Accès filtré par le ministère de l'Intérieur

Publié le 19 décembre 2010 par Letombe

Le contenu de la page plumedepresse.net, à laquelle vous avez tenté d’accéder, a été filtré par arrêté du ministère de l’Intérieur, en vertu de l’article 4 de la Loi de programmation et de performance pour la sécurité intérieure (Loppsi) 2.

Nous n’en sommes pas là et vous pouvez toujours lire plumedepresse. Mais la minorité présidentielle, profitant d’être encore majoritaire au Parlement, s’est dotée d’un outil imparable pour censurer tout site Internet. L’objectif avancé est la lutte contre la pédopornographie, mais il ne tient pas : La Loppsi fera la fortune des réseaux de pornographie infantile, titrait ainsi en février dernier Fabrice Epelboin sur Eco89, cité dans notre propre billet consacré au sujet : Sarkozy, Hortefeux et leur filtrage du Net ? Les pédophiles leur disent merci ! Non seulement inefficace mais contre-productif, donc, mais encore ? La quadrature du Net résume l’affaire : « Les députés ont cédé en laissant au gouvernement la possibilité de recourir au filtrage du Net sans supervision de l’autorité judiciaire. Sans moyen pour les citoyens de contrôler les conditions dans lesquelles les sites seront censurés ou de s’opposer aux décisions, le pouvoir exécutif pourra désormais faire la police sur le Net au mépris des droits fondamentaux. Il s’agit d’une dérive d’autant plus inquiétante que le filtrage administratif pourra être étendu à d’autres domaines. » Félix Treguer, chargé des affaires juridiques et institutionnelles au sein du collectif, s’insurge : « Nul ne pourra contrôler la façon dont ces mesures de filtrage seront mises en place, par une liste noire secrète, et il n’y aura pas moyen de les contester. De telles mesures constituent une violation patente de la liberté d’expression et de communication, notamment dans le cas d’inévitables censures collatérales, et contreviennent à la séparation des pouvoirs. » Le NouvelObs.com confirme : « Brice Hortefeux s’est opposé à ce que soit prévu par la loi un audit du filtrage à deux échéances (un an et deux ans), mais aussi à la «mise en place d’un droit d’accès indirect de la CNIL afin de permettre aux responsables de sites placés sur la liste noire de disposer d’une voie de recours.» La liste noire des sites bloqués par décision administrative sera tenue secrète. » Donc voilà, c’est tout à fait clair : par un simple arrêté, le ministère de l’Intérieur pourra « filtrer » – tout bonnement en réalité bloquer son accès – tout site Internet sans aucun contrôle de qui que ce soit ni aucun recours. La voie est donc ouverte à la censure politique d’Internet. Connaissant l’amour du pluralisme et des médias de Nicolas Sarkozy et la personnalité du ministre Hortefeux, on peut réellement craindre le pire.

Plume de presse

PS : à lire aussi concernant Loppsi 2 Vidéo »protection » : de qui se moque-t-on ? et La police dans votre ordinateur

à lire aussi :

Promis, demain, Sarkozy se met à internet