Bilan des films de l'annee 2010

Publié le 28 décembre 2010 par Abarguillet

    


Tout d'abord, et je l'annonce d'emblée, ce bilan est très personnel et, d'autant plus personnel, que je n'ai vu qu'un nombre limité de films, et seulement  ceux qui correspondaient à mes envies, à mes choix, à ma sensibilité. Cette année, je n'aurais été vraiment déçue que deux fois, et je vous dirai pourquoi à la fin de cet article.
Un bilan que j'établis avec d'autant plus de plaisir que le cru 2010 a été bon et, tout particulièrement, pour le cinéma français. Malgré le nombre limité de mes entrées dans les salles obscures, je pense  n'avoir manqué que peu de ceux qui ont  le plus enthousiasmés le public et honorés le 7e art. Oui, l'année a été riche et diverse, nous offrant un panel où chacun pouvait trouver long métrage à son goût. Je le répète, j'aime le cinéma mais je fais un choix à l'amont, car pour quelles raisons perdrai-je mon temps à ingurgiter des navets ? Même chose pour la lecture, pourquoi s'obliger à lire des mauvais livres ? En définitive, je ne vais pas au cinéma pour le seul divertissement mais, davantage parce que je suppute que tel réalisateur a quelque chose à dire et qu'il le dira d'une façon intéressante, originale, troublante, dérangeante, poétique ou ironique. Dans ce palmarès, tous les styles ou presque sont là, du plus évanescent au plus réaliste, du plus déjanté au plus cruel, du plus mystique au plus trivial. C'est le cinéma ...

Honneur au cinéma français avec Des hommes et des dieux, le film qui m'a le plus marquée, et fut le plus unanimement admiré par tous les publics et tous les âges, un film unique en son genre, conduit de main de maître par un metteur en scène inspiré et interprété par des acteurs en état de grâce. Le plus réussi, selon moi. Viennent ensuite, de façon plus qu'honorable, Bright Star, peut-être le plus accompli de Jane Campion, un film de plénitude et de déchirement, de même que Poetry, l'admirable film de Lee Chang-dong d'une intensité humaine d'une rare ferveur où s'illustre une actrice d'une sobriété percutante, la magnifique Yoon Jung-hee, suivi de près par Lola, du réalisateur Brillante Mendoza qui a ébloui et bouleversé les festivaliers de Deauville en mars dernier et qui, sur un thème austère, dit tout de la vieillesse, de la tendresse, de la vie difficile, des pluies et des larmes, du désenchantement et de l'enchantement. Voilà pour les films phares qui m'ont captivée et laissé trace dans ma mémoire.

   

A cela s'ajoutent quatre autres longs métrages très intéressants, bien réalisés, mais qui n'ont pas provoqué en moi la même émotion, tout en m'offrant un très agréable moment de cinéma. Ce sont Elle s'appelait Sarah, belle histoire où s'illustre avec sensibilité et élégance l'actrice Kristin Scott ThomasLa comtesse, pour la passionnante analyse d'un amour exclusif où Julie Delpy maintient derrière et devant la caméra une incroyable tension et mélange habilement film historique, romance et film d'horreur, produisant un opus d'une fascinante et démoniaque cruauté ; Tzar, fresque grandiose où Pavel Longuine explore l'âme russe avec ampleur, nous donnant à voir deux personnages opposés dans une atmosphère de terreur et de délire religieux ; enfin A bout portant, thriller haletant qui ne lâche pas le spectateur et que Fred Cavayé mène à un train d'enfer.

    


Et ne laissons pas sur le bas-côté deux comédies savoureuses et bien françaises qui nous ont assuré l'indispensable heure et demie de gaieté pour tenir en bon équilibre notre moral. Cet automne nous aura donc gâtés en nous offrant ces divertissements de qualité à voir en famille et que l'on revisionnera certainement avec plaisir dès que les DVD sortiront, ce qui ne saurait tarder. Personnellement j'ai un petit faible pour Les émotifs anonymes dont le sujet est plus original et le duo formé par Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde absolument craquant.

  


Sans oublier deux films qui relèvent davantage du documentaire, mais ont marqué les esprits. Tout d'abord Océans de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud  qui nous révèle les beautés des océans à l'état pur, sans truquage ni artifice, nous conviant à un opéra grandiose et à un spectacle total et flamboyant et Démineurs de Kathryn Bigelow consacré aux délicates missions de déminage auxquelles s'allie un formidable suspense psychologique.

  

Quelques mots pour vous avouer ma déception à la projection de deux films dont Inception lancé à grand renfort de publicité et qui n'est, à mon avis, qu'un délire onirique, un produit industriel dont le seul intérêt réside dans les effets spéciaux, époustouflants je le reconnais. Voilà un opus qui a la prétention de nous entretenir du mystérieux alliage qui compose nos rêves sans nous faire rêver une seule seconde et de la complexité de notre inconscient sans nous en rien révéler, ce qui est un comble et Nuits d'ivresse printanière de Lou Ye, film glauque, fébrile, surchargé de scènes violemment érotiques qui nous transforment en voyeurs, ce qui est très déplaisant.

  


Mentions spéciales pour deux actrices qui m'ont enthousiasmée : tout d'abord Kristin Scott Thomas qui illumine avec charme et élégance le film Elle s'appelait Sarah et Yoon Jung-hee dont l'interprétation sobre donne toute son intensité et son intériorité au très beau Poetry.

  


Mentions également pour deux acteurs qui assurent crédibilité et passion ou tendresse et humour à leurs personnages respectifs : ainsi Gilles Lellouche dans A bout portant et Benoît Poelvoorde dans Les émotifs anonymes. Leurs prestations ajoutent beaucoup aux films qu'ils portent pour une bonne part sur leurs épaules. 


  

 Enfin, hors compétition, puisque l'un des chefs-doeuvre du 7 e Art, la version restaurée du Guépard.