Vilhelm MOBERT – Les pionniers du lac Ki-Chi-Saga, tome 5 de la saga des émigrants
Le tome 5 débute trois ans après l’installation des pionniers, en 1853.
Karl Oskar et Kristina se débattent toujours face aux difficultés financières mais lentement leur vie s’améliore, ils possèdent désormais quelques bêtes, les récoltes sont riches, l’avenir semble leur sourire, bien que les conditions de vie soient toujours aussi pénibles.
Seulement, le mal du pays torture Kristina, l’idée que plus jamais elle ne reverra ses parents et son pays la blesse profondément.
A cela s’ajoute l’absence d’église. Les pionniers sont partis depuis trois ans, et depuis tout ce temps Kristina n’a plus eu l’occasion de communier. Pour cette femme profondément croyante, ses pêchés sont un poids lourd à porter.
Mais Dieu lui envoie enfin un prêtre, le pasteur Törner qui semble envoyé par le seigneur lui-même.
Il n’est d’ailleurs pas le seul à arriver, car de plus en plus d’émigrants suédois arrivent, le lac Ki-Chi-Saga se peuple, à la grande joie de Kristina qui souffrait de la solitude.
De son coté, Karl Oskar ne se rend pas compte du trouble de sa femme. Il travaille dur et voit toujours plus grand. Il commence à construire la vraie maison, celle qui les protégera véritablement du froid. Et leurs enfants grandissent.
Les caractères de tous les pionniers se sont affirmés. Kristina a pris de l’assurance, Karl Oskar récolte les premiers fruits de son labeur, bien qu’il soit encore très loin d’être fortuné.
Ulrika, de son coté, trouve le bonheur et se marie, devenant enfin une femme respectable et respectée de tous. Elle attend son premier enfant et rêve de mettre au monde un futur homme d’église, quelle revanche elle prendrait alors sur son passé !
Cette femme au caractère si fort et à la parole si facile se révèle d’une profonde bonté, mais on découvre également cette blessure de son passé qui ne semble jamais vouloir cicatriser.
Bref, la vie prend son rythme de croisière dans le Minnesota.
Maintenant que la survie n’est plus une question quotidienne, les pionniers commencent à penser à d’autres choses, se disputent au sujet des croyances, s’interrogent sur les nouvelles du monde, parlent de construire une église et une école, et ils restent étonnés en entendant parler des merveilleuses inventions comme celle du télégraphe. Mais pour l’instant tout cela reste lointain encore pour eux qui sont perdus au fond de la forêt, près d’un lac qui porte un nom indien.
Ce tome voit un apaisement du corps et un échauffement des esprits : alors que la survie est moins en question, l’esprit a le loisir de penser à des sujets bien différents. Une communauté se crée, et avec elle de nouveaux problèmes apparaissent. Oui, on est solidaire et on partage les bœufs, mais en même temps, il faut supporter les caractères des uns et des autres et faire des compromis.
Une nouvelle civilisation voit le jour.
Ce cinquième livre semble nous laisse sur une impression d’apaisement. Et on s’interroge : comment l’histoire peut-elle continuer, tout s’apaise, les tensions diminuent, le suspense est moins présent alors que nous ne sommes qu’au tome 5 ?
On a un peu l’impression d’arriver au bout, à la fin du tome 5, on se demande si, avec le tome 6 la saga s’essoufflera maintenant que tout se met en place. Est-ce qu’on va dévier dans une saga familiale à l’image de « la petite maison dans la prairie » ?
La réponse est : non, aucunement. Comme une première partie s’est achevée avec l’arrivée à New-York, une deuxième partie s’achève avec ce tome-ci. Oui, la survie est assurée, oui,les pionniers ont créé leurs foyers, mais ils ont encore beaucoup de choses passionnantes à vivre ! Loin de ralentir, la saga prendra un nouvel essor dès le début du prochain tome !
Ils ont quitté leur pays, traversé la moitié du globe, se sont installés, mais ils sont loin d’être arrivé au bout de leur périple.