Banksy VS Mr Brainwash. And the winner is …

Publié le 27 décembre 2010 par Bleatmagazine

Ce début de siècle est décidément très palpitant. Entre le 11 septembre, la mort de Michael Jackson, l’élection d’un président noir aux USA, WikiLeaks, Lady Gaga, l’iPhone, le monde parallèle de François Bayrou ou encore la crise des subprimes, on est vraiment gâtés. Dans le milieu de l’art, le street art explose, enfin reconnu par les galeries. Cette branche artistique un peu batarde qui se pratique, la plupart du temps, la nuit avec une capuche et la boule au ventre. D’années en années, la culture urbaine et les graffitis s’invitent dans les galeries et font le buzz. A l’image de Banksy, graffeur et pochoiriste de Bristol, qui marque les esprits grâce à deux audacieuses opérations. En mars 2005, il arrive à placer ses oeuvres au MoMa, au Met, au Brooklyn Museum, au Musée d’histoire naturelle américain de New York, ainsi qu’à la Tate Britain ou au British Museum sans autorisation. Déjouant les systèmes de sécurité, il a ingénieusement préparé son coup. Il se balade en imper beige dans les différents musées avec un sac contenant les tableaux et les installe sans être vu. Deuxième opération, plus symbolique, il tague le ‘Mur de la honte” séparant Israel et la Cisjordanie. Tous les médias veulent en connaître l’auteur. Résultat, sa côte explose et Banksy vient de créer, sans le vouloir, le marché.

Un art finalement pas insaisissable

Difficile d’avoir des images de ces opérations illégales. Pourtant, Thierry Guetta, un français installé à Los Angeles, décide un jour de délaisser sa boutique de fringues vintage pour une caméra et va, au fil des années, suivre et filmer les artistes du street art. Pendant plus de huit ans, il entasse des milliers de cassettes sans savoir quoi en faire. Il constitue, sans le savoir, des archives sur l’histoire du street art. Des rushs d’une valeur inestimable pour l’histoire de l’art. Banksy, lui, en prend conscience et demande à Thierry Guetta d’en faire un 90 minutes. En ressort un résultat irregardable. Banksy décide donc de prendre les choses en main. Voilà pourquoi le réalisateur du film est Banksy et non Guetta.

Une oeuvre majeure pour un art subversif.

Ceux qui ne voient pas le graffiti comme un art changeront d’avis. Ceux qui voient Mr Brainwash comme un génie aussi. Chaque art a son lot de génies et d’opportunistes. Mr Brainwash en est un, presque malgré lui. On découvre grâce à Faites le mur qu’il est légèrement cinglé. Il n’a pas peur de foncer, d’entreprendre des évènements qui le dépassent. C’est seulement sous médicament, qu’il réalise… Les “sous-Banksy” doivent être identifiés car ils décrédibilisent le travail des “vrais”. Ce documentaire nous aide à faire la différence et relance le débat sur les artistes bidons. D’après Magda Danysz, galeriste de référence, “l’imposteur ne fait pas long feu”. On espère.

And the winner is Banksy of course. L’artiste signe d’ailleurs dans Faites le mur ! un commentaire brillant sur le cynisme du marché de l’art.

www.banksy.co.uk

Axel Tardieu