La solitude

Publié le 03 janvier 2011 par Do22

Quand j'étais au Cégep (=lycée), j'ai eu un jour une dissertation à rédiger pour le cours de français. Le sujet a surpris toute la classe comme un mystère dont on venait de nous demander de trouver le secret : «La solitude, luxe des riches». Je m'en souviens encore aujourd'hui car, sur 31 demoiselles qui formaient la classe, seules deux (dont moi) traitèrent le sujet de façon plus philosophico-spirituelle, si on peut dire, les autres se tordant l'esprit pour trouver ce que ce titre pouvait bien dire. 

Pourtant, à mon sens, c'était clair : les riches, pour être riches, doivent travailler tout le temps pour amasser des sous. La solitude, outre le luxe matériel qu'ils ont, est un autre luxe qu'ils ne peuvent pas souvent se permettre de s'offrir mais dont certains rêvent très fort. C'était ma première façon de voir le titre. 
 
La deuxième interprétation de ce titre était un peu différente. Cette fois-ci, les riches sont des personnes riches de coeur, d'âme et d'esprit, pas forcément de matériel. La solitude, pour celles-ci, est un luxe d'une certaine manière : en fait, c'est une façon de vivre, un cadeau qu'elles se font quand elles en ressentent le besoin, lorsqu'elles prennent du temps pour méditer, écrire, réfléchir, écouter de la musique et faire des activités qu'elles aiment et/ou ont besoin. C'est un luxe qui n'en est pas un puisqu'il devient un besoin, un mode de vie.
Avec les années, j'ai appris, depuis très jeune, ce que veut dire la solitude et il m'a fallu des années avant d'arriver à l'apprivoiser et à l'aimer vraiment. J'avais alors compris ceci :

En anglais, il y a deux mots pour dire le mot «seul(e)» : alone et lonely. Pour représenter et comprendre cette nuance entre les deux mots, regardons le tarot zen d'Osho. La carte de la solitude dit ceci : 

«Quand vous êtes seul, vous n´êtes pas seul, vous êtes simplement esseulé car il existe une énorme différence entre solitude (= alone) et isolement (= lonely). Lorsque vous êtes esseulé, vous pensez à l´autre, l´autre vous manque. L´isolement est un état négatif. Vous ressentez que ce serait mieux si l´autre était là - votre ami, votre femme, votre mère, votre bien-aimé, votre mari. Cela aurait été bon si l´autre était là, mais l´autre n´est pas là. L´isolement est : absence de l´autre. La solitude est : présence à soi-même.

La solitude est très positive. C´est une présence, un débordement de présence. Vous êtes si empli de présence que vous pouvez remplir l´univers entier de votre présence et il n´y a plus besoin de personne.
Osho, The Discipline of Transcendence, Volume 1 Chapter 2

Commentaire : Quand il n´y a plus "d´être cher" dans notre vie, nous pouvons nous sentir esseulé ou apprécier la liberté qu´apporte la solitude. Lorsque nous ne trouvons aucun soutien auprès de la famille, des amis et collègues pour vivre nos vérités profondément pressenties, nous pouvons soit nous sentir isolé et amer ou célébrer le fait que notre vision est assez forte pour survivre au formidable besoin humain d´approbation qu´elle vienne de la famille, d´amis ou de collègues.
Si actuellement vous faites face à une telle situation, soyez conscients de la manière dont vous allez choisir d´envisager votre "solitude" et assumez la responsabilité du choix que vous aurez fait.
L´humble figure de cette carte irradie d´une lumière qui émane de l´intérieur. Une des contributions les plus significatives de Gautama Bouddha à la vie spirituelle de l´humanité a été d´insister auprès de ses disciples : «Soyez votre propre lumière». En définitive, chacun d´entre nous doit développer en lui-même la capacité à trouver son chemin dans les ténèbres, sans compagnon, carte ou guide.*»

Ce soir, ces jours-ci, il fait très froid dehors, le Québec essuie des nuits à -40, des réveils le matin à -30 et des zéniths à -18 (sans facteur vent qui amène les Celsius parfois à -30 - 40 en plein midi !) et ce, depuis presque trois semaines. Je suis fatiguée, on dirait que mon corps me demande du repos, aimerait hiberner, dormir, et mon coeur aimerait partager ce froid qui l'habite avec quelqu'un. Mais il n'y a personne. Pas de famille, pas d'enfants, pas de chum, pas de tendresse, pas de soutien, de partage tel que j'aimerais et aurais besoin d'en avoir. Je suis seule.

Mais suis-je seule ou isolée ? Alone ou lonely ?

Mon ego répond que je suis isolée, lonely, il en a assez de tout faire tout seul, d'être le pourvoyeur matériel, spirituel et psychologique sans aucun soutien de personne d'autre, il est vidé. A tel point qu'il en est fâché et triste, donc : je suis triste, fatiguée, déprimée, ras-le-bol la solitude, y'en a marre, etc... mais je ne peux de toute façon rien y faire (je ne peux pas m'inventer une famille et/ou un chum, Merlin ne n'a pas encore enseigné ce tour !), alors je me résigne mais souffre en dedans. Résultat : mon Soi est fragmenté, je suis dans ma bulle mentale de scénarios à répétitions.

Quoi ?! Soi ? Fragmenté ? Kosséça k'ssa mange en hiver ?!!!!

Soi** : être soi-même, bien dans sa tête, son coeur, son corps, conscient, en paix, heureux simplement...
Fragmenté** : déconnecté de son Soi, de sa consience propre, de sa paix intérieure, etc, (en train, souvent, de tourner dans son mental).

De son côté, mon coeur (= mon Soi !) me dit que je suis simplement seule avec moi-même, que je remplis mon espace, que j'ai tout le temps de le contempler et l'employer pour me faire du bien, pour me donner du bon temps...

Bon. J'ai le choix : tourner dans ma déprime (dans ma mélasse mentale), ou choisir de voir que ces moments de solitude (même si ça fait trop longtemps que ça dure au goût de mon ego !) président en fait au déroulement d'un cheminement intérieur par lequel je dois passer pour me permettre de laisser entrer quelqu'un dans ma vie. Je n'ai pas le choix, si je suis dans mon Soi, j'accepte cette simple réalité (même si elle ne fait pas plaisir à mon ego !) : j'ai réalisé que ce n'étaient pas les hommes qui ne voulaient pas s'engager avec moi, c'était moi qui ne voulait pas et que, la famille, je ne savais pas ce que c'est ! Comme dit l'adage, on ne peut pas donner ce qu'on n'a pas reçu, mais en prendre conscience permet au moins de se dire qu'on approche de la réalité du rêve !
Comme quoi, avant de lancer le pot de fleur sur quelqu'un d'autre, il est toujours bon de voir les vraies raisons de situations difficiles qu'on traverse... avec soi-même !

Conclusion :  

On a toujours le choix de voir la vie de deux façons : avec le coeur ou avec la tête (mental, ego). Une même situation peut être vue et appréciée complètement différemment suivant l'état d'esprit dans lequel on est et l'ouverture d'esprit qu'on a. 

Exemple : dans cette situation de «solitude», j'ai le choix de me sentir et de me voir seule (avec mon coeur) ou isolée (avec mon mental), ce qui sont deux états très différents. 

Dans la vie, nous avons toujours le choix de voir les situations d'au moins deux façons différentes : en réaction, avec notre égo, notre mental, ou en conscience avec notre coeur, notre Soi, notre esprit... Ce qui est sûr, c'est qu'on a toujours le choix.

Un truc pour arriver à changer votre vision des choses quand vous vous apprêterez à ré-agir lors d'une prochain situation : RESPIREZ profondément, plusieurs fois, sentez l'énergie descendre dans vos pieds, dans la terre... et ramenez-vous à vous-même, vers votre Soi, dans votre coeur.

Publié avec l'aimable autorisation de Dominique du site d'Iridis