Test : Infinity Blade, Beauté Superficielle

Publié le 28 décembre 2010 par Guls

Tout comme Rage sorti à peu près à la même période, Infinity Blade a tout d'abord été présentée comme une démonstration graphique des capacités de l'iPhone, et c'est autour de ces magnifiques images que tout le buzz sur ce jeu a été généré. Maintenant que le titre est sorti, Zone Jeu s'attelle à déterminer s'il y a bien quelque chose derrière cette nuée de polygones...
Une histoire de moteur
Infinity Blade est un jeu d'action doté d'une petite touche de RPG et développé par Chair Entertainment, un studio appartenant à Epic Games (Gears of War, Unreal) à qui l'on doit notamment l'excellent Shadow Complex sur Xbox Live Arcade. Développé pour iPhone 3GS et 4, iPod Touch 3 et 4, et iPad, Infinity Blade est surtout le tout premier jeu développé avec le moteur Unreal à arriver sur l'AppStore, et son rôle principal est donc de montrer aux autres développeurs les capacités de ce moteur.
Si vous avez lu d'autres commentaires sur le jeu, vous aurez peut-être lu qu'il "rivalise avec les consoles de salon" et propose des graphismes magnifiques sans jamais ramer. Malheureusement, ce n'est pas tout à fait vrai : certes Infinity Blade est le plus beau jeu actuellement disponible sur l'AppStore (bien que Rage HD ne soit pas loin), mais il y a encore quelques progrès à faire pour rejoindre le niveau d'une PS3, et il est probable que vous souffriez de quelques ralentissements si vous jouez sur un 3GS ou équivalent.
Malgré ces légendes urbaines un peu exagérées, ne vous détrompez pas : Infinity Blade est magnifique, les animations et modèles 3D des personnages sont du jamais vu sur format mobile, et les paysages, bien que peu variés, restent bluffants.

Sous la surface
Maintenant que nous avons abordé la question des graphismes, parlons un peu du jeu en lui-même. Lorsque vous démarrez Infinity Blade pour la première fois, vous vous retrouvez à diriger un guerrier dans une salle du trône aux murs vides. Après avoir éliminé quelques sous-fifres en apprenant à jouer, vous attaquez ce qui semble être un Dieu-Roi, qui vous élimine très rapidement. Vous voilà téléporté une vingtaine d'année plus tard, à l'extérieur du château, et incarnant le fils du premier héros bien décidé à se venger.
Vous allez donc prendre d'assaut le château du Dieu-Roi jusqu'à arriver dans cette salle du trône, éliminant en chemin nombre de démons et autres assassins, gagnant des niveaux, et récoltant armes, armures et potions comme dans tout bon RPG. Après environ 20/25 minutes, vous aurez éliminé les sous-fifres, vous retrouverez à nouveau devant le Dieu-Roi, qui vous bottera le cul une fois de plus. Retour à la case départ avec cette fois le petit-fils du premier héros, qui repart à l'assaut du même château, à la seule différence qu'il aura conservé l'équipement et l'expérience de ses aïeux, et que les ennemis rencontrés seront plus fort.
Il vous faudra bien vider le château 5 ou 6 fois avant d'avoir accumulé assez d'expérience pour enfin prendre votre vengeance et finir le jeu. Si vous avez bien compris les paragraphes précédents, vous aurez trouvé le principal défaut d'Infinity Blade : le manque de contenu. En effet, ce titre vous demande de refaire à la chaîne exactement le même chemin à l'infini, avec des combats extrêmement similaires les uns aux autres, dont seuls les ennemis et la difficulté varient légèrement.
Qu'y a-t-il donc derrière le joli moteur graphique d'Infinity Blade ? Malheureusement, pas grand chose, bien que le côté addictif de la progression de style RPG, et les nouveaux équipements réguliers vous poussent toujours à aller plus loin, on a toujours au final l'impression qu'Epic Games s'est bien foutu de nous sur ce coup.

Et le gameplay dans tout ça ?
Récapitulons : les combats sont jolis, répétitifs, mais sont-ils fun au moins ? Heureusement cette fois, la réponse est oui. Si Infinity Blade était initialement prévu pour Kinect, force est de constater que Chair Entertainment a parfaitement su adapter les contrôles aux écrans tactiles d'Apple. Les combats sont rapides, simples et fun. Vous ne dirigez pas directement les déplacement de votre combattant, mais disposez d'un certain nombre d'actions défensives (parer, bloquer avec votre bouclier, ou esquiver les coups adverses) et offensives (frapper, lancer un sort, lancer un super-coup).
Tous les combats se résument au final à se défendre jusqu'à ce qu'une ouverture se libère, et à frapper le plus possible avant que l'ennemi ne se remette en garde. Pour frapper, il suffit de passer le doigt dans la direction désirée, et le tout se fait de manière fluide et rapide. Au fur et à mesure que la difficulté augmente, de nouveaux ennemis apportent quelques variantes comme la capacité de briser le bouclier, frapper sous la garde, empoisonner, etc. mais force est de constater que les tactiques classiques fonctionnent tout au long du jeu quelle que soit la difficulté.
Les combats sont très rapides, généralement moins de 30 secondes, et le château se vide donc en moins d'une demi-heure, ce qui rend le jeu parfaitement adapté au format mobile, bien que l'on regrette encore sa durée de vie très faible (4 à 5 heures environ).

Notes de fin
Impossible de conclure ce test avant d'avoir mentionné quelques détails bien énervants. Tout d'abord, impossible de passer les multiples logos des développeurs et du moteur en début de jeu, ce qui est toujours très frustrant. Même chose dans le jeu : s'il est possible d'accélérer les déplacements entre deux combats, le discours du grand méchant final, qui est toujours le même (et que vous allez donc devoir écouter au moins 6 fois), est impossible à passer, alors que ce serait le seul passage qui ai véritablement besoin de cette option.
Nous passerons sur la traduction du jeu en français qui, sans être honteuse, n'est clairement pas bonne, pour laisser le mot de la fin sur le modèle commercial. Le jeu est actuellement vendu à 5€, ce qui ne nous dérangerait pas si un contenu plus important était à disposition. Mais outre le prix d'achat, on a également la possibilité d'acheter des pièces d'or dans le jeu contre de l'argent réel. Cette option n'est pas nécessaire pour terminer le jeu, mais pour ceux qui veulent continuer par la suite et acquérir les meilleures armes et armures, elle s'imposera rapidement vu le prix des équipements de haut niveau.
De plus, un écran "à venir" décrit de futures extensions en cours de développement pour le jeu, qu'on imagine payantes également...

Conclusion
Infinity Blade est un titre magnifique et doté d'un gameplay plutôt fun, une vitrine parfaite qu'Apple pourra utiliser pour vendre des iPhones dans le monde entier. Malheureusement, derrière ces jolis atours se cache un manque énorme de contenu, et une logique commerciale qui vise à vendre un jeu vide au prix fort, et à faire ensuite payer à nouveau pour les missions qui auraient dû se trouver dedans dès le début. On n'ira pas jusqu'à dire que vous le regretterez si vous l'acheter, mais la solution la plus sage serait peut-être d'attendre une baisse de prix et l'arrivée du contenu supplémentaire promis par les développeurs.Infinity Blade sur l'AppStore