Estampes : le grand écart des prix (étude artprice.com)

Par Hjb63

Une collection naît souvent avec une œuvre multiple, photographie ou estampe. Ces media, abordables pour une poignée de dollars, sont un moyen peu risqué de se frotter au marché de l’art. Le champ de l’estampe est cependant aussi vaste que celui de ses prix, soumis eux aussi aux effets de mode et aux spéculations du moment.

S’il est vrai que les prix des estampes contemporaines ont gonflé parallèlement à la hausse des prix de l’art contemporain, ils l’ont fait de façon plus mesurée : lorsque les prix de l’art contemporain prenait 80% sur la décennie (2000-2010), la cote des estampes contemporaines croissait tout de même de 18%. Ce marché n’est donc pas seulement le « marché pauvre » de l’œuvre originale et unique, il est aussi un marché dynamique pouvant être source de belles plus-values… voire de hausses spéculatives importantes.

Prenons l’exemple d’un des artistes les plus médiatisé actuellement : BANKSY, et d’une estampe emblématique de son travail, le Radar Rat édité à 75 exemplaires. Le prix de ce Radar Rat atteignait près de 20 000 $ le 6 septembre 2008 (avant la chute des prix, Phillips de Pury & Company), puis se négociait deux fois moins chèrement l’année suivante. Le 24 février 2009, Radar Rat partait pour une enchère équivalente à 8 950 $ lors d’une vente Bonhams à Londres, une affaire par rapport à 2008 pour l’acheteur et un formidable investissement pour le tout premier acquéreur de cette œuvre en salle pour moins de 800 $ le 14 mars 2005 à Londres, (400 £ chez Bonhams).

L’estampe demeure un marché abordable ou 60% des lots vendus sont accessibles pour moins de 1 000 $ (55% pour les estampes contemporaines) et ou seul 11% du marché excède 5 000 $. Les amateurs de Bansky peuvent acquérir cette signature dans une gamme de prix n’excédant pas 1 000 $, mais uniquement pour des tirages importants de 500 ou 1000 exemplaires (édition Pictures on Walls). Plus encore que l’ampleur du tirage, la notoriété du sujet fait la valeur d’une estampe chez les contemporains les plus cotés : Colour Trolleys, toujours par Banksy, une estampe représentant des chasseurs de brousse cherchant à capturer des caddies de supermarché vides, s’échange autour de 4 000 $ dans son édition de 750 exemplaires. Un prix déjà conséquent pour un jeune artiste, mais une mise 10 fois moindre que celle nécessaire à l’acquisition d’une toile unique.

Les créateurs contemporains, bien qu’adeptent de ce moyen de diffusion et de démocratisation qu’est l’estampe, représentent moins de 7% de ce marché. Le cœur du marché bat en effet au rythme des signatures modernes (48,5% du marché de l’estampe) et d’après-guerre (28,3%). Les artistes de cette époque se sont non seulement montrés les plus prolifiques de l’histoire mais ils sont encore les plus chers dans ce médium : en 2010, six enchères millionnaires ont d’ailleurs été signées pour des précieuses feuilles de Pablo PICASSO, Edvard MUNCH et Jasper JOHNS. L’artiste le plus cher en peinture est aussi le plus cher en estampe : Pablo Picasso décrochait 1,1 m£ pour La Minotauromachie vendue le 16 septembre 2010 au marteau de Sotheby's (1935, 1,7 m$). Quatre mois plus tôt, le maître de l’art moderne signait le plus beau coup de marteau mondial pour une toile avec Nude, Green Leaves and Bust cédée 95 m$. Que les adeptes de Picasso ne désespèrent pas : chaque mois, estampes, lithographies, gravure, héliogravure ou aquatinte sont mises à l’encan dans des fourchettes d’estimations n’excédant pas 500 $ !

Source © Artprice.com