Le lourd d'NRJ se prend pour Gainsbourg

Publié le 26 novembre 2010 par Laurelen
L'affaire a fait un peu de bruit : un animateur d'NJR, franchise île de la Réunion, un certain Mika-L (sic) a créé un mini scandale en invitant ses jeunes auditrices à participer à un concours des "plus beaux nichons". Les candidates devaient envoyer la photo de leurs seins, un jury de la radio élisant la plus belle paire. C'est évidemment d'un goût sublime, mais c'est bien dans le style d'une radio comme NRJ, radio de jeunes faite par des vieux, usine à soupe, pompe à fric avec comme cible les ados. "Oh, Ouains, on est djeune, on est liiibre, liiibre d'acheter un nouvel ipod et d'écouter la daube formatée d'NRJ". Bon, devant le tollé qui commence à se faire en milieu de semaine, le directeur de la station s'excuse du bout des lèvres, puis, pour le principe, et parce que le CSA commence à froncer les sourcils, suspend l'animateur en question. Fin de l'histoire ? Pas du tout : hier (vendredi 26/11), NRJ riposte sur une pleine page de pub dans le Quotidien (la station fait partie du groupe le Quotidien). Sous un flamboyant logo NRJ, le pauvre animateur est présenté en rebelle muselé, la bouche barrée d'une croix, et comble de l'obscénité, une citation de Serge Gainsbourg donne du poids à l'image : "La provocation prête un pouvoir de commandement. Elle ordonne le duel, la répulsion, la révolte, mais aussi les alliances et les amition. Parfois, elle met au garde-à-vous, à part quelques mercenaires en rupture de bang". Cition trouvée sans doute sur le site dico-citations. C'est effectivement le comble de la provocation. La radio la plus conformiste, la plus formatée, la plus commerciale, qui cite du Gainsbourg... Disons que ce serait Jacques de Chateauvieux citant Karl Marx comme modèle (encore lui, au moins, saurait-il de quoi il parle), ou encore Huguette Bello se réclamant du macho-réac Eric Zemmour.
Et pour finir en beauté, cette fausse excuse "pardon à tous ceux qui ont été choqués... Et merci pour le buzz".
Ou comment, quand on est dépassé par une connerie lâchée à la l'antenne, on fait appel à une stratégie de gestion de crise pour tenter de faire croire 1)qu'on est victimes de la censure parce qu'on est
2)Comme Gainsbourg (qui n'a jamais été censuré, sauf pour la chanson "Je t'aime moi non plus"), un rebelle -provocateur-qui-fait-peur-aux-bourgeois
3)Mais qu'en fait c'était fait exprès, on vous a bien eu, hein, c'était pour faire du buzz.
En réalité, la réponse de NRJ est
1)Ridicule
2)Lamentable
3)Pathétique
Maisgageons que les annonceurs, seuls ciblés par cette pub NRJique, seront sensibles à ces arguments. On croit savoir que certains d'entre eux n'ont pas du tout apprécié cette histoire de concours de nichons. Aucun esprit de saine provoc, ceux-là...

François GILLET