Les fonds souverains soudain si chers à Doris

Publié le 10 janvier 2008 par Kalvin Whiteoak
Voilà que la pétulante Doris souhaite de la "transparence dans les fonds souverains", des fois qu'ils cacheraient quelque chose... Ca ne manque pas de piquant de la part de la ministre de l'économie d'un pays qui produit une grande partie de ses recettes au travers du maintien d'un secret bancaire plus que douteux sur le plan éthique.

  Dans le genre "faites ce que je dis et pas ce que je fais", Doris aurait mieux fait de la boucler. Il faut dire qu'elle ne manque pas d'audace ces temps, puisque l'autre jour elle déclarait aussi sans ambages vouloir "augmenter ou en tout cas maintenir la croissance en Suisse". C'est trop mignon, sauf que ça ne veut rien dire, car la croissance ne se décrète pas mais naît de certaines conditions économiques internationales et locales non décrétables et que surtout ce genre de déclaration n'a pas plus de consistance qu'une affirmation du petit Nicolas dans notre bonne France voisine où l'on confond ouverture et manipulation et où l'on prend vraiment le chaland pour un crétin.   Pour en revenir à Doris, c'est étrange qu'elle n'ait pas aussi demandé à l'UBS deux choses importantes:  

a) comment ont-ils fait pour gagner autant d'argent lors de la mise en bourse de Petrochina en automne 2007, la plus importante capitalisation boursière dans ce domaine au monde, devant Exxon ?

b) comment concilient-ils leur participation importante dans Petrochina et le manque total d'éthique de cette société encore majoritairement en mains étatiques chinoises et qui sème la terreur au Soudan et au Darfour notamment en armant et finançant toutes sortes de trafics ? De la transparence vous disiez, là encore on va à sens unique, et d'ailleurs l'ensemble des pays dits riches et leurs conglomérats financiers avec.   En effet, avec l'OCDE, le GAFI, diverses institutions de ce type ont essayé de mettre un peu d'ordre, d'éthique et de transparence dans la finance internationale. En y arrivant presque, même,  lorsqu'il s'agit d'institutions de pays occidentaux.   Mais que font maintenant ces institutions ? elles investissent à grands renforts d'euros ou de dollars pour leur propre compte et pour le compte de leurs clients fortunés dans des participations à des conglomérats chinois, malais ou indiens au sien desquels le moins qu'on puisse dire est que les notions de gouvernance équitable et de respect de droits de l'homme sont absents. Sans parler de la notion de corruption, honnie officiellement en Europe, mais érigée en dogme incontournable en Extrême-Orient.     Doris, donc, si par hasard vous entendez cet appel, ce n'est pas parce que la Confédération doit beaucoup de sous à l'UBS qu'il ne faut pas leur demander à eux aussi des comptes sur leur absence d'éthique dans certains investissements africains ou chinois qu'ils entreprennent.  

Quant aux fonds souverains, vous pouvez crier aussi fort que vous le voulez, jamais personne ne pourra obliger les détenteurs desdits fonds et les autorités de leurs pays d'origine à une transparence suffisante pour qu'elle soit crédible, ou en tous cas plus crédible que le secret bancaire suisse "éthique".   Balayons déjà devant la porte des grandes banques suisses (et des plus petites aussi), et puis ensuite on verra, mais dans ce domaine il y a bien du boulot déjà !