La vie est un leurre

Publié le 05 décembre 2010 par Cetaitdemainorg

Brigitte Giraud, du Paradis bancal, se demande si la vie est un leurre. Bien sûr que oui. Tromperie sur toute la ligne parasitée par la friture de nos perceptions, de nos émotions, de nos pensées. L'essentiel est d'en avoir conscience et d'essayer de faire quelque chose avec cette conscience-là. Mais quoi ? La recherche de la vérité est un chemin si rocailleux qu'on s'abîme les pieds. Et on ne la trouve jamais. Quoi d'autre, alors ? Le bonheur ? Il culmine trop haut. Si près du soleil qu'on meurt carbonisé au quart de l'escalade. Serait-ce à dire que la conscience du leurre n'est transformable en aucune action et qu'il faille se résigner à l'impuissance ? Il s'agirait d'une capitulation avant même d'avoir combattu. Pourquoi la lucidité ne serait-elle pas, comme la poésie, "une arme chargée de futur" ? Imaginons, sans nous bercer d'espoirs sirupeux, que nous soyons demain quelques milliards d'humains lucides. Imaginons que nous partagions cette lucidité pour dire non à ce que nous subissons d'un réel imposé. Cette lucidité, affûtée dans l'épreuve des jours et le partage, ferait de chacun un athanor où lèverait le froment d'une pensée libre, avec des mots neufs et ardents, avec des désirs brandis comme des lumières. D'aucuns traqueront en cette envolée des naïvetés velléitaires. Alors que, justement, entretenir la conscience du leurre peut ouvrir de nouvelles voies au chantier infini de l'humanité. Mais il y faudra tellement de courage, à puiser au coeur même de notre fatigue. Ce courage que nous perdons au fur et à mesure que nous abandonnons toute volonté d'être. Car le leurre de l'existence est un édredon si confortable. Jusqu'à ce qu'il nous étouffe. Dans son chaos tranquille.