(Deutsch) Was heißt hier Generationenkonflikt?

Publié le 07 novembre 2010 par Europeanculturalnews

Heinz Sauer et Michael Wollny au festival «Jazzdor» à Strasbourg.

Heinz Sauer und Michael Wollny (c) Anna Meuer


«Le souffle du vieux sage et le génie du jeune impétueux !» Voilà comment on pourrait résumer les principales qualités des deux musiciens qui ont joué à guichets fermés au Pôle-Sud à Strasbourg dans le cadre du festival «Jazzdor».

Heinz Sauer, une sorte de roche originelle parmi les saxophonistes qui joue depuis les années cinquante sur toutes les scènes de jazz du monde a fait la connaissance du jeune prodige Michael Wollny, un pianiste «pur-sang» il y a une dizaine d’années.
Le svelte vétéran du jazz de 78 printemps n’a apparemment pas le moindre problème pour tenir la distance d’un concert.

Pendant des années, Heinz Sauer à fait partie du quintette Albert Mangelsdoff. Son jeune complice a remporté un certain nombre de récompenses dont deux pour les titres «Melancholia» et «Certain Beauty» enregistrés en collaboration avec Heinz Sauer justement.
Leur rencontre, un évènement magique, a eu lieu à l’ensemble de jazz de la radio hessoise.

Sur la scène, le duo si mal assorti en âge (46 années séparent les deux protagonistes) propose une performance que l’on pourrait définir comme une sorte de paradoxe : du jazz intelligent qui va à la rencontre de la sensualité. De plus, ni l’une ni l’autre de ces deux caractéristiques aux antipodes ne peut être clairement attribuée à l’un ou à l’autre musicien. Tantôt c’est le son de velours du saxophone de Sauer qui vous fait frissonner, tantôt c’est Wollny qui fait sonner son piano de façon si naturelle que n’importe quelle performance technique comparée à cela pourrait paraître ennuyeuse. Pourtant, au premier abord, le jeu de Wollny semble être technique : il joue directement avec les cordes de son instrument, il tape dessus ou alors il appuie avec son avant-bras sur les touches, il utilise la pédale comme instrument rythmique et produit des sons étranges à l’aide d’une simple tasse de café. La sonorité qui en résulte en revanche, est loin d’être technique ; elle est plutôt naturelle et organique. Si naturelle que l’on n’arrive même plus à imaginer qu’un pianiste contemporain quel qu’il soit, puisse jouer de son instrument autrement qu’en explorant à la manière de Wollny la totalité des possibilités qu’offre un piano. Son approche si ouverte, d’une incroyable musicalité crée des espaces sonores nouveaux. Sauer s’y introduit doucement, il les quitte brusquement ou alors les traverse de façon mesurée.

Au cours de leurs concerts, rien n’est impossible : des structures complexes, ressemblant à de petits clusters qui traversent une composition plutôt «cérébrale» mais passionnante peuvent, quelques instants plus tard, être suivies par du jazz «smoothy» d’une douceur inimaginable comportant des passages romantiques qui font monter les larmes aux yeux du public.

Sauer – Wollny réussissent cet exploit sans forcer. Le résultat de cette évidence avec laquelle ils se complètent ou s’abandonnent, avec laquelle ils se soutiennent, s’encouragent ou se retiennent pour laisser la place à l’autre, est un son magnifique et homogène et, qui plus est, impossible à confondre avec un autre.

Le vieux Monsieur du jazz avec un «M» majuscule sait gérer son énergie tout en étant présent à chaque instant. Son jeune partenaire, lui, déborde littéralement de vie et d’idées. Le terme «conflit de générations» ne fait pas partie de leur vocabulaire. En plus de la performance musicale, c’est justement cette harmonie entre le grand âge et la jeunesse que l’on rencontre si rarement qui est envoutante. Mais c’est légitime, quand il s’agit de jouer du bon jazz – du TRES bon jazz !

Texte traduit de l’allemand par Andrea Isker