Le petit coin des mélomanes : les belles chansons de notre enfance N°5

Publié le 26 novembre 2010 par Hongkongfoufou

Par GoudurixYZ

On a tous un banc, un arbre ou une rue
Où l'on a bercé nos rêves
On a tous un banc, un arbre ou une rue
Une enfance trop brève

Aujourd’hui : Boys cry par les Original Mirrors

  

Tu veux savoir si ton ex va revenir ? Fais le 753115 sur ton portable et tape ton ex. Réponse assurée. En 1980 quand je fais le 753115 sur mon portable, c’est Rock & Folk qui me répond. Entre les pages "Erudit du rock" et les "Petites annonces", c’est là. Je relis trois fois : Roxy Music le 31 mai, Palais des Sports à Montpellier.  Roxy Music à Montpellier ! Reformés pour moi.  C’est comme si mon ex me rappelait. Ressortie pour moi.

Nous y voilà. A l’heure au rencard. Ca y est ! The Bogus man ! Des stores vénitiens, rideaux de théâtre d’un soir s’entrouvrent, se lèvent péniblement sur… Franck Michael ! Tout en surcharge pondérale et basse tension et mèche rebelle et pantalon blanc et chemise blanche et chaussures blanches. Avec les deux autres pareils pour faire pareil.

Mon ex est là, avec sa copine en plus. Elle a cinq ans de trop. Et je ne peux plus partir. Ou est-ce que tout s’est envolé. C’est là où je veux aller. Où est le garçon de café décadent que j’ai laissé. Qui m’a laissé pardon. "Qu’est-ce que je vous sers ?" "Paillettes, lurex, satin et Do the strand ! Gardez la monnaie." Qu’est-ce que j’entends ? Je me frotte l’oreille. Banana split dans la tête !  Ca me déplairait pas que tu m’embrasses, mais faut saisir ta chance / The bogus man is on his way / Avant qu’elle ne passe na na  na na na / As fast as he can run / C’est le dessert que sert l’abominable homme des neiges… "Bonsoir ça va ?" "Euh, à vrai dire pas trop." La suite m’achève. Le dessert que nous sert Brian Ferry est indigeste. Quelqu’un aurait-il du Primpéran ?

Qui dit dessert, dit entrée. Une heure plus tôt la salle s’éteint. Une ombre guitarée et oreilles décollées s’avance, un spot rouge du plus bel effet pour faire ressortir le tout. Faut-il rire ou pleurer ? Ni l’un ni l’autre. J’apprendrai plus tard en lisant des pochettes et en écoutant the Lightening Seeds qu’il s’appelle Ian Broudie. Il y en a 4 autres pour le prix d’un qui suivent : un bassiste halluciné, tout en triplex et Prince de Galles et toute la clique, princes du glam. Tout le monde saute. Saute en l’air. Ca c’est de l’énergie non-feinte (ça y est, je peux enfin le caser.)  Roxy Music, c’est eux. Prolos et glam et fiers de l’être. Feel like a train? Yes I do. Panic in the night? Presque. Could this be heaven ? I think so. Boys cry ? Waouuuh… Ca fait 300 fois que j’entends d’une voix à faire pleurer que les Boys don’t cry. Me voila vengé. Yes, les boys cry. Je vais pleurer en 82 devant France – Allemagne. Je vais pleurer le 12 Juillet 98 devant France - Brésil. Je pleure déjà pour : Comme Marius, le fils de César…C’était lui. Boys don’t cry. Je ne veux plus jamais entendre cette chanson. Pitié. Je veux l’autre à la place. Si l’on m’avait dit que j’en prendrais pour  20 ans, j’en aurais pleuré là, tout de suite. Je suis sûr que si les garçons pleuraient en 1980, c’était à cause de Cure. Revenons à la fin ou au début, je ne sais plus. J’échappe à Jealous boys, heu, Jealous guys qui n’est pas encore sorti. Non, je ne serai plus jamais jaloux.

Bien longtemps plus tard (désolé ça ne veut rien dire)  je vais chercher mon ex (une autre) au travail. "On va prendre un verre ?"  Le café sert de cantine aux filles de l’agence Elite entre deux je ne sais pas trop quoi. Un silence. Bizarre, j’entends Boys Cry. "Tu m’écoutes ?" Heu, oui, oui.