RATP 2 : Rame Avec Ta Poussette 2 : dans le bus ...

Publié le 05 janvier 2011 par Steph2
Suite à la nouvelle campagne de la RATP intitulée "partageons plus, partageons le bus", beaucoup d'encre a coulé sur les blogs et ailleurs. En cause cette affiche :

Aujourd'hui, j'ajoute mon grain de sel au débat et je me permets d'adresser en toute modestie cette lettre aux dirigeants de la RATP.
Mesdames, Messieurs,


Suite à votre nouvelle campagne de communication, je vous prie de trouver en cette missive mes plus plates excuses.
Si aux premiers abords, elle m'a surtout mise en colère, j'ai pris le temps de réfléchir, de m'interroger et d'en arriver aux conclusions suivantes.


Je m'EXCUSE tout d'abord, pour le fait que Le Môme à 3 mois n'était pas capable de se tenir seul par terre pendant que je pliais la poussette. Je m'EXCUSE de ne pas être parvenu à le faire d'une main en le tenant dans mes bras. Et devant toutes nos incapacités à mon fils et moi-même, nous nous EXCUSONS de ne pas avoir plié notre poussette.
Je suis mortifiée de honte car selon vous cet acte revèle du même manque d'éducation que d'être impoli avec le chauffeur, que ne pas céder sa place à une femme enceinte ou d'être la cause d'une nuisance sonore.


C. s' EXCUSE également d'avoir failli frappé au visage avec son gros sac à langer ses voisins directs en essayant de plier sa poussette dans un bus bondé. Elle remercie sa charmante voisine d'avoir tenu la main de sa fille de 12 mois et s'EXCUSE d'avoir eu le regard un peu apeuré lorsqu'elle a confié la main de la prunelle de ses yeux à une inconnue.


Je m' EXCUSE de la part de V., qui se rendant à son travail comme chaque matin par le bus, unique possibilité de transport (ou 60 minutes à pieds !), a fait la sourde oreille à un chauffeur qui lui demandait de plier sa poussette parce-que son bébé dormait paisiblement. Elle a eu également l'affront (certes excédée, le bébé venant juste de s'endormir) de répondre qu'au vu de l'affluence elle ne pourrait pas mettre sa poussette ailleurs que dans le milieu du couloir et qu'elle ne trouvait pas cela beaucoup plus pratique.


J. s' EXCUSE d'avoir choisi une poussette plus encombrante (pensant égoïstement au bien-être de son bébé) qu'une poussette cane pour transporter son nourrisson lors des rendez-vous chez son pédiatre. Lors de sa prochaine grossesse, elle promet de demander à la direction de la RATP la liste des poussettes autorisées... Un simple porte bébé lui a t-on soufflé à l'oreillette... mais alors quid de où poser le bébé si elle cumule sa visite chez le médecin avec un déjeuner avec sa meilleure amie. Cette problématique sera sûrement résolu dans le petit guide rouge illustré que distribuera la RATP pour nous donner des consignes en matière d'éducation.


P. s' EXCUSE platement de n'avoir pu plier sa poussette à cause des sacs de commissions. Quelle ne fut pas l'idée saugrenue de cette Maman qui a eu l' inconscience de vouloir associer le fait de récupérer son petit et faire quelques courses pour le dîner !


Toutefois, une petite question me taraude. Si l'on m'avait questionnée lors de cette enquête sur les désagréments lors de mes voyages en bus, ( je le prends tous les jours avec ou sans poussette), j'aurais répondu sans hésiter les éléments suivants :
La mauvaise régulation sur les lignes, on s'étonne qu'une maman fasse le forcing avec sa poussette lorsqu'elle sait que le prochain sera dans 20 minutes...
Le fonctionnement très aléatoire des indicateurs de temps d'attente
La conduite peu délicate de certains chauffeurs, ce qui me fait répéter qu'un bébé est bien plus à l'abris dans sa poussette que sur les genoux ou dans les bras de sa maman sur un siège
Les couloirs de bus bouchés par les livraisons ou les automobilistes, ce qui multiplie mon temps de trajet davantage que les arrêts de deux secondes au feu rouge pour déposer une grand-mère à la porte de son immeuble...
En 5ème position peut-être que je parlerais des conversations au téléphone un peu fortes...


Si je ne comprends que trop bien que dans un bus bondé, de nombreuses poussettes puissent agacer et que certains rêvent d'éjecter toutes ces méchantes pour pouvoir être un peu plus confortablement installé... je fais la différences contrairement aux dirigeants de la RATP à une impulsion d'énervement et une réflexion approfondie et calme visant à éradiquer les poussettes et par conséquent les parents et leurs bébés des bus parisiens ! Les poussettes me paraissent ici comme de parfaits bouc-émissaires au sens premier du terme : "Un groupe fait le choix d'une personne à ostraciser". Un peu facile de nous montrer du doigt pour excuser les problèmes de surpopulation dans les bus !


Les transports en commun sont ainsi, ils obligent les usagers à composer avec ceux qui ont fait le même choix qu'eux. Cette campagne laisse supposer que les parents montant dans un bus dans lequel il y a déjà deux poussettes, le font presque avec plaisir ! Ils ont juste besoin d'aller d'un point A à un point B comme tous les autres. Ils essaient de le faire en étant le moins gênant possible comme tous les autres.  Comme ceux qui rentrent d'un grand voyage avec toutes leurs valises, ceux qui ont été un peu dépensiers et leurs sacs de shopping, ceux qui ont trop couru et oublié le déo, ceux qui ont des animaux... Alors à quand les limitations sur le nombre de valises, de sacs, sur les parfums à mettre, sur les chaussures à mettre (le bruit des talons doit bien en gêner certain), sur la corpulence des voyageurs, leur âge (Eh oui, une personne âgée descend lentement du bus ce qui peut engendrer des retards et de l'agacement...)... bien entendu, j'exagère mais être parents et continuer à vouloir bouger, se promener, aller travailler est déjà un combat quotidien (organisation, problème de garde) alors si en plus on est montré du doigt !


Ne serait-il pas plus sage d'essayer de rajouter  concevoir des bus plus adaptés au transport des poussettes, de multiplier le nombre de bus aux heures de pointe parce que parfois même sans poussette à bord ce n'est pas très confort et on est vraiment les uns sur les autres ! Une vraie discussion pour commencer !


En vous remerciant de prendre en compte ces considérations, je vous prie d'agréer, l'expression de mes sentiments respectueux.
 Alors certes comme le dit si bien la RATP "quand chacun fait ses propres régles, tout se dérègle" mais il faut ajouter "quand on édicte des règles insultantes, tout le monde se déchaîne". A ce propos, je vous invite à lire les réactions de Maman travaille, E-Zabel, Solenne, Stadire, Materno, So, Velomaxou, Les fraisinautes, Presque moi.