toujours cru que la vraie façon de juger un homme ou une femme politique était d’utiliser le principe de « la balance ». On place dans un plateau les bonnes décisions et on place dans l’autre celles avec lesquelles on n’est pas d’accord. Puis, on constate de quel côté elle penche. En rapport avec le bilan de Jean Charest, j’estime qu’elle s’abaisse du bon côté.
Claude Dupras
ps. À ce jour, a-t-on fait la preuve que Jean Charest est un homme politique corrompu ? Je ne le crois pas même si on l’a dit, répété et amplifié. Il a respecté les lois du Québec.
Malheureusement, d’autres personnes, particulièrement des contributeurs financiers comme dans l’affaire des prête-noms, n’ont pas respecté l’esprit de la loi. Mais cela n’est pas la faute de Jean Charest ni celle de Pauline Marois ou de Mario Dumont, puisque non seulement le parti libéral a reçu des contributions importantes de ces personnes mais aussi le PQ et l’ADQ, lors de la dernière élection générale.
Quant aux individus choisis pour remplir des tâches au gouvernement ou dans des agences gouvernementales, qu’ils soient souventes fois libéraux ne me surprend pas. Du temps du parti Québécois, ils étaient péquistes et ces derniers contribuaient aussi à la caisse de leur parti. D’ailleurs, c’est de même à Ottawa, dans toutes les provinces canadiennes, aux USA et en France. Je ne veux pas que l’on pense que je suis d’accord avec ces manières d’agir, mais on doit faire la part des choses. J’aimerais mieux que tous les Québécois et Québécoises, quelles que soient leurs pensées politiques, soient traités équitablement et aient les mêmes opportunités nonobstant la couleur du gouvernement. Mais je crains que ce ne soit qu’une utopie.

Je sais que plusieurs diront que je ne suis qu’un libéral. Ils se trompent, je ne le suis pas et je ne l’ai jamais été. J’ai déjà été partisan, un « bleu » comme on disait, surtout au niveau fédéral, mais je suis devenu indépendant depuis 1986.
J’aime la politique et respecte les politiciens. Je m’abstiens de parler contre eux personnellement car ce sont les politiques qui comptent. J’invite ceux qui critiquent, et c’est leur droit, à faire de même avec des arguments fondés. Ainsi, nous rendrons service à notre société. Autrement, c’est une perte de temps et un « salissage ! intolérable de réputations d’individus. Pensons à leur famille. CD