Chap

Publié le 19 décembre 2010 par Jana

Race menacée par la téléphomanie cellulaire et l’antitabagisme rampant, les chaps (littéralement les mecs) font de la résistance. Issue de l’Angleterre d’Oscar Wilde et de Stephen Frears, leur confrérie s'est formée à l’aube du XXIe siècle à l'appel de deux arnacho-dandys, Gustav Temple et Vic Darkwood, qui prônent un combat par le tweed, l’auto-dérision et le savoir-vivre.

        Vestige d’un âge où l’on appelait encore un chat un chat, et où les garçons raccompagnaient les filles, à mille lieues en tout cas du fast-food et du bodybuilding, le Chap se tape la cloche dans des trois étoiles à grands renfort de rognons sauce madère, avant d’aller taper la balle à Wimbledon en beau pantalon blanc.

   Ce guerillero new look ne prend ni bus ni métro mais conduit sa Triumph Vitesse décapotable 1967 au mépris de la facture de gaz (d'échappement). Il délaisse la Guiness pour le Martini dry et fume de délicieuses cigarettes cancérigènes. Vous l’aurez compris : le Chap, oisif de la dernière élégance, fuit la vulgocratie ambiante. Mieux, il la dénonce, mettant dans sa critique la légèreté d’un rond de fumée (art qu'il pratique en maître).

   Ses mœurs tranchent comme un sabre sur le train-train hygiéniste de ses congénères à survèt. Elles sont décrites par le menu dans un manifeste publié aux éditions des Équateurs, lesquelles nous offrent ainsi, après Michelet en dix-sept tomes, le mode d’emploi de la prochaine Révolution.

   Au sommaire : sémiotique de la pipe, philosophie de la toilette, sémaphore du pantalon, esthétique de l’automobile, protocole latrinaire. Tout est passé en revue. Prix du volume : vingt-Teuros (avec liaison). Et on en redemande.

Le Manifeste Chap de Gustave Temple et Vic Darkwood

éditions des Equateurs 136 pages, 20 euros