Solitude 2012, grande cause nationale

Publié le 23 décembre 2010 par Copeau @Contrepoints

 Mais quelle mouche pique soudain François Fillon de lancer une grande cause nationale au sujet de la solitude ?

Bien sûr, on sait que ces fameuses grandes causes sont les cartes jokers des gouvernants quand les difficultés s’accumulent jusqu’à devenir insurmontables. Par les temps qui courent, entre l’impréparation face à un hiver rude, qui pourtant était prévu pour qui voulait bien ne pas se fier aux scientifiques contaminés par l’activisme réchauffiste, et des petits détails comme le coût d’assurer la dette de la France qui monte, pour ne prendre que ces deux là, détourner l’attention devient certes urgent.

Mais on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a tout de même une motivation plus sincère de la part notre premier ministre. Une possibilité serait que, dans le contexte d’agitation frénétique et de mouvements de bras présidentiels à vous déclencher du Beaufort 9, le tout se soldant par une série de petits pets d’avortons de réformettes, et par courbettes et baissages de pantalons permanents devant corporations et syndicats en tous genre, et aucun pas franchi pour sortir le pays d’une situation, avouons le, tragique, M. Fillon, un poil plus lucide que ses collègues, se sent très seul. Ca serait tout à son honneur.

Ou alors.

Ou alors c’est plus stratégique, il prévoit quelques coups à l’avance tel un amateur d’échec loin d’être un grand maître mais à qui on ne la fait pas quand même. Car de vous à moi, entre une offre souverainiste qui, tristement, monte, et que le fait de botter le train à quelques familles Rom ne détournera pas de sa candidate, et -surtout- la masse silenciencieuse de ceux parmi la classe moyenne qui réalisent bien qu’il en faudrait, quand même, des réformes, si on ne veut pas dans un futur envisageable devoir aller demander à Bono de faire campagne pour l’annulation de notre dette, tel un vulgaire pays subsaharien, et de ceux dont le pouvoir d’achat est attaqué chaque jour de mille manières sournoises par un UMP plus socialiste que les partis sociaux-démocrates d’Europe, combien de ces gens vont-ils rogner dans leurs loisirs bien mérités, un certain dimanche de mai 2012, pour aller reconduire les sortants?

Ceux qui croient encore que le système actuel peut -et vaut la peine- d’être sauvé, trouveront de toutes façons une offre suffisamment crédible du côté du PS. Et de fait, quelle raison y-aurait-il de penser que le PS pourrait faire pire ? Mais ceux qui en 1995, 2002 et 2007 ont cru voter pour des réformes, et n’ont fait que déchanter de plus en plus chaque jour qui a passé depuis, il y a tout lieu de penser qu’une grande partie d’entre eux fera entendre à l’UMP, et à son ridicule petit chef spasmodique, tels des millions de Simon et Garfunkel, l’assourdissant « sound of silence » de l’abstention.

Est-ce dès lors à eux que pense M. Fillon, à Sarkozy et aux milliers de grands et petits élus qui rêvent de continuer à se régaler de bonne soupe dans son sillage ? Voit-il, lui, qu’il se prépare pour eux, en 2012, un grand moment de solitude ?