Le jeu de la nouvelle

Par Ambroise

Le jeu de la nouvelle commence. [Un Fiacre Noir, nouvelle tirée du recueil Matin de Chien de Rose d'Ambroise et Bernadette Revoux].

J’ouvre les yeux…J’aperçois dans un léger flou cette effroyable guirlande clignotante en face de moi…. J’émerge doucement … Autour de moi, une foule s’agite… Des formes indistinctes.
Mon lorgnon, où est mon lorgnon ?
Je repense à cet endroit glauque où les âmes viennent se perdre… Je peux encore ressentir l’étrange atmosphère qui s’y déverse, une lourdeur pesante qui vient se mélanger à  une odeur pestilentielle de sardines en décomposition. Là-bas les âmes noient leur chagrin dans toutes sortes de spiritueux et finissent par se déverser dans les bidets des toilettes. J’ai du mal à bouger mes jambes… Que se passe-t-il ?
Je voulais juste méditer devant un bon café… Et je me retrouve là, gisant au sol devant cette bande de freluquets agités !
J’enfile mon lorgnon que je viens de retrouver dans la poche intérieure de mon trench, je vois mieux… Et je constate avec horreur que je me trouve toujours dans cet endroit. Comme pris au piège dans une errance qui me pousse à présent vers la folie…
Je ne peux pas bouger mes jambes… J’ouvre la bouche… Je crie, j’appelle, aucuns sons… Les autres me regardent comme si j’étais une bête de cirque victime de la stupidité dite humaine.
J’enrage de l’intérieur…
L’un deux s’approche de moi, une corne de rhinocéros dans sa main gauche… Je voudrais me lever, m’enfuir….
Et puis plus rien….
Juste un fiacre noir qui s’éloigne dans un impassible cliquetis.

A toi... [Imaginer une suite, l'envoyer à ecritureartistique@neuf.fr ou l'écrire dans les commentaires. !]

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"Une horloge sonne lugubrement les douze coups de minuit, un vertige s’empare de moi et je me retrouve à nouveau dans mon propre corps. Ma tasse de café est froide, je ne l’ai pas bu. Je vois au fond du bar le pauvre poisson qui, pendant quelques instants a abrité mon esprit. Mon absence a duré une demi-heure, les transportations durent de plus en plus longtemps et sont toujours des moments particulièrement angoissants. Je suis de plus en plus inquiet, à quoi cela me sert-il d’être dans le corps d’un autre être vivant ? A chaque fois je n’arrive même pas à comprendre que j’ai changé de corps, je ne fais qu’avoir peur et souffrir. J’ai déjà été successivement un cafard, une mouche, un moineau et aujourd’hui un poisson. J’aimerais pouvoir discuter de ce qui m’arrive à quelqu’un mais je ne vois pas à qui, si j’en parle à ma famille ils me prendront pour un fou et me feront enfermer dans un asile, si j’en parle à ma fiancée Amélie elle prendra peur et voudra rompre nos fiançailles et je ne peux plus en parler à Daniel puisque nous ne sommes plus amis. Daniel, mon ami d’enfance me manque terriblement, c’est vraiment dommage que je sois tombé amoureux de la jeune fille qu’il courtisait, la belle Amélie. Il ne m’a jamais pardonné de lui avoir volé le cœur de sa dulcinée, je me souviens qu’en apprenant la nouvelle il est entré dans une colère noire me traitant de tous les noms et me maudissant…Oui, je me souviens soudain qu’il me maudit ce jour là, juste avant de partir en Afrique, terre des sorciers. Qu’avait-il dit ? Je ne m’en souviens plus, ces transportations m’épuisent et me donnent des migraines. Je me lève pour rentrer chez moi, après une nuit de sommeil j’y verrai peut-être plus clair…Je suis inquiet, combien de voyages dans des corps étrangers vais-je encore entreprendre ? Combien de temps vont-ils durer ? Et surtout, ne vais-je pas un jour rester prisonnier d’un de ces corps ? Il fait froid en cette nuit de Janvier, je relève mon col et hâte le pas pour regagner ma demeure. "

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