Le carnaval des «toits de fortune» tourne mal

Publié le 20 décembre 2010 par Unpeudetao

SOCIÉTÉ.
Ambiance de carnaval pour commencer: pétards, charivari, manifestants déguisés. Et des lacrymogènes pour finir. La manifestation contre la loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, dite loi LOPPSI 2 s'est achevée sous un méchant feu d'artifice.

Ils étaient 2000 selon les organisateurs, 600 selon la police dans les rues de Toulouse, hier samedi 18 décembre. Pour protester contre l’article 32 de ladite loi examinée cette semaine à l'Assemblée qui prévoit l'évacuation des campements illicites.

Loi rédigée au nom de la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publique. Mais qui prévoit l'incrimination des squatters, alors passibles d'un an de prison et de 15.000 euros d'amende. «On n'a plus le droit de vivre comme on, veut»,
 proteste une manifestante.

Un char encadré par une escouade de miliciens à tête de porcs vêtus de redingote donne le départ de la manifestation, place Saint-Cyprien. «C’est pour montrer le côté fasciste de cette loi, tonne Jean-Michel. Au nom de la lutte contre l’insécurité, L’Etat renforce son arsenal répressif en stigmatisant les plus mal lotis».

Le cortège traverse le pont des Catalans sous la surveillance d'un important dispositif policier. Une file de camions aménagés ferme la marche. Thomas, 32 ans, vit dans un de ces bus aménagé avec sa femme et ses deux enfants sur un terrain agricole: «Il n'y a pas d'insalubrité chez moi, j'ai des toilettes sèches, je vends mes légumes cultivés sans engrais chimique».
«L’article 32 de la loi LOPPSI criminalise tous ceux qui vivent dans des habitations de fortune, tonne Corentin. Le préfet a désormais le droit de les expulser dans un délai de 48 heures. En dehors des SDF, cela concerne aussi les habitants de roulottes, caravanes, tipis, yourtes. Bref, tous ceux qui sont hors normes».

Plus loin, boulevard de Strasbourg, la foule des achats de Noël lève à peine les yeux au passage de la manifestation. La plupart des passants interrogés ignorent le texte de loi. «Pourtant, il n’y pas que ceux qui vivent dans des yourtes qui sont concernés», déplore Olivier, militant de Droit au Logement (DAL).
Renforcement du filtrage Internet, vidéo surveillance, perquisitions informatiques, couvre-feu pour les mineurs, période de sûreté: le tract du DAL, distribué en marge de la manifestation énumère et décrie les principales dispositions de la loi LOPPSI 2.

C'est un automobiliste excité tentant un passage en force au milieu du cortège qui déclenche les embrouilles. Des manifestants s'en prennent à son véhicule et la police s'en prend aux manifestants. Brève échauffourée. Les fonctionnaires nerveux lâchent alors une rafale de lacrymos sur le cortège qui se disperse néanmoins dans le calme autour de la place Wilson.

J-M.E

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