La communauté internationale affiche son impuissance en Côte-d'Ivoire

Publié le 02 décembre 2010 par 237online @237online

Écrit par La-croix.com   

Jeudi, 02 Décembre 2010 17:28

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Les Nations unies, qui ont déployé en Côte d'Ivoire l'une de leurs plus grosses missions dans le monde, tentent de faire respecter le verdict des urnes
Ces derniers jours, les Nations unies et les pays occidentaux ont multiplié les pressions sur les autorités ivoiriennes pour que les résultats de l'élection présidentielle soient publiés sans délai.
« Toutes les chancelleries d'Abidjan disposent des chiffres donnant Alassane Ouattara vainqueur avec une avance confortable sur Laurent Gbagbo, rapporte Rinaldo Depagne, analyste régional auprès de l'International Crisis Group. Plusieurs ambassadeurs se sont succédé mercredi 1er décembre auprès de la commission électorale indépendante avec un même message : annoncer les résultats provisoires. » L'ambassadeur des États-Unis est même resté plusieurs heures dans les bureaux de la CEI. En vain.

De fait, la marge de manœuvre de la communauté internationale demeure limitée face au président sortant. « La Côte d'Ivoire ne peut être mise sous tutelle, poursuit Rinaldo Depagne. Le régime semble prêt à se couper pendant deux ou trois ans des États-Unis et de l'Europe, quitte à se priver de l'argent de la coopération. »

Premier producteur de cacao du monde, fort de nouveaux gisements pétroliers, le pays peut survivre sur ses richesses. Il a également la possibilité de se tourner vers de nouveaux partenaires économiques tels que la Chine, peu présente aujourd'hui dans la région.

Quel est le rôle de la mission de l'ONU ?
La communauté internationale a porté à bout de bras le processus électoral ces dernières années. Le recensement des électeurs, l'établissement des listes électorales, l'installation de la commission électorale indépendante ont été financées aux deux tiers par les pays étrangers. D'après la revue La Lettre du continent, la préparation du scrutin s'élevait déjà en 2009 à près de 260 millions d'euros. Un montant qui a dû encore augmenter depuis.

Pendant l'élection, l'Union européenne a également dépêché une centaine d'observateurs dans les bureaux de vote. Enfin, la mission de l'ONU pour la paix en Côte d'Ivoire (Onuci) a assuré une partie de la logistique pour favoriser le transport des urnes et des procès-verbaux. Près de 400 véhicules et des avions ont notamment été mis à la disposition des autorités locales.

Créée par le Conseil de sécurité de l'ONU aux termes de la résolution 1528 du 27 février 2004, l'Onuci est chargée de surveiller l'application du cessez-le-feu dans le pays, de désarmer et réinsérer les groupes rebelles, d'appuyer le processus de paix, et de contribuer à la promotion des droits de l'homme.

Ses effectifs s'élèvent aujour d'hui à 7572 soldats, 1326 policiers, 192 observateurs militaires, plus 1392 civils. Il s'agit d'une des plus importantes missions de l'ONU dans le monde. Son budget annuel avoisine les 500 millions de dollars. « Le gouvernement Gbagbo ne prendra probablement pas le risque d'une opération militaire dans le Nord tant que les casques bleus seront là », estime Rinaldo Depagne.

Quel est le poids des États africains ?
Réuni à Tripoli, le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a demandé « aux parties ivoiriennes d'accepter le verdict des urnes et la volonté populaire ».

Pour le reste, aucun voisin de la Côte d'Ivoire ne semble en mesure d'aller plus loin que ces déclarations de circonstance. Première puissance régionale, le Nigeria doit faire face à ses propres défis. Autre pays important de la zone, le Sénégal est accusé par le régime de Laurent Gbagbo de soutenir ouvertement son rival Alassane Ouattara.

Reste Blaise Compaoré, 59 ans, réélu le 21 novembre président du Burkina Faso, et qui tente de jouer les médiateurs depuis les accords de Ouagadougou en 2007. Mais celui-ci ne peut s'opposer ouvertement à Laurent Gbagbo, de peur de voir ses ressortissants pris pour cible, notamment dans la capitale économique, Abidjan. Plus de deux millions de Burkinabés vivent en effet sur le sol ivoirien.