Chiens pêcheurs / fishing dogs.

Publié le 11 décembre 2010 par Ziril


[READ IN ENGLISH] C’est par téléphone que j’ai appris la nouvelle : « Bon, Flèche, nous partons à la fin de la semaine pour un voyage au Népal et nous avons pensé que, pendant notre absence, tu serais le gardien idéal pour notre chien Héro. Tu aimes tellement les animaux ! ». Quand ils sont venus déposer leur animal, j’ai tout de suite vu que j’étais fait aux pattes.

Héros était un labrador couleur sable. Mais pas un de ces énormes clébards qui, quand ils décident de vous faire un câlin vous renversent sur le dos comme un vulgaire bousier. Non, celui-là était de taille moyenne et sa manière de me regarder… Si ça avait été une gonzesse qui m’avait jeté des oeillades comme ça…Mama mia ! En bref, je sentais bien que j’étais cuit. Le lendemain matin, ma femme supplia : « Aller mon chéri, fais un petit effort, amène Héro avec toi à la pêche ! ». Quoi, un chien à la pêche ? Pourquoi pas une femme enceinte ou une colonie de vacances, pendant qu’on y est ? Mais, quand ma femme se fend d’un de ses sourires, ces fameux sourires, je sais que mes résistances fondent comme de la margarine dans une poêle. Et nous voilà tous les deux le chien et moi dans ma bagnole en direction de la rivière. Héro sur le siège passager, bien droit attentif à la circulation. J’ai cru même l’entendre dire : «Regarde cet enculé de conducteur de merde. L’a eu son permis à la loterie ? ». J’ai bien cru, mais je ne le jurerais pas, après tant d’années !. J’ai garé la voiture après le défilé de Ruoms, près de la maison abandonnée et nous sommes descendus vers la rivière. Pas de vent, pas de canoë-kayak, pas de campeurs sauvages, une journée idéale pour la pêche, un cadeau des dieux. Personne pour m’emmerder, sauf peut-être ce clébard ?… En vérité, maintenant que j’y pense mes craintes étaient totalement infondées et cette partie de pêche avec Héro fut peut-être une des plus joyeuses et paisibles. Un bonheur total. À voix basse je lui ordonnais : « Reste derrière moi ! » et le bougre ne bougeait pas d’une patte, attendant que j’ai fini de ratisser le pool jusqu’au moment où je lui murmurai : « Maintenant mon gros, c’est ton tour ! » Alors là, les amis il faudrait le talent d’un Kipling ou d’un Jack London pour raconter toute la puissance et la joie de ce saut dans la flotte, l’énormité des vagues , bref, c’était quasiment une vision « orgasmique ».  Et lorsque je disais à cet amour de chien : «O.K, Héro, ça suffit, on continue. », ensemble nous traversions le gué  vers un nouveau terrain de jeu et c’était à mon tour de manger la part du gâteau. Et quand, fourbus nous somment rentrés à la maison mourant de faim, j’ai fait frire l’unique truite que j’avais prise et en ai donné la moitié  à Héro qui l’a ingurgité tellement vite que le pauvre s’est mis à le chercher en tournant comme un fou pendant un long moment, se demandant où  était passé sa ration. Ensuite, j’ai fermé les volets de la chambre et me suis allongé sur le lit pour l’indispensable sieste. Là, j’ai fermé les yeux. Pas complètement. Juste assez pour avoir le bonheur de contempler les rais du soleil filtrant à travers les volets (merci Yvan Audouard !) Les cigales sur les pins ont mis une sourdine. Héro est venu s’allonger près de moi et s’est mis à ronfler presque immédiatement. Je n’ai pas  tardé à l’imiter.

It was by telephone that I got the news: Fleche, we’re leaving for Nepal next week and while we’re gone we thought that you would be the perfect guardian for Hero, our dog. We know how much you love animals. When they brought the dog over, I knew that I was cornered. Hero was a sable colored Labrador. But he wasn’t one of those enormous mutts who, when he decides to give you a big sloppy kiss, bowls you over as though you were a vulgar scarab. No, Hero was a medium sized Lab and his manner of looking at me… well, if it had been a chick who made eyes at me that way… Mamma Mia! Anyway I was cooked.

The next morning my wife begged me: C’mon honey, make an effort; take Hero fishing with you. » What, take a dog fishing? Why not a pregnant woman or the girl scouts while I’m at it? But when my wife cracks one of her smiles, one of her famous smiles, I know that my resistance will melt like butter in a hot pan. So, there we were in the car, the two of us, the dog and me heading for the river. Hero watched the traffic, sitting straight up in the passenger seat. I believe I even heard him say: « Look at that fucker, he drives like a shit head. Probably won his license in a lottery. »  I really believe he said that, but after  all these years I couldn’t swear to it. I parked the car past the gorge of Ruoms near the abandoned house and we descended the path to the river. No wind, no canoes or kayaks, no campers; an ideal fishing day, a gift from the gods. No one to hassle me except, perhaps… the mutt? In reality, now that I think about it, my fears were totally unfounded and this fishing jaunt with Hero was probably one of the most peaceful and joyful I have known. Total bliss. In a low voice I commanded him: « Stay behind me!  » and the poor devil didn’t  move a paw, waited the whole time while I made clean sweep of the pool until the moment I whispered: « Now, my boy, it’s your turn! » Well, you need the talent of a Kipling or a Jack London to describe the power and the joy of that leap into the water, the enormous waves; to make it short and sweet, it was an « orgasmic » vision.  And when I said to this adorable dog: « O.K.Hero, that’s enough, let’s go », he stopped.  Together we crossed the stream toward a new playground and it was my turn to become an orgasmic vision. Finally, exhausted and dying of hunger, we returned home. I fried the only trout that I kept and gave half to Hero who swallowed it so fast that, for a long time he turned around in circles like a crazy, wondering what happened to his ration. Later I closed the shutters of the bedroom and I stretched out on the bed for the indispensable siesta. I closed my eyes, but not completely, just enough to savor the pleasure of the sun’s rays filtering through the shutters (thank you, Yvan Audouard!). The cicadas in the pines quieted down. Hero laid down close to me and immediately started snoring. It didn’t take long for me to follow suite.