Dr Tsala Essomba : Ministère et boule de gomme

Publié le 25 novembre 2010 par 237online @237online

Écrit par Mutations   

Jeudi, 25 Novembre 2010 12:49

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Célébré au départ pour ses «prodiges», le pasteur est de plus en plus critiqué.
Un séminaire dit de guérisons et de délivrances est annoncé au Palais des sports de Yaoundé le 31 décembre prochain. Pour l'occasion, le Dr Tsala Essomba, qui se prénomme Martin, a invité le célèbre pasteur nigérian T.B. Joshua. Cet événement bouclera l'année 2010 du ministère international Va et raconte. Une année au cours de laquelle le Dr Tsala Essomba a fait feu de tout bois. Outre les «miracles» dont lui seul détient le secret, l'on retiendra, surtout, à l'actif du fondateur du Mivr, cet appel à la mobilisation en faveur du président Paul Biya, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. «Mon devoir est de soutenir le président de la République, que Dieu a mandaté. Et comme je sais que le président de la République œuvre pour la paix et que réellement il travaille pour la paix, je dois absolument le soutenir et demander à tous les Camerounais de bonne volonté de le faire», déclare-t-il.
Le Dr Tsala présente d'ailleurs le chef de l'Etat comme «l'homme qui a sacrifié toute sa vie pour le bien-être des Camerounais. Si aujourd'hui tout le monde suivait le chef de l'Etat et partageait sa vision, le Cameroun serait très loin. La vraie politique respecte l'autorité, donne des conseils, suit et supporte la vision du premier magistrat». Et de conclure : «Je lance un vibrant appel à tous les Camerounais, chrétiens ou non, à s'inscrire sur les listes électorales afin de voter pour le président Paul Biya à la prochaine élection présidentielle.»

Malgré la volée de bois vert suscitée par cette incursion du «serviteur de Dieu» dans la sphère politicienne, le Dr Tsala Essomba continue de faire son trou. Son ambition immédiate : parcourir les dix régions du Cameroun avant juin 2011, pour prêcher aux Camerounais «la soumission aux autorités et le travail pour le réveil et la paix dans notre nation afin qu'il n y ait pas de désordre au cours des prochaines élections».
Le natif de la Mefou et Akono a également investi le champ social. Sous le couvert de son Ong, il fait des remises de dons à des orphelinats, de médicaments à des centres hospitaliers, de matériel informatique ainsi que de fournitures scolaires à des écoles. Mais ce quadragénaire débonnaire, qui dit combattre les puissances des ténèbres, reste peu disert sur sa fortune personnelle.
Les «prodiges» et les prêches de cet homme, marié et père de plusieurs enfants, sont régulièrement retransmis sur les ondes de Canal 2 international et Radio environnement. Il envisage, signale l'un de ses attachés de presse, d'ouvrir une radio et une télévision très prochainement dans la capitale en plus du magazine de son ministère. Le projet, à l'en croire, serait «très avancé». «Dieu m'a béni en me donnant l'onction, et quand Dieu te donne l'onction, tu as toute la richesse du monde», avait-il psalmodié au cours d'une conférence de presse en octobre dernier à Yaoundé. Activiste en diable, «l'homme de Dieu» s'est également retrouvé, en avril 2010, sur le champ de la réconciliation, avec le président Idriss Déby Itno, de rebelles tchadiens vivant au Cameroun.

Tout a commencé par le livre : «Va et raconte ce que j'ai fait pour toi», paru aux éditions «Paroles de vie» (France) en 1992. L'auteur y raconte comment il a été miraculeusement sorti d'une situation dramatique : «J'étais le bras droit de Satan, je mangeais à sa table et Jésus m'a sauvé.»
Selon des témoignages concordants, celui qui revendique le titre de «docteur en parole [divine]» et qui serait, en réalité, naturopathe de formation, a semé tour à tour la «bonne nouvelle» en Côte d'ivoire, au Togo, au Burkina-Faso et au Gabon. Dans le dernier pays cité, une source crédible indique qu'il a été «chassé par les autorités pour imposture». Son installation au Cameroun remonterait à 2005. «Il réunissait alors à peine 300 personnes au foyer Bandjoun. Il était ouvert, accessible. Aujourd'hui, il fait le plein du Palais polyvalent des sports de Yaoundé. Je pense que c'est l'argent qui l'a dévoyé», affirme un adepte de la première heure du Mvir.

A propos de lui, l'abbé Janvier Nama, prêtre à l'archidiocèse de Yaoundé, s'est voulu cinglant dans les colonnes de Le Jour: «Vous parlez du nouveau Dieu camerounais ? Le profil spirituel de ce personnage me semble douteux. J'apprends qu'il est célèbre par ses déclarations extravagantes, ses délires mystiques et ses prétentions messianiques. J'ai l'impression avec lui que le Cameroun est une vaste République sous l'emprise des démons avec sa cohorte de 'possédés' qu'il se démène à exorciser. En plus, les sommes d'argent brassées lors de ses séances d'incantation, ses tentatives de collusion avec l'ordre temporel achèvent de disqualifier fortement l'identité prophétique dont il se revendique, entendu que le message chrétien est d'essence subversive. En vérité, j'ai la conviction qu'il n'est là que pour vampiriser les dernières énergies qui restent encore à ce peuple. En définitive, il me rappelle moins le prophétisme authentique que l'imposture.» Dans un communiqué lu le 21 novembre dernier dans toutes paroisses de l'archidiocèse de Yaoundé, l'archevêque métropolitain, Victor Tonye Bakot, mettait également en garde la communauté catholique contre les pratiques de cet «imposteur néo-pentecôtiste».