Tous les méfaits du tabac

Publié le 07 décembre 2010 par Sequovia

Tous les fumeurs s’accorderont à dire que fumer une cigarette procure un plaisir particulier. Certes. Mais c’est sans penser à leurs chers voisins qui subissent les contrecoups du tabagisme passif. Les chiffres sont pour le moins alarmants. De plus, personne ne pourra nier que nos trottoirs et pas seulement sont bel et bien jonchés de mégots, au grand regret de nos mirettes. Sans oublier les millions d’hectares détruits chaque année au nom de l’industrie du tabac.

  • De quoi est composée une cigarette ?

Une étude de l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education à la Santé) de juin 2002 établit toute la vérité sur les composants de la cigarette. Ce ne sont pas moins de 4000 substances que l’on retrouve à l’intérieur de chaque tube bicolore, dont 40 sont cancérigènes. Tout le monde sait qu’une cigarette contient en gros du tabac, de la nicotine, du goudron et des agents de saveur et de texture. Mais ce dont nous n’avons pas idée est qu’une fois allumée, la cigarette devient une véritable usine chimique. Sa combustion provoque la formation de très nombreuses substances toxiques, qu’on retrouve dans tous les types de cigares et cigarettes. Des gaz toxiques comme monoxyde de carbone et l’ammoniac et des métaux lourds comme le mercure, le plomb, le chrome sont également des composants de la fumée de cigarette.

  • Les dégâts sur la santé

La nicotine
Si pendant très longtemps, les industriels du tabac ont nié la corrélation entre la nicotine et l’addiction au tabac, il a été prouvé récemment que ces mêmes personnes avaient parfaitement conscience de cette donnée. Ce sont mêmes elles qui ont favorisé le développement de certains tabacs génétiquement modifiés dont la teneur en nicotine était supérieure.
Mais en plus de la dépendance, la nicotine provoque des troubles psychotiques et affecte le système respiratoire et cardio-vasculaire.

Autres substances toxiques
Les goudrons constituent le principal composant cancérigène de la cigarette. Ils ont un effet néfaste sur les tissus et les muqueuses. Le monoxyde de carbone, quant à lui, est à l’origine de l’hypoxie, c’est-à-dire le manque d’oxygène. Il se fixe sur l’hémoglobine du globule rouge à la place de l’oxygène. Pour contrer cet effet de manque d’oxygène, le corps va réagir en accélérant la fréquence cardiaque et en augmentant la pression artérielle. La capacité d’effort s’en trouve considérablement réduite et les risques pour le cœur et les vaisseaux considérablement grossi.

Les additifs
De nombreuses autres substances sont ajoutées par les industriels pour améliorer le goût de la cigarette et faciliter la consommation aurpès des novices de la cigarette. Certaines d’entre elles deviennent dangereuses lors de la combustion de la cigarette. L’ammoniac est souvent ajouté pour faciliter l’inhalation en diminuant les risques de toux et en favorisant l’absorption de la nicotine. Il contribue donc directement à augmenter les risques de dépendance. Des arômes sont bien souvent présents pour « aider » les jeunes non-fumeurs à apprécier le goût du tabac, comme la vanille. Le cacao, quant à lui, serait utilisé pour dilater les voies respiratoires et offrir ainsi à la fumée un accès plus facile aux poumons.
D’autres additifs rendent le courant secondaire de la fumée moins repérable, empêchant ainsi les fumeurs passifs de s’en protéger.

Une liste non dérisoire de maladies favorisées par le tabagisme
Fumer provoque essentiellement des cancers de la trachée, des bronches et des poumons (risque multiplié par 10 pour les fumeurs de développer un tel cancer), des bronchites chroniques et des autres maladies pulmonaires mais aussi des cancers des lèvres, de la cavité buccale, du pharynx (risque multiplié par 7), de l’œsophage (risque multiplié par 4)et du larynx. Le tabagisme augmente également les risques de cancer du col de l’utérus, de cancer de la vessie, de l’estomac, etc.
Les femmes enceintes fumeuses connaissent un risque plus élevé de fausse-couches, d’accouchements prématurés  et  de développement anormal du fœtus entrainant de graves complications à la naissance. Les ophtalmologues estiment également que le tabagisme favorise la diminution de la vision centrale.

