Le parmentier orange et violet qui te fait voir la vie en rose (pfff, c’est d’un kitch)

Par Estebe

Bien le bonjour, les cokinous

Mauvaise nouvelle: le Dr Slurp commence à yoyoter de la touffe. Peut-être que c’est l’âge. Peut-être l’abus de jaja de contrebande. Peut-être l’hiver qui lui engourdit le cervelet. Une chose de sûre, il a la cafetière qui s’émaille. Tenez, l’autre jour, le cœur frétillant et le moral tintinnabulant, il concocte un énorme Parmentier bicolore de courge et patates vitelotte. Avec du cochon et du bœuf mijotés au porto et kamoun dedans. Le genre de plat coquin et joufflu, qui te transforme une table guindée en foire aux bestiaux éméchés. C’est bon. C’est chaud. C’est crapuleux.
Le seul hic, c’est que ce crétin de Dr Slurp avait totalement oublié que…

1/ Il t’avait déjà cuisiné un parmentier en pyjama de bagnard (aïe).

2/ Il t’avait déjà bricolé un gratin avec les mêmes légumes, et il y a quelques jours à peine (ouille).

Plus ça va, moins ça va, je te dis.
D’ici Noël, le Dr Slurp roulera des yeux dedans leurs orbites en ânonnant des insanités en sanskrit. Faudra appeler René le proctologue, Jacky l’exorciste et Brigitte la rebouteuse.


Mais bon. La cuisine n’est-elle pas un exquis recommencement sur la suave mélodie de la gourmandise?

Pour un Parmentier de courge et vitelotte susceptible de combler cinq adultes consentants, il nous faut 500 grammes d’échine de porc, 500 grammes de ragoût de bœuf, un kilo de courge, un kilo de pomme de terre vitelotte (celle qui est toute violette), du porto, une carotte, du fond de veau, un bouquet garni, du kamoun, des graines de courges et du gruyère râpé. Entre autres.

Hachez grossièrement les viandes (quand il reste des morceaux, c’est plus fête encore, c’est comme ça, c’est statistiquement prouvé). Faites dorer deux gousses d’ail émincées et une échalote au fond d’une cocotte. Ajoutez les viandes et une carotte taillée en brunoise. Touillez. Puis mouillez avec un demi-déci de porto et un verre de fond de veau. Assaisonnez. Saupoudrez de kamoun (cumin moulu). Immergez le bouquet garni. Et hop, laissez glouglouter à couvert deux heures et demie. Voire plus.

Epluchez
et taillez patates et courge en cubes. Cuisez-les à l’eau dans deux casseroles. La courge s’attendrit presto. Essorez longuement après cuisson. La vitelotte, plus coriace, exige un brin de patience. Ecrabouillez enfin à la fourchette l’une et l’autre. Mixez, séparément toujours. Puis liez vos purées avec un peu de crème fraîche et de lait, jusqu’à texture onctueuse. Râpez y un brin de muscade. Assaisonnez. Goûtez. Et souriez.

Montez
enfin votre parmentier en commençant par une couche de viande bien mouillée de jus, puis une couche de patate, une couche de viande bien mouillée, une couche de courge, etc. Parvenus au sommet de l’échafaudage, dessinez un motif géométrique avec les deux purées. Quelque chose d’élégant et de postmoderne. Coiffez de graines de courge et de gruyère râpé.
Enfournez à four chaud pour une demi-heure.
Et toc.
Dès lors, il n’est pas stupido de faire sauter le bouchon d’un Petit Duc 2008, riante cuvée du Mas Foulaquier, propriété sise au nord du Pic St-Loup. Un rouge de fruit, de soleil et de vie. L’une de nos tocades récentes aussi, qui pourrait bien grimper sur notre podium des vins les plus slurpiques de l’an de grâce 010.

Tchou