Tout d'abord, mes plus plates excuses pour cet petit retard !
Introduction
Comme j’ai tâché de le montrer dans mon précédent article, même les plus marginaux, ou solitaires, vivent au contact d’autres, plus ou moins proches d’eux, créant plus ou moins de liens. Les groupes sociaux déviants de la norme sociale perçue comme commune et admise (re)créent et mettent en scène des codes qui les organisent et qui leur permettent de s’auto définir comme membre de la société. Le rapport aux autres, à la société, et le rapport à soi, sont interconnectés. En effet, de (très) nombreux travaux notamment sociologiques le montrent depuis maintenant des décennies, la société est un cadre normatif dans lequel des mécanismes sociaux sont mis en scènes. Ces normes sociales incluent et excluent, favorisent et limitent, un certain nombre de comportements en société.
Bon, j’imagine que certains lecteurs/trices commencent à trouver le temps long. Je n’ai toujours pas parlé de vampires, d’êtres de la nuit, du trop beau Edward, de sa trop belle histoire avec l’autre brune aux yeux asymétriques, ni même de Lestat et encore moins Dracula. Tout est normal. Le but avoué de cet article n’est pas de faire un historique du personnage du vampire (même si on mettra en évidence des points récurrents bien sûr) ni de prêcher un mode de vie un brin racoleur, pour rester poli. De la manière la plus concise possible, j’essaierai de vous montrer en quoi le mythe du vampire, comme n’importe quel autre mythe, a une fonction sociale définie. En effet, comme les apports de Claude Levi-Strauss le montrent, le mythe est autant téléologique, ludique et pédagogique.
Le mythe du vampire :
Ce qui est dit habituellement, une description rapide
L’ambition de cet article n’est pas de proposer un historique détaillé du mythe, et encore moins de me lancer dans une interprétation de l’origine des vampires. Le mythe est ici un prétexte à un exposé sur le rôle du mythe en tant que production culturelle, peut être ancienne, mais lue par des contemporains. Je postule que notre lecture du mythe du vampire au XXIème est radicalement différente de celle qu’en faisaient les serbes du XVIIIème. Il n’empêche qu’il s’agit là d’un mythe tout désigné de la Culture Mauvais Genre. Je ne ferai pas non plus d’historique des vampires réels ou supposés tels (Erzebet Bathory, Peter Kürten, Vlad Tepes etc.). Je n’y vois pas bien l’intérêt et qui plus est, il existe suffisamment de choses dessus.
Ce n’est que plus tard que le vampire va aborder un visage plus romantique. Le Dracula de Bram Stocker en est l’exemple qui a traversé les siècles. Mais il ne faut pas oublier Maupassant (Le Horla) ou Sheridan Le Fanu (Carmilla) parmi tant d’autres. Le XIXème siècle a pour le moins été prolifique. Le vampire portera alors davantage l’image du déviant, tel que je l’ai exposé dans la première partie de cet article. Membre de la société, mais en marge, il vit selon des codes précis, qu’il a besoin d’acquérir auprès de pairs (ou auprès de l’image qu’il se fait de son rôle). Encore plus proche de nous, Anne Rice a très bien développé cet aspect de « communautés de vampires » à l’intérieur desquels, lorsque le vampire en a la « chance », la créature se trouve en situation d’apprentissage des rôles et du comportement attendus par ses pairs. Encore plus récent, comme l'a montré mon collège A.C, le cinéma s'est aussi emparé du mythe. Nous pouvons également y ajouter les séries TV.
En effet, au fil du temps et de la rationalisation des sociétés, le mythe du
Dans la suite de cet article, j’identifierai deux dimensions du mythe du vampire : le genre (féminin/masculin) et les rapports de dominations. J’interrogerai le rôle « émancipateur » du mythe en me concentrant sur les différentes formes des rapports de domination. Enfin, je proposerai ma propre interprétation du mythe, du point de vue contemporain.
(A suivre)