  • La consommation de tabac en France

La France : mauvaise élève de la lutte contre le tabac
La France est classée 22ème du baromètre tabac de l’Union Européenne. C’est aussi le pays européen qui compte le plus de femmes enceintes fumeuses ! Et pour cause, un manque de contrôle pour l’interdiction de vente de tabac aux mineurs, pour l’interdiction de fumer dans les lieux publics. L’augmentation des prix des paquets de cigarette ne semble pas favoriser la diminution de la consommation. Une hausse de 6 % est appliquée depuis lundi 8 novembre sur les prix du tabac, dont la consommation a augmenté ces dernières années. Selon le Baromètre santé 2010 de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), le nombre de fumeurs a augmenté de près de 2 % entre 2005 et 2010, passant de 31,8 % à 33,6 %. C’est la première hausse « véritablement significative » depuis la loi Evin de 1991 (interdiction de fumer dans les lieux à usage collectif).

Si les données de l’enquête de l’INPES de 2002 sont aujourd’hui un peu défraichies, elle permet toutefois de souligner des tendances toujours d’actualité. Tout d’abord, le fait que tout se joue à l’adolescence. Ensuite que de plus en plus de femmes sont fumeuses.

Les ados : les premiers concernés
Ainsi, l’enquête établit que 36,7% des jeunes de 12 à 25 ans déclarent fumer, ne serait-ce que de temps en temps. Ce pourcentage est considérablement supérieur à celui des 26-75 ans. Néanmoins les disparités au sein du groupe des 12-25 ans sont notoires. La prévalence tabagique passe de 8,5 % pour les 12-14 ans à 40,9 % pour les 15-19 et atteint un maximum de 47,6% chez les 20-25 ans.

Les femmes s’y mettent de plus en plus
Par ailleurs, les jeunes adolescentes sont plus enclines à fumer que leurs congénères masculins. 11,6% des filles de 12-14 ans déclarent fumer contre 5,3% des garçons. Cette tendance s’inverse la catégorie des 20-25 ans. Ainsi, la part des femmes dans la population des fumeurs croît. En 1950, plus de 66 % des hommes fumaient, contre moins de 20 % des femmes. Aujourd’hui, 31,8% des hommes sont fumeurs (contre 31% il y a 5 ans), et 25,7% des femmes sont fumeuses (contre 23% en 2005). 

Mais une tendance à la baisse chez les jeunes
L’enquête Espad (European School Survey on Alcohol and Other Drugs)
est menée tous les 4 ans dans plus de 35 pays européens dont la France auprès d’adolescents de 16 ans. Réalisée en France sous la responsabilité de l’observatoire français des drogues et des toxicomanies et de l’Inserm (Institut de la santé et de la recherche médicale), elle a été renouvelée au printemps 2007 dans 202 établissements avec 2800 élèves. Cette enquête souligne une diminution du tabagisme chez ces jeunes. L’usage quotidien de la cigarette est passé de 31% en 1999 à 17% en 2007.

  • Combien de décès dus au tabagisme ?

Chez les fumeurs
Tout d’abord, d’après une étude menée par des chercheurs de l’université de Bristol et publiée par le British Medical Journal, chaque cigarette réduit la vie de 11 minutes. En gros, fumer 10 cigarettes par jour entraine une diminution de la vie de 2 à 3 ans, de 5 à 7 ans pour 20 cigarettes par jour et de 8 à 10 ans pour 40 cigarettes par jour.
En France, 66 000 personnes meurent chaque année des conséquences du tabagisme (soit 10% du total des décès), dont 27 000 des suites d’un cancer du poumon. Selon l’OMS, si la consommation de tabac ne faiblit pas dans le monde, il devrait causer la mort de 8 millions de personnes par an d’ici 2030. Aujourd’hui, une mort sur dix est due au tabac, soit 5 millions de décès.

Le tabagisme passif
Le tabagisme passif tue 600 000 personnes par an à travers le monde, dont 168 000 sont des enfants, d’après  les estimations publiées en novembre par la revue médicale britannique The Lancet.  Les deux tiers de ces décès concernent l’Afrique et l’Asie du Sud.
Les dangers que représentent le tabagisme passif ne sont pas dérisoires, principalement pour les enfants et les femmes enceintes. En France, 1 million de personnes sont exposées au tabagisme passif. 2000 à 3000 décès par an sont directement imputables au tabagisme passif, dont une centaine de bébés, selon les propos de Bertrand Dautzenberg, professeur de pneumologie à l’hôpital de La Pitié-Salpétrière et président de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT).

  • Législation, coûts et revenus

Selon le rapport anti-tabac de l’OMS de 2008 :

  • 5% seulement de la population mondiale est protégée par une législation nationale relative à l’interdiction de fumer et, dans 40% des pays, il est encore permis de fumer dans les hôpitaux et dans les écoles
  • 5% seulement de la population mondiale vit dans des pays où la publicité en faveur du tabac et la promotion sont totalement interdits;
  • seuls quinze pays, représentant 6% de la population mondiale, exigent l’apposition de mises en garde illustrées sur les emballages de produits du tabac;
  • seuls neuf pays, représentant 5% de la population mondiale, disposent de services exclusivement destinés au traitement de la dépendance à l’égard du tabac;
  • dans les pays à revenu intermédiaire, les recettes fiscales tirées du tabac sont plus de 4000 fois supérieures aux dépenses consacrées à la lutte antitabac et, dans les pays à revenu faible, plus de 9000 fois supérieures. Les pays à revenu élevé perçoivent grâce au tabac des recettes fiscales 340 fois plus élevées que les sommes qu’ils consacrent à la lutte contre le tabagisme.

Par ailleurs, le coût du tabagisme pour la société n’est pas nul. D’après une étude effectuée en 2005 pour l’Observatoire des drogues et des toxicomanies, l’OFDT, le tabagisme représente des dépenses pour la société de l’ordre de 3% du PIB (produit intérieur brut).

  • Impact sur l’environnement

Si le tabagisme est essentiellement appréhendé comme un problème de santé publique, son impact sur l’environnement est en plus colossal. La culture de tabac entraine la destruction de millions d’hectare pour sécher les feuilles de tabac. Car une fois récolté, le tabac doit être séché. Pour cela, des arbres sont coupés, puis brûlés en très grande quantité. Un hectare de bois est coupé pour sécher un hectare de tabac. A cela s’ajoute le papier nécessaire pour la fabrication de la cigarette. Chaque année, ce ne sont pas moins de 5 millions d’hectares de forêt qui partent en fumée.
Par ailleurs, jeter son mégot n’importe où, sauf dans une poubelle, pollue, eh oui ! Un mégot qui se retrouve par inadvertance dans un caniveau peut polluer jusqu’à 8 litres d’eau du fait de métaux lourds qu’il contient. En plus de la pollution de tous les trottoirs, espaces verts, quais de gares, les mégots mal éteints seraient à l’origine de 5000 feux de forêt en France qui ravagent pas moins de 30 000 hectares chaque année en France.

  • L’avis Sequovia

S’il est bien difficile de priver les déjà fumeurs de cette drogue (étant donné le degré d’addiction à la cigarette, il est légitime de considérer cela comme une drogue, du point de vue purement médicale, la cigarette est bien une drogue d’ailleurs), le plus important aujourd’hui est de sensibiliser la génération montante pour qu’elle n’adopte pas cette pratique, soi disant « in »car mieux vaut prévenir que guérir. Si arrêter de fumer est difficile, alors la meilleure chose à faire reste encore de ne jamais commencer.  Et en attendant la motivation suffisante pour arrêter, tous les fumeurs sont parfaitement en mesure de limiter leur impact négatif en jetant leurs mégots dans des poubelles, en réduisant leur consommation et en prêtant attention à ne pas fumer en compagnie de personnes plus fragiles.