La liberté des médias en danger

Publié le 02 janvier 2011 par Francoisjost

Durant la fin d’année que nous venons de vivre, les médias, trop préoccupés à nous donner des recettes pour le réveillon, n’ont pas accordé la place qu’ils auraient dû à une information pourtant révoltante: la Hongrie, qui prend au 1er janvier la présidence de l’Union européenne pour 6 mois, vient de voter une loi liberticide.

La nouvelle autorité nationale des médias et des communications, nommée pour 9 ans, pourra exiger que les médias corrigent des informations  manquant « d’objectivité politique » et les sanctionner par des amendes sévères (de 89.000 à 700.000 euros). Cette commission pourra même demander à lire des articles avant publication.  Des journalistes de télévision et de radio qui avaient critiqué ce projet de loi ont déjà été remerciés. Jacques Quatremer, qui rapporte ces événements sur son blog (http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/conseil_europen/ ), a interrogé le ministre délégué aux affaires européennes, Laurent Wauquiez, et ” il ressort que Paris « refuse d’aller dans le mur en donnant des leçons à la Hongrie », ce qui ne pourra que « braquer les gens »…“.

Sous prétexte de ne pas “braquer les gens”, la France et l’Union européenne acceptent donc dans leur communauté un pays qui remet au goût du jour les méthodes des “démocraties” communistes. Il me semble que ce scandale devrait être dénoncé vigoureusement par les médias, qui, sinon, se font complices d’une situation nuisant gravement à la liberté. Le plus grave peut-être, c’est que cette nouvelle loi utilise des mots, comme “objectivité”, “partialité”, qui sont vides de contenu. Qui peut dire, parmi ces dirigeants ce qu’est une image “objective”? Ici comme ailleurs, le législateur utilise des mots qui ne sont pas définis, qu’il pourra remplir selon son bon plaisir, sans se soucier de motiver sa décision (d’autant qu’on nous précise que les médias devront d’abord payer les lourdes amendes avant de se pourvoir en justice).

Dans ce contexte, l’analyse des médias, la sémiologie, qui s’efforce de donner du sens aux “mots de la tribu” (Mallarmé), apparaît bien comme une nécessité démocratique. C’est le seul outil de résistance que nous avons en notre possession. Au lieu de faire des coups médiatique, comme Montebourg s’attaquant à la “délinquance” de TF1, battons-nous pour qu’il ne soit pas possible de faire passer de la censure pour une analyse scientifique des médias, qui prétend séparer la “bonne” information “objective” de l’information “partiale”.

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