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Publié le 21 décembre 2010 par Hoplite

Finalement ce qui dérange le plus l’ordre (le désordre plutôt) établi, c’est deux choses :

-que les gens comprennent ou sachent ce qui se passe en coulisses,

-qu’ils comprennent qu’ils ont un pouvoir énorme, qu’ils peuvent changer l’ordre des choses.

Qu’est-ce que l’ordre établi ? Le pouvoir politique, économique et médiatique avec son personnel humain, le plus souvent médiocre et bien intentionné. Il n’y a pas ou peu de corruption : le pouvoir politique n’a nul besoin d’acheter ou de menacer ses relais médiatiques, ceux-ci n’étant à leur place que parce qu’ils partagent la même vision du monde que les premiers.

Si Joffrin, Marcelle, BHL, Prasquier, Bouchareb ou Bégaudeau peuvent dégoiser leur petite musique jour après jour, c’est parce que celle-ci est conforme à la doxa politiquement correcte.

Et inversement. Fabrice Le Quintrec, journaliste à France-Inter est limogé pour avoir cité le journal Présent dans sa revue de presse…Renaud Camus, pourtant homosexuel et amateur notoire d’art moderne (des gages pour nos modernes) , mis au pilori pour avoir noté une sur représentation juive dans une émission culturelle du même médium…Le pitre Bigard marqué au fer rouge pour avoir émis quelques doutes sur la version grotesque de l’administration américaine concernant le 11/09… Si le pitre Kouchner a pu faire rigoler le monde entier pendant trois ans, c’est parce que le lobby juif (qui n’existe pas mais qui a l’oreille du petit Nicolas) voyait d’un très mauvais œil l’arrivée au Quai d’Orsay de l’avisé Hubert Védrines…Si le perspicace géopoliticien Aymeric Chauprade s’est fait virer du Collège Inter-Armes par le ridicule ancien ministre de la Défense dont tout le monde a déjà oublié le nom, c’est -entre autres- parce qu’il émettait dans ses ouvrages quelques réserves salubres à l’égard de l’allié Américain…

Et tous, autant qu’ils sont (chacals et hyènes), sont sincères lorsqu’ils disent ne pas subir de pressions politiques : c’est vrai parce que ça n’est pas nécessaire. Ceux qui pensent en dehors des clous ne sont simplement pas là. Ou ne font pas long feu : ne restent que ceux qui pensent correctement. Beaucoup plus efficace que les systèmes totalitaires qui usaient de violence physique ou psychologique pour arriver à leurs fins ; en « démocratie », les journalistes, intellectuels, clercs, faiseurs d’opinions, relais médiatiques en tous genres, sont tous intimement persuadés d’appartenir au camp du Bien et de défendre la liberté, etc. Il n’ya pas de complot, d’officines occultes, juste un système qui coopte ceux qui le défendront et éloigne ceux qui peuvent le menacer.

Il n’y a pas ou peu de corruption du pouvoir politique par le pouvoir économique, pour la même raison, ie c’est parce que des personnages aussi médiocres et vulgaires que Sarkosy, Royal, Con-Bandit ou Merluchon sont consensuels et inoffensifs pour le système qu’ils arrivent au plus haut des partis politiques du « cercle de raison » et de l’Etat. Les global leaders qui régentent le paysage économique du site France ou du site Europe savent que le personnel politique qu’ils croisent aux réunions du Bilderberg, du Siècle ou de la Trilatérale, ne présente que très peu de risques de remettre leur pouvoir exorbitant en cause.

De même que pour le personnel journalistique, tous ceux qui ne partagent pas le credo bien-pensant (« démocratie libérale », libre échange,  « concurrence non faussée », etc.) sont exclus du jeu. Le seul prix Nobel français, Maurice Allais, dont on parlât quelques heures à  sa mort dernièrement, fut ignoré pendant des décennies parce qu’il avait émi des réserves sur l’autorégulation du marché, l’intérêt du libre échange et la disparition de barrières protectionnistes…

Ceci explique le gap phénoménal que chacun peut constater entre l’opinion de ces élites » et celle du peuple d’une part et, d’autre part, l’uniformité idéologique absolue des premières. Le débat sur le Traité de Constitution Européenne est exemplaire à cet égard : la quasi-totalité du milieu intellectuel, journalistique et politique fit campagne pour le oui et les « représentants de la nation » réunis en congrès à Versailles votèrent le oui à 92% alors que le peuple –censément souverain- avait voté non.

Tout ce personnel journalistique, médiatique, politique, tous ces relais de pouvoirs, tous intimement convaincus d’œuvrer pour le bien de tous, cette garde janissaire du Système, ne craint rien tant que de voir le peuple, les simples gens, se saisir d’une question politique d’une part et, d’autre part, de voir celui-ci comprendre qu’il dispose d’un pouvoir énorme, à son insu.

D’où la haine sans limites de cette garde à l’égard des sites de réinformation politique et du web en général car ce dernier est impossible à verrouiller. D’où leur défiance à l’égard des référendums Suisses, par trop directement démocratiques, d’où l’encadrement strict –le verrouillage- de toute possibilité de référendum d’initiative populaire en France.

Herman et Chomsky décrivirent avec justesse il y a quelques années la façon dont les médias dominants fabriquent la propagande destinée à circonscrire le « débat démocratique » dans des limites définies et strictement encadrées et permettant de relayer une mise en perspective, une grille idéologique du monde permettant de servir les intérêts de quelques-uns : la fabrique du consentement. Par exemple comment convaincre des millions de français que la non –alternance absolue entre deux partis libéraux-libertaires partageant l’essentiel ou que le fait d’aller voter ou non, de façon régulière, puisse infléchir dune quelconque manière les politiques menées par le même personnel politique endogamique et méprisant le peuple, malgré les ors du Spectacle électoral quinquennal…Ou comment convaincre la planète entière qu’existeraient en Mésopotamie des Armes de destructions Massives (ADM) que l’on recherche toujours…

Fabriquer le consentement c’est l’affaire des Colin Powell, des Roland Cayrol, des Serge July, des Minc, des Attali, des Duhamel, des Fassin, Colombani, Plenel, Copé, Hamon, Besancenot, Con-Bandit et cie, malgré les postures de rebelles en bois et de résistants en peau de lapin qu’ils affectent de se donner.

Fabriquer le consentement, c'est faire croire aux gens qu'ils sont seuls, qu'il n'y a pas d'alternative, que la politique est une chose trop complexe pour ne pas être confiée qu'à des experts, c'est leur masquer la réalité du monde et le pouvoir extraordinaire que nous avons de changer l'ordre des choses.

« En septembre 1995, 500 hommes politiques et dirigeants économiques de premier plan s’étaient réunis à San Francisco sous l’égide de la Fondation Gorbatchev pour confronter leurs vues sur le monde futur. La plupart tombèrent d’accord pour affirmer que les sociétés occidentales étaient en passe de devenir ingérables et qu’il fallait trouver un moyen de maintenir par des procédés nouveaux leur sujétion à la domination du Capital. La solution retenue fut celle proposée par Zbigniew Brzezinski sous le nom de tittytainment. Par ce terme plaisant, il fallait entendre un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. » Alain de Benoist