Des chimios toujours plus ciblées

Par Isabelledelyon

J'avais déjà parlé d'un progrès à venir qui consistait à combiner une chimio avec herceptine et d'en faire une sorte de cocktail, les deux réunis en un seul produit. En utilisant les propriétés ciblées de l'herceptine, la chimio lourde faisait moins de dégâts et moins d'effets secondaires pour les patients tout en assurant la même action thérapeutique.
J'ai trouvé deux articles portant sur des travaux de recherche dont l'objectif est de mieux cibler les chimios.

Dans le premier, des chercheurs de l'Université d'Arizona sont arrivés à encapsuler les chimios avec des molécules ciblant les cellules sur lesquelles agir , ils les recouvre d'une fine couche d'or pour gérer la dose à délivrer. Ainsi ces chimios agissent directement dans les tissus cancéreux, à des doses contrôlées sans nuire aux cellules saines de l'organisme. Des chimios en or...
Dans le second, on traite des nanoparticules, pleines d'espoir pour améliorer les chimios. Ce sont des chercheurs de l'UCLA, l'Université où l'herceptine a été élaborée, qui veulent utiliser les MSN (nanoparticules mésoporeuses de silice) pour améliorer la thérapie cancéreuse. Elles permettraient de transporter les molécules de chimios directement sur les tumeurs à anéantir. Leur spécificité est leur innocuité et leur efficacité, autrement dit leur action ciblée. Elles n'ont été testées que sur les souris pour le moment.

Premier article en or :

Une chimiothérapie plus efficace avec
moins d’effets secondaires ?

Les chimiothérapies pourraient devenir plus efficaces, tout en diminuant les lourds effets secondaires habituellement associés à ces traitements. Le nouveau procédé, qui cible mieux les cellules cancéreuses, implique des capsules entourées d’or…

Des chercheurs de l'Université d'Arizona http://uanews.org/node/36322 ont mis au point un procédé qui pourrait permettre d'améliorer significativement l'efficacité de la chimiothérapie, mais également de réduire les effets indésirables associés à ce traitement, à savoir la perte de cheveux, l'anémie ou encore les vomissements. Publiés sur le site Internet de l'université, mercredi 22 décembre, ces travaux pourraient améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer et limiter les effets nocifs de la chimiothérapie.

Les médicaments chimiothérapeutiques sont extrêmement toxiques. S'ils sont utilisés pour tuer les cellules cancéreuses, ils s'attaquent néanmoins également aux cellules saines, ce qui provoque des effets indésirables sur l'organisme.

Un médicament qui vaut de l’or

La trouvaille des chercheurs de l'Université d'Arizona a été élaborée avec des capsules de lipides, également appelées liposomes. Les chercheurs ont lié ces capsules à des molécules qui n'interagissent qu'avec des récepteurs cellulaires spécifiques. En outre, les capsules sont recouvertes d'une fine couche d'or qui permet de délivrer des doses contrôlées de médicament.

Cette « invention » pourrait ainsi permettre de libérer des médicaments chimiothérapeutiques directement dans les tissus cancéreux et à des doses contrôlées sans nuire aux cellules saines de l'organisme. Dernier élément évoqué dans l'étude, ces capsules seraient biodégradables. Ce qui permettrait à chacun d'éliminer les déchets de la spécialité médicale de façon naturelle par l'organisme.

Deuxième article :

Les cancers ciblés par des nanoparticules de silice

Des nanoparticules seraient enfin efficaces pour délivrer spécifiquement un traitement aux cellules cancéreuses en épargnant les cellules saines et sans présenter de danger pour l’organisme. Après des années de recherche, la technologie semble au point, mais les essais ne concernent pour l'instant que la souris.

Le traitement des cancers se résume actuellement à la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Si le chirurgien agit spécifiquement en réalisant une ablation de la tumeur, les deux autres stratégies sont beaucoup moins précises. Dans le cas de la chimiothérapie, les molécules anticancéreuses, toxiques, sont délivrées dans le corps et s’attaquent à l’ensemble des cellules, même saines, en provoquant de lourds effets secondaires. Le traitement des tumeurs se doit d’être plus efficace et moins nocif, d'autant que le cancer est la première cause de mortalité en France.

Les nanotechnologies, ou technologies microscopiques, sont des outils précieux dans tous les domaines, et particulièrement en médecine, ou nanomédecine. Certains groupes de recherche se sont d'ailleurs intéressés à l'utilisation des nanoparticules dans l’administration de molécules anticancéreuses, qui ne cibleraient que les cellules tumorales, en épargnant les cellules saines.

Synthétisées dans les années 1990, les nanoparticules mésoporeuses de silice (MSN) présentent une porosité organisée en réseau hexagonal. Elles représentent un des espoirs dans la fonction thérapeutique des nanotechnologies. On espère s'en servir pour embarquer une molécule médicamenteuse et la transporter au niveau de la tumeur.

Innocuité et efficacité

L'espoir se concrétise après après des travaux publiés dans le journal Small. En effet, des chercheurs de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), associant le California NanoSystems Institute et le Jonsson Comprehensive Cancer Center, ont réalisé des essais thérapeutiques sur des souris présentant des cancers xénogreffés à partir de tumeurs du sein humains. L’injection des MSN chez ces animaux a montré que les particules circulent dans le sang mais se focalisent principalement sur la tumeur.

Grâce aux MSN chargées de camptothécine, une molécule antitumorale, les tumeurs ont régressé, menant même à leur disparition chez certaines souris à la fin du traitement. De plus, des analyses sérologiques, hématologiques et histopathologiques ont montré une innocuité presque totale des MSN. La