Un Parfum d’absinthe de Hamid Grine

Par Labibdadi

Auteur :Hamid Grine

Titre :Un Parfum d’absinthe

Edition : Editions Alpha (Alger) 2010, 234 pages.

Quatrième de couverture : « Voilà une fiction qui, dans la trame d’une histoire de famille « ordinaire », nous livre, de manière critique et lucide, une peinture de la société algérienne avec ses éclats de lumière et ses recoins les plus sombres. Hamid Grine, l’auteur, y anime un narrateur omniscient qie la père du père mène sur les traces d’Albert Camus et dans les sinuosités de la question identitaire. Métaphores sociales, politiques et amoureuses s’entremêlent, dans un style coucu main, pour donner un roman de notre époque ; une invite, de la part de l’auteur, à ce que chacun s’y reconnaisse ».

J’ai beaucoup aimé ce livre, dont le sujet, ayant jusqu’à maintenant entraîné des débats non dénués de passion, à savoir la position de Camus pendant la guerre d’Algérie. Il y avait là un bon filon à exploiter, et ça a donné un bon roman. Hamid Grine a su rendre, je trouve, un bon hommage à cet écrivain amoureux de l’Algérie, choisissant notamment des phrases extraites de ses œuvres, soulignant son érudition, et surtout donnant un plaisir immense, qui nous invite à lire et à relire Camus.

Le brave Nabil, personnage principal et narrateur, professeur de français de son état, se retrouve embarqué à la mort de son père, dans une histoire qu’il trouve lui même rocambolesque, à savoir qu’il serait le fils caché d’Albert Camus avec une maitresse algérienne (arabe). En effet, Camus grand coureur de jupon,  vit comme tout français de son époque, ne se mêlant pas ni aux arabes, ni aux kabyles, mais il déplore quand même l’inégalité dans ils sont victimes.Tout en faisant son enquête, dans le déroulement est un peu trop facile, Nabil se plaint, et peint un sombre tableau d’une « Algiraie* » de la corruption, des passes-droits et de l’inculture. Tableau pessimiste donc, mais entrecoupé de petits flashs d’optimisme plutôt mesurés.

Hamid Grine raconte aussi Alger. Il raconte Alger avec amour et nostalgie, ainsi que le même opti-pessimisme, où une multitude d’intellectuels se livrent une haine aussi réciproque qu’improductive.

On ne s’ennuie pas dans cette lecture, mais parfois, l’auteur s’attarde à raconter l’histoire de ses personnages au lieu de la leur faire vivre, s’empressant à les présenter d’un coup, au lieu de le faire au fur et à mesure. Ce dernier détail est surtout remarqué au début de l’ouvrage, début ou introduction qui en devient un peu trop longue.

Je conseille beaucoup ce livre, aux amoureux de Camus en particulier, qui le dévoreront à coup sûr avec beaucoup de plaisir.

Je profite de ce billet pour saluer l’auteur, Hamid Grine avec qui j’ai passé un moment sympathique (trop bref), lors de la vente dédicace dans la librairie Médiaplus à Constantine le 17 décembre dernier.

*) Depuis la qualification de l’équipe nationale de football en coupe du monde, la majorité des supporters ayant un accent très cassé en français, prononçaient mal le mot Algérie dans leurs chansons, et ça a donné L’Algiraie.


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