Mots en creux / Mots au mètre

Par Khatmars
Depuis quelques mois j'utilise une nouvelle "machine-à-écrire" : le seul point commun avec le modèles classiques est que j'utilise aussi un ruban, mais comme papier. Un ruban long de 200 mètres (mais je coupe avant, je fais de petite bobines à dévider, de quelques mètres). Ma ou plutôt mes "machines-à-écrire" sont en fait des lettres-perforatrices : j'ai l'alphabet et depuis peu les chiffres. Le ruban que j'utilise est du kraft gommé brun (mais il existe aussi en blanc), sans rayure. Je le trouve en Allemagne chez Boesner. Je poinçonne donc mes textes, lettre après lettre, sans point ni virgule en une seule et longue phrase.


Je peux donc coller mes textes sur des vitres, jouer de la transparence et des ombres, je peux les coller sur des murs et jouer sur la couleur du fond, l'effet "lignes d'écriture", je peux aussi en faire des sculptures en volume, mouvantes, instables et éphémères. 


Les "mots en creux" permettent de jouer sur le recto-verso, le lisible-illisible, le signe et le sens, le ruban n'est qu'une ligne presque infinie sortie de la page, sans marge, sans retour à la ligne justement, d'où l'idée d'un "livre-bobine" dont la lecture publique montrerait le débobinage.L'intérêt plastique des lettres "en creux" est aussi de montrer le non-dit, les lettres manquantes révélant leur absence par leurs contours : dire ce qui est tu, ce qui ne veut pas se dire, les pensées secrètes, ce qui reste insu, même et surtout de soi…