Umar TIMOL (Île Maurice).

Par Ananda

YEUX

Dans tes yeux, tes yeux, un brin de bleu qui lacère la nuit, dans tes yeux, tes yeux, une plénitude inassouvie mais tant désirée, dans tes yeux, tes yeux, le sommeil de tous les enfants qui peuplent les territoires du rêve, dans tes yeux, tes yeux, les fantaisies de jeux oubliés, dans tes yeux, tes yeux, la vie fougueuse mêlée aux ironies de l’absence, dans tes yeux, tes yeux, une pleine lune qui dérobe les couleurs de la mer, dans tes yeux, tes yeux, le paysage de mes mains qui dessinent ta peau, dans tes yeux, tes yeux, la course fantasque d’une chevelure qui béatifie le désir, dans tes yeux, tes yeux, les connivences de l’amitié et de la tendresse, dans tes yeux, tes yeux, tant de rage parfois, tant d’éclairs que le sang s’émeut de désirer la terre, dans tes yeux, tes yeux, un labyrinthe devenu sanctuaire pour une âme vagabonde, dans tes yeux, tes yeux, la promesse de minuits infinis et nombreux, dans tes yeux, tes yeux, une étreinte qui scelle le pardon, dans tes yeux, tes yeux, la force arrogante, impunie de la fin qui viendra, dans tes yeux, tes yeux, tant de voyages qui renouent avec les sources, tant de voyages qui présument le bonheur, tant de voyages qui épuisent les fractures, tant de voyages qui désagrègent nos chaînes, tant de voyages car au-delà de tous ses foisonnements ce monde est Un, dans tes yeux, tes yeux, un être qui vole, fuit, court, qui délimite de nouveaux horizons, qui étend les frontières, moi sans doute, dans tes yeux, tes yeux, un recueil de larmes qui sème en mon cœur ce bleu qui lave toutes les scories, dans tes yeux, tes yeux, ce bleu qui m’outrage le sens, le sens, dans tes yeux, tes yeux, tes yeux et tes yeux et tes yeux, encore.