Ego, o eggonos enos ellina

Par Ellie Page

Ce qui signifie : "moi, le petit-fils d'un Grec". Pour être plus précis, il faudrait dire arrière-petit-fils, d'un certain Mordecaï Mallah. 

 Un titre qui commence par "ego", comme ça lui va bien au teint.

Nicolas Sarkozy a donc des racines grecques... et juives. Mais il ne l'a su qu'à l'âge de 20 ans. Un lourd secret de famille, apparemment.

Moi, ça me rappelle mes lectures de Cohen, le beau Solal, et la Belle du Seigneur... tiens, il me semble bien que le Président l'a lu, celui-là.

Ce qu'il en aurait dit :

"C'était pendant la campagne, après avoir dit que le "Voyage au bout de la nuit" était son livre préféré (il s'agissait alors de ratisser large, après tout, le "Voyage" est aussi le livre préféré de J-M Lepen) Nicolas Sarkozy affirma qu'il adorait Albert Cohen. Surtout les quarante pages où Ariane attend Solal dans "Belle du Seigneur". Que l'écrivain ait su se glisser avec une telle précision dans la tête d'une femme épate notre président. Il est très sensible à ces quarante pages; c'est "son côté femme" dit-il.
Et il ajoute :
"C'est un livre que Cohen a écrit en 68, sur les bords du lac de Genève. En 68... Il devait s'emmerder comme un rat"
.

Source : Un commentaire de Brogilo sur rue89

Un résumé de l'oeuvre "initiatique" :

"Jeune, beau, mystérieux, d'une intelligence rare, il n'a aucun mal à séduire les femmes qui l'entourent, et souffre de ce que l'amour puisse s'obtenir si facilement. Un jour, lors d'une réception, Solal découvre une sublime jeune femme, Ariane, femme d'Adrien Deume, son subordonné à la SDN, et en tombe follement amoureux. Pour réaliser son rêve de passion pure, il se déguise en vieillard avant de se déclarer à Ariane, esseulée, espérant ainsi être aimé pour son âme et non pour son corps. Mais Ariane le repousse. Solal, effondré, envoie Adrien Deume en mission à l'étranger, et se résigne alors à utiliser les moyens usuels du séducteur, le stupide prestige de la force et de la virilité, les « babouineries ». Abandonnant son déguisement, il rejoue à contre-cœur l'éternelle comédie du Seigneur, du mâle dominant. Et cette fois, bien sûr, Ariane cède. Il ne lui faudra que peu de temps pour se vouer corps et âme à Solal, fière d'être la Belle du Seigneur. Mais passés les premiers instants de l'amour, le couple se heurtera très vite aux limites de la passion totale. Coupé de la société des humains, et de surcroît victime de l'antisémitisme, il se désagrégera progressivement. Solal et Ariane entreront dans un cercle vicieux de violence, de jalousies et d'illusions."

Prophétique ? Je ne voudrais pas jouer les Cassandre... 

En tout cas, c'est un livre à perdre ses illusions (la "Belle ..." , pas "Ego...". Quand je l'ai lu j'avais 15 ans et heureusement, toute une enfance bercée par Walt Disney derrière moi. En compensation. 

C'est une info Rue89.

7000 exemplaires vendus (d'"Ego..." , pas de la "Belle..."). Honorable, mais peut mieux faire. 

En savoir plus : Laurent Bazin