Voeux apocryphes de Nicolas Sarkozy pour 2011

Publié le 01 janvier 2011 par Guy Deridet
Les vrais voeux de Sarkozy. Et soyez assurés qu'ils sont encore bien en dessous de la réalité. Mes chers compatriotes,

Vous pensez que l'année qui s’achève n'a pas été bonne. En ayant voté pour moi en 2007 c’est à chacun d’entre vous que revient ce grand mérite. Ce soir je veux une fois de plus rendre hommage à ceux qui m'ont porté au pouvoir sans avoir lu mon programme et qui se sont contentés de mes promesses de campagne.

Grâce à votre naïveté, et à votre crédulité, jamais dans notre histoire récente les banques, les actionnaires, les multinationales délocalisatrices, la rente et la spéculation ne sont aussi bien portés. Jamais les riches n'ont été aussi riches, jamais ils n'ont été aussi nombreux. Si la France se classe au 3e rang mondial au nombre de millionnaires c'est bien à vous que nous le devons.

Evidemment, mes chers pauvres cons, vous pouvez avoir le sentiment confus que la crise économique vous a imposé de nouvelles peines, de nouvelles souffrances. Je pense en particulier à ces quatre millions de personnes qui sont maintenant au chômage, à ceux, de plus en plus nombreux, qui sombrent dans la pauvreté. Cependant, pour les nantis et les possédants, notre pays a été moins éprouvé que beaucoup d’autres. Nous le devons à la mise à sac de notre modèle social, et au bouclier fiscal, qui ont amorti le choc pour les plus riches d'entre nous. Nous le devons aussi aux mesures énergiques qui ont été prises, telle la réforme des retraites, pour rassurer et soutenir l’activité des marchés financiers. Mes chers compatriotes, moins d'hôpitaux, moins d'écoles, moins de policiers, c'est moins d'impôts pour les plus fortunés.

Ensemble nous avons évité le pire à Liliane Bettencourt, généreuse donatrice de l'UMP. Ensemble nous avons rendu l'espoir à Jacques Servier, fabriquant du Médiator, dont je fus l'avocat. Ensemble tout est devenu possible.

Beaucoup de réformes ont donc été accomplies. Je sais qu’elles ont pu provoquer des mécontentements chez certains esprits rétrogrades attachés à un confort indécent. Cent-cinquante tribunaux fermés, autant de casernes, d'écoles et de cliniques rayées de la carte, ce n'est pas rien. Mais qui peut croire que dans ce monde qui spécule l’immobilisme soit une alternative ? Il nous reste encore bien du travail. Je le conduirai avec l'esprit de justice qui me caractérise.

En 2011, il va nous falloir : augmenter encore vos charges pour réduire les impôts des multimillionnaires, réduire plus encore les dépenses courantes de l'Etat pour permettre la pérennité du bouclier fiscal, réformer notre modèle social trop lourd, trop compliqué, trop onéreux. En 2011, nous réformerons notre Justice pour qu’elle protège davantage les banquiers, les évadés fiscaux, les élus de l'UMP, et qu’elle soit plus impitoyable encore pour les automobilistes et les voleurs de vélos. En 2011, la loi Hadopi sera mise en œuvre, les profits de nos industriels de la culture seront protégés. Internet sera sous contrôle et deviendra ce qu'il aurait dû être dès sa création : un vaste Minitel offrant une large gamme de services commerciaux.

Mes chers compatriotes, vous en conviendrez, les efforts que nous faisons depuis trois ans et demi portent aujourd'hui leurs fruits. Les idées que l'argent défend s’imposent à notre pays : moins d'Etat, moins de régulation, moins de liberté, moins d'égalité, moins de fraternité, davantage de défiscalisation. Ces idées nous imposent un devoir d’exemplarité.

Respectons les possédants, faisons l’effort de les comprendre, évitons les mouvements sociaux qui blessent. Soyons capables de courber l'échine sans nous désunir. Une France aux ordres, quadrillée, sécurisée, vidéo-surveillée, regardant à la télévision les riches comme la promesse d’un accomplissement, voilà le vœu que je forme pour notre pays.

Mes chers compatriotes, Pauvres cons,

Vive moi, vive l'argent.

N.D.L.R

Personnellement lorsque ce monsieur a sévi à l'écran j'ai fait ce que je fais depuis plus de 40 ans avec les pubs, j'ai coupé le son. En effet, le bouton "Mute" est la commande la plus importante de votre télécommande.

C'est ainsi que j'ai rarement entendu le son de la voix de tous les présidents et personnalités politiques de notre pays depuis 40 ans. Dès que je sens, ou que je sais, que ce qu'ils disent n'a rien à voir avec la réalité, c'est à dire la plupart du temps, je leur coupe le sifflet.

Pouvoir quasi démiurgique que je ne saurais trop vous conseiller de pratiquer plus souvent. et qui explique peut être la relative fraîcheur d'esprit et l'anticonformisme récurant (c'est voulu) du sexagénaire bien avancé (64 ans depuis le 3 décembre) que je suis.

De fait, la coupure du son est une excellente façon de se protéger lorsque vous êtes agressé par une pub envahissante ou un(e) politique dégoulinant(e) de mauvaise foi. Changer de chaîne ne sert à rien, c'est généralement passer de Charybde en Scylla.

Mieux encore, un(e) politique avec l'image, mais sans le son, constitue un spectacle d'une rare cocasserie. C'est comme si il, ou elle, était tout nu(e) Ce qui, il faut bien le dire, n'est pas la posture qui convient le mieux à cette espèce très protégée.

Puisqu'on évoque les espèces protégées rappelons nous ce mot de Coluche : "La différence qu'il y a entre les oiseaux et les hommes politiques, c'est que de temps en temps les oiseaux s'arrêtent de voler !"

J'aime aussi beaucoup cette autre citation :"Il y a trois sortes d'hommes politiques : ceux qui troublent l'eau ; ceux qui pêchent en eau trouble ; et ceux, plus doués, qui troublent l'eau pour pêcher en eau trouble. [Arthur Schnitzler]

Elle va comme un gant, je trouve, à notre président pour encore un an.




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