LOVE, ET AUTRES DROGUES (Love and Other Drugs) de Edward Zwick

Publié le 30 décembre 2010 par Celine_diane

Du Dernier Samouraï aux Insurgés, en passant par l’efficace Blood Diamond, Zwick a toujours préféré les ambiances viriles et masculines, forçant d’emblée la curiosité avec cette proposition de comédie romantique qui, en apparence, ne posséde rien d’original. En réunissant le couple Gyllenhaal/Hathaway, déjà crédible dans le Brokeback Mountain d’Ang Lee, il ose pourtant sa propre relecture du conte romantique hollywoodien, et contourne habilement chaque obstacle posé en travers de sa route. De la rencontre magique d’un jeune homme et d’une femme, et de l’attendu schéma coutumier du genre (ils se marièrent, furent heureux et eurent beaucoup d’enfants), Zwick- en s’appuyant sans cesse sur le talent et l’alchimie de son duo, Hathaway en digne héritière d’une Julia Roberts- déroule une justesse et une acuité inhabituelles, surprenantes, bienvenues. Lui, est l’enfoiré classique, qui cherche dans la surenchère de conquêtes féminines de quoi combler ses traumas côté self-esteem ; elle, est belle, vive, grande-gueule et …atteinte de la maladie de Parkinson. Autour d’une intrigue au background plutôt riche (les années 90, le boom du viagra, les bouleversements du rapport hommes/femmes, et l’air galvanisant de toute une époque), la caméra suit ce couple, simplement, joliment, des folles étreintes du début (étonnement décomplexées pour le genre), jusqu’aux doutes qui vont suivre (faut-il privilégier les sentiments possiblement éphémères ou la solidité d’une carrière ? Comment envisager le futur avec un partenaire malade ?). Le plus touchant ici, se trouve là, dans cette peinture de l’insouciance versus la maladie, Parkinson en troisième personne dans le couple, l’acceptation d’un futur ombragé comme condition sine qua non au bonheur présent ; comme véritable enjoliveur, par contraste, de la beauté de l’instant. Pour Zwick, pas question néanmoins de verser dans le mélo larmoyant (même s’il respecte son quota de romantisme exacerbé) : il n’y parle pas de mort tragique, d’apitoiement sur soi ou d’histoire d’amour impossible, seulement de routes complexes (à suivre), de choix difficiles (à faire) et d’happy end parfaitement modéré par la dureté de la vie. Il redonne alors toutes ses lettres de noblesse à la comédie romantique américaine- ici rythmée, drôle, mignonne et cruelle tout à la fois- et à l’acte d’aimer : pour le meilleur, et souvent pour le pire.