Le meilleur des mondes... Aldous Huxley

Par Antoni

4ème de couv' :

Défi, réquisitoire, utopie, ce livre mondialement célèbre, chef-d'oeuvre de la littérature d'anticipation, a fait d'Aldous Huxley l'un des témoins les plus lucides de notre temps.

"Aujourd'hui, devait écrire l'auteur près de vingt ans après la parution de son livre, il semble pratiquement possible que cette horreur s'abatte sur nous dans le délai d'un siècle. Du moins, si nous nous abstenons d'ici là de nous faire sauter en miettes... Nous n'avons le choix qu'entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique." 

Mon avis :

285 pages. Publié en 31. 2031 ? Non, ce n'est pas possible. Pourtant, on pourrait légitimement se poser la question tant Huxley s'est montré visionnaire en écrivant Le meilleur des mondes. C'est incroyable que dès 1931, un cerveau ait pu imaginer ce que serait le monde, non pas de demain, mais d'après-demain !

Oubliez vos conceptions de l'humanité, même les plus évidentes. La procréation n'existe plus. Les enfants sont créés de toutes pièces, dans d'immenses cuves remplies de pseudo-sang. Oubliez vos conceptions de l'éducation. De la naissance à la mort, les Terriens sont conditionnés dans leur sommeil, en recevant inconsciemment des leçons hypnopédiques (consistent à marteler à un sujet un message des milliers de fois).

Oubliez également vos conceptions de la société : si, comme aujourd'hui, elle est hiérarchisée, elle ne l'est pas de manière naturelle. En effet, l'enfant, à la naissance, appartient à une catégorie sociale qu'il ne quittera plus. Ainsi, l'on est prédestiné à devenir un chef ou un simple employé. De même, les moins nantis (les Epsilons) n'ont pas conscience de leur malheur relatif tant ils ont été conditionnés à évoluer de la sorte. Les Alpha, eux le savent, mais se gardent bien de le révéler !

Les pensées impures sont prohibées, encore faut-il savoir ce qu'est une pensée impure ? Dieu n'existe pas, remplacé par un Ford-tout-puissant. Il n'y a donc pas de religion. L'Histoire n'existe pas ; tout le monde se tourne vers l'avenir. Les seules lectures admises sont celles qui encensent Notre Ford.

Et le sexe dans tout ça ? Ben, paradoxalement, il est non seulement admis mais il est même conseillé dès le plus jeune âge !!!!

Le bonheur, pour les Epsilons, les moins érudits, se résume donc au travail, aux leçons hypnopédiques, au sexe et à l'absorption du soma : une substance qui leur permet de voyager, de s'évader. En définitive, en les droguant, on éradique leur envie d'indépendance et de rébellion (toutes les catégories de Terriens ont, à leur niveau, accès au soma). Ainsi, l'équilibre de la pyramide est préservée...

J'ai bien aimé ce livre car Huxley est un visionnaire hors pair (un peu à la manière d'un Jules Verne). Toutefois, sa vision du futur est autrement plus inquiétante. Un petit malaise m'a pris au fil des pages : il faut dire que, sous couvert de leur garantir un monde meilleur, les dirigeants de cette société moderne, asservissent leurs plus fidèles sujets. Univers totalitaire dans lequel on conditionne des brebis inconscientes de leur véritable statut : le futur d'Huxley se résume à une dictature de l'inconscient.

Le meilleur des mondes est un roman véhiculant un nombre incalculable de messages. J'ai envie de n'en retenir qu'un seul : lorsque l'on est façonné selon un modèle et que l'on tente de se départir de celui-ci, l'on exprime alors sa différence. De cette différence, l'homme glisse peu à peu vers l'isolement et l'exclusion, à l'instar de celles et ceux qui ont choisi de vivre comme nous le concevons aujourd'hui. Ils sont alors mis à l'écart, parqués dans des réserves. Réjouis-toi, lecteur contemporain, dans le meilleur des mondes, tu n'es plus qu'un vulgaire Sauvage.

Le meilleur des mondes est finalement un formidable réquisitoire contre l'intolérance.

Ce roman, je vous le recommande car il donne simplement à réfléchir. On ne sort pas transfiguré d'une telle lecture mais l'on ne peut, à mon sens, demeurer insensible aux craintes d'Aldous Huxley...

Comme souvent, retrouvez d'autres avis en allant consulter les sites des personnes suivantes : Calypso, Lylou (une fois de plus ! je suis désolé !!!), Mina, Itzamna, Pogo, LouvePoet24, Audrey et Elarinya.   

Pour les cinéphiles avertis, Ridley Scott signe une nouvelle adaptation cinématographique du roman d'Aldous Huxley, avec Leonardo Di Caprio en tête d'affiche. Sortie prévue l'an prochain. Patience, patience...

    

Ma note : 4 / 5. 

Ce roman, lu dans le cadre du challenge J'AIME LES CLASSIQUES, organisé par Marie L, est le 37ème roman lu depuis le début de l'année.