Budget 2011 : impôts, déficits et mensonges

Publié le 04 janvier 2011 par Lecriducontribuable

Hélas, rien de neuf par rapport au budget 2010 sinon de nouveaux impôts. La réduction des déficits est invoquée, mais il s’agit de les poursuivre tout simplement sans désemparer. La créativité fiscale est délirante. Le chemin du salut existe pourtant et est balisé, mais aucun des politiciens visibles ne veut l’emprunter.

DE NOUVEAUX IMPOTS

Voici donc le budget 2011 : rien de neuf sinon la poursuite des impôts, des déficits et des mensonges. Selon certains calculs, les ménages et entreprises paieraient 13 milliards d’euros de plus. C’est très inférieur à la réalité laquelle échappe à tout calcul sérieux, vu l’ouragan des nouveaux impôts et leur formidable complexité.

Voici un énoncé partiel : hausse de la TVA sur l’accès Internet, taxation des plus-values immobilières, suppression des allégements de charges pour les entreprises, pour les emplois à domicile suppression de l’abattement de 15 points sur les cotisations patronales pour les ménages déclarant leur employé au salaire réel, suppression des déclarations de revenus multiples l’année du mariage qui permettait dans certains cas de réduire les impôts, relèvement de la tranche la plus élevée d’impôt sur le revenu de 40 % à 41 %, coup de rabot de 10 % sur 22 pretendues niches, augmentation de l’ISF dans certains cas, variation de nature fiscale du prix de l’électricité, etc.

Il est nécessaire aussi de citer les médicaments remboursés à 35 % qui ne le seront plus qu’à 30 %. Certes il pourrait être objecté qu’il s’agit de la sécurité sociale et non du budget général. Nous savons tous que dans l’État quasi collectiviste que nous connaissons tous les comptes sont connectés entre eux et que tout est bon pour remplir les caisses de cet État perpétuellement impécunieux par nature.

LES PRETEXTES

Nous arrêtons cette énumération scandaleuse et il est important maintenant d’énoncer les prétextes et de débusquer les mensonges.

Il est question de crise ; c’est une manœuvre habile pour faire croire aux gens, tam-tam médiatique aidant, qu’il faut qu’ils se serrent la ceinture devant une nécessité échappant au pouvoir. Or, en fait, c’est bien à cause de l’action meurtrière des politiques de tous bords, y compris depuis 2007, que la France connaît des difficultés : ces politiques écrabouillent l’économie par leur activisme forcené et leurs folles dépenses personnelles et publiques.

La réduction des déficits est aussi invoquée. C’est un mensonge puisqu’après trente ans de déficit l’on prévoit encore un déficit de 3% du PIB et pas avant 2013, ce qui est un objectif vraiment nul. Le seul objectif raisonnable serait de viser, comme certains pays le font avec succès, un surplus budgétaire, ce qui était possible de réaliser très vite en 2007. Tout déficit public même réduit aggrave l’endettement phénoménal que la France traîne comme un boulet et qui dépasse largement les 1 570 milliards annoncés officiellement.

Parmi les prétextes en forme de contre vérités il y a le jeu des fausses équations. Voici l’une d’entre elles : réduire les déficits permettrait de relancer la croissance, laquelle ensuite par ses effets bénéfiques permettrait de rembourser l’endettement accru précisément par la réduction des déficits : bonjour les calendes grecques !

Si le pouvoir actuel reste dans l’histoire ce sera comme un champion de la fiscalité galopante et délirante.

LE RETOUR DE LA CORVEE

Entre autres innovations il a inventé le retour de la corvée ce que peut-être nous sommes les seuls à souligner. Il s’agit de la taxe sur les imprimés papiers qui est payée par les entreprises. Passons sur le nuage de complications inhérentes à une telle prétention. L’impôt peut être payé en nature, ce qui est bien l’équivalent de la corvée. Si les entreprises veulent y échapper, elles doivent allouer des espaces publicitaires dans des panneaux ou dans des journaux en vue de promouvoir des messages environnementaux : inutile de dire qu’aucun juriste sensé ne peut savoir ce qu’est un « message environnemental ».

Indépendamment de ce point, l’inventivité fiscale est délirante et les mensonges omniprésents.

Un exemple est celui des niches fiscales que l’on présente comme des abus, alors qu’il s’agit d’exonérations fiscales tout à fait normales correspondant à une volonté politique de l’époque où elles ont été crées et que le gouvernement Sarkozy-Fillon en a lui-même institué plusieurs : le coup de rabot est donc bien un impôt. A relever la valse hésitation dans ce domaine ; on en parle depuis des mois, de sorte que des conseillers financiers se sont activés avant le budget pour préconiser des politiques d’investissement sur de simples « probabilités » de rabot : que valent des investissements basés sur de telles hypothèses ?

Le bouclier fiscal est un autre exemple de l’inventivité permanente puisqu’il se trouve écorné avec des calculs complexes, ceci pour masquer en fait une simple ruse en vue d’aggraver la fiscalité. Chemin faisant, est transmis une nouvelle fois le message suivant qui est d’une extrème gravité : personne dans ce système en déroute ne peut jamais faire confiance à une promesse publique.

Certains commentateurs s’étonnent de cet ouragan fiscal et les prétendus opposants politiques font chorus, alors qu’ils ont fait de même et feraient, le cas échéant, de même s’ils obtenaient le pouvoir. C’est une erreur de s’étonner : les prédateurs publics dans leur ensemble agissant pour prélever un minimum de 56% de la richesse nationale, à la fois pour leur richesse propre et pour leurs politiques abusives, n’ont pas d’autre choix que d’entretenir et de rafistoler une usine à gaz invivable pour les contribuables victimes, avec la conséquence logique de la paupérisation générale.

CREER UN SURPLUS BUDGETAIRE

Il existe certes heureusement un chemin de salut bien balisé pour non pas s’attacher à la réduction des déficits publics mais obtenir enfin un surplus budgétaire :

Suppression rapide et massif des privilèges financiers des politiques et de leurs accompagnateurs multiples, suppression complète d’une immense quantité de subventions, suppression totale d’une foule d’administrations inutiles, libération fiscale et sociale des forces productives privées, ceci avec bien d’autres actions.

L’analyse objective conduit à constater que personne dans la classe politique visible n’est désireux et capable de réaliser un tel programme. Pour y parvenir, Il faudra un changement majeur de personnel politique avec un véritable gouvernement de salut public.

Hélas, le système est terriblement verrouillé au sommet sur fonds d’élections trafiquées. Il est à craindre que si une force « Libératrice » arrive enfin ce ne soit que dans un très grand fracas.

Michel de Poncins (Tocqueville Magazine)