Premiers rumeurs des oscars

Publié le 30 décembre 2010 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE


"True Grit" de Joel et Ethan Cohen

Les premières rumeurs des oscars, la sortie de Tron et du western des frères Coen


James Franco, homme de l'année", titre GQ. L'acteur est à la une de plusieurs journaux américains. Couvert de louanges pour son rôle dans le nouveau Danny Boyle, l'assez lourdingue 127 Hours, il va surtout avoir l'honneur de présenter les prochains oscars avec Anne Hathaway. "Cela va-t-il l'aider à décrocher une statuette en or ?", s'interroge le L . A. Times.

Aux Etats-Unis, l'après-Thanksgiving et l'avant-Noël marquent le début de la saison des oscars. Pour les professionnels, on entre dans deux mois de lobbying, de campagnes de pub et de marketing intenses. Les dés sont jetés. Les paris ouverts. Les derniers films "oscarisables" sortent sur les écrans, avec plus ou moins de réussite.

Après les Gotham Awards, les choses vont commencer à devenir sérieuses le 16 janvier avec les Golden Globes, la cérémonie de l'association des critiques de cinéma étrangers (HFPA).

Viendront ensuite les SAG Awards, décernés par les acteurs de la Screen Actors Guild. Puis le festival de Sundance, où certains films indépendants peuvent espérer se faire remarquer. Et enfin, le 17 février, les oscars.

Si on attend toujours les listes de nominations à toutes ces cérémonies, les Globes viennent d'annoncer qu'ils décerneraient un "Cecil B. DeMille Award" à Robert De Niro "pour l'ensemble de sa carrière", comme le veut la formule d'usage.

De quoi faire oublier la triste polémique sur l'antisémitisme présumé de Jean-Luc Godard, qui avait suivi l'annonce de son oscar d'honneur cet automne. Le réalisateur, du reste, s'est bien gardé d'assister au dîner prévu en son honneur il y a quinze jours.

Et puis, à l'heure d'Hollywood, cette histoire est déjà oubliée. Hollywood Reporter se focalise déjà sur des choses beaucoup plus importantes : le grand come-back de Cher dans le navet Burlesque et le demi-échec du dernier Harry Potter, qui vient d'être détrôné, après deux semaines à peine de suprématie, par Raiponce de Disney.

Dans un autre cercle, celui de l'HFPA, on parle de deux favoris pour les Golden Globes : le désormais incontournable Social Network et le plus surprenant King's Speech, du Britannique Tom Hooper.


Ce drame historique, qui reçut une standing ovation au Festival de Toronto, pourrait bien constituer la révélation de cette fin d'année. Ses acteurs croient en leurs chances eux aussi, de Colin Firth et Geoffrey Rush pour le premier rôle masculin à Helena Bonham Carter pour le second rôle féminin.

Les British ont le vent en poupe, et deux autres productions indépendantes de réalisateurs anglais se placent habilement en outsiders de la saison : Another Year de Mike Leigh, et Made in Dagenham de Nigel Cole, sur les grandes grèves de 1968 au Royaume-Uni, qui détonne dans un paysage cinématographique quasi apolitique.

Les comédies risquent, une fois de plus, d'être snobées par les oscars. Après le fiasco de l'année dernière (cinq films pressentis aux Golden Globes, aucun retenu lors des oscars), seul The Kids Are All Right reste un candidat sérieux.

Sortie cet été, cette comédie de moeurs sur un sujet de société très actuel (l'adoption chez les gays) remplit toujours les salles, à l'heure où le débat sur le mariage homosexuel refait surface en Californie. Quant au Black Swan de Darren Aronofsky, même si sa teinte sadomaso n'attire pas les foules, il bénéficie de l'aura de Natalie Portman et de Vincent Cassel, l'un comme l'autre pressentis pour une éventuelle statuette.

Viennent ensuite des valeurs sûres, comme le très attendu et pourtant décevant True Grit des frères Coen. Remake du western qui lança la carrière de John Wayne en 1969, le film ne convainc pas, malgré les bonnes prestations de Jeff Bridges et Matt Damon. Trop semblable à leur No Country for Old Men sorti il y a moins de trois ans. "Les Coen brothers seraient-ils devenus paresseux?", s'interroge un critique.

Deux autres remakes sortis récemment, Morning Glory et Date limite, suscitent le même type de question : ils ne tiennent pas la comparaison face aux originaux. Le phénomène des mauvais remakes s'est tellement banalisé que Patrick Goldstein et James Rainey du L. A. Times s'inquiètent de la naissance d'un nouveau "knock off cinema", syndrome d'un Hollywood en manque d'imagination et d'audace.

Même point d'interrogation au sujet de The Fighter, sorte de remix dark et névrosé de Rocky et Million Dollar Baby, malgré Mark Wahlberg, sa belle gueule et ses biceps. Pourquoi David O. Russell, déjà tenu en piètre estime dans le milieu (Les Rois du désert, I Heart Huckabees), se risque-t-il à un énième film de boxe ?


Autre film dont on parle : Blue Valentine, qui vient de se voir attribuer un N-17 (interdit aux moins de 17 ans) pour une scène d'" oral sex" (cunnilingus) entre Michelle Williams and Ryan Gosling. Derek Cianfrance, le réalisateur, crie à la censure. Il a invité le public à une projection gratuite ce week-end, afin de faire pression sur la MPAA (Motion Picture Association of America, qui assure notamment la classification des films aux Etats-Unis).


Reste l'énigme Tron - Legacy, dont la sortie ce 17 décembre aux Etats-Unis constitue en soi un petit événement. Malgré une campagne menée tambour battant et la BO signée Daft Punk, le film pourrait, lui aussi, mal supporter la comparaison avec le Tron d'origine. S'il force l'admiration par sa dimension plastique (effets spéciaux époustouflants), il déçoit par son scénario confus et manichéen. Les fans pourront toujours se consoler en allant acheter les produits dérivés exposés dans une galerie de Los Angeles.


source: article de Yann Perreau pour Les Inrocks