Noirs furent sa vie, son monde, son oeuvre

Publié le 11 décembre 2010 par Arsobispo

Ses images inspirent 2 choses essentielles, la violence due à la haine et, à son opposé, une immense affection pour l’homme, quelque soit la couleur de sa peau. Ce qui est d’ailleurs paradoxal quand on songe que l’homme etait noir, qu’il vivait en Afrique du Sud, sous le régime de l’apartheid. Nous sommes dans les années 50. Il est alors assistant dans les labos du magazine Drum . C’est là qu’il découvre la photographie alors qu’il n’a que 16 ans. Bien vite, le jeune homme, Ernest Cole, devient un photographe, passionné, et son regard parcourre bien des domaines et des lieux. Chez Drum, Jurgen Schadeburg, le remarque et lui donne du travail. Plus tard, d’ailleurs, Jurgen Schadeburg tournera un reportage sur la vie de Cole. Mais bien vite, ses images sont interdites. Et il commence à être suspecté par les autorités. Et que faire, dès lors, de son travail ? Quel est l’avenir de ses photos ? Il sait très bien que ses images ne seront plus jamais publiées.

Bien que Bantou, il réussit à se faire classifier « colored » en se grimant et en changeant son nom de Kole en Cole ! Il demande alors un visa pour l’Amérique et l’obtient. Dans ses bagages, cachés, ses négatifs. Il a à peine 26 ans et se doute bien que, si son projet d’être édité se réalise, il ne pourra plus jamais remettre les pieds en Afrique du Sud, près de sa famille.Il ne sait pas que dans les années 60, le sort des noirs aux Etats-Unis n’est guère plus reluisant. Il réussit toutefois à publier chez Random House, en 1967, son livre, au nom évocateur « House of Bondage ».

Il est bien évidemment interdit en Afrique du Sud. Surtout avec ce genre de photos qui portent, quand même quelques espoirs.

Pourtant Cole, petit à petit, tombe dans l’oubli. Que s’est-il passé à New York après la publication de « House of Bondage », je ne sais pas, sauf qu’il est visiblement perturbé. Il reçoit bien une subvention de la Fondation Ford pour un livre sur la vie des familles noires du Sud rural et des ghettos urbains. Mais ce livre ne voit jamais je jour. Il termine d’ailleurs sa vie dans les bas-fonds de harlem en 1990. Il avait à peine 49 ans. Nelson Mandela venait juste de sortir de prison. C’est peut-être ce qu’il attendait avant de s’éteindre.

C’est grâce à Schadeburg, mais aussi à Rune Hassner, un autre photographe et bien entendu Gunilla Knape, le directeur de la Fondation Hasselblad qui était dépositaire de ses archives, qu’Ernest Cole ne disparaîtra à jamais de notre mémoire. En effet, à partir de leurs travaux de recherche et de collectes, les éditions Steidl Gerhard Verlag nous proposent une somme « Ernest Cole. The Photographer », à ne pas manquer., même si bon nombre de photographies ne sont pas des originaux. Car, comme Cole qui s’est effacé, la plupart de ses négatifs ont disparu.

Il y a quelques mois, ce livre était une exposition… au Johannesburg Art Gallery

Ernest Cole in Stockholm 1970

Le documentaire (en anglais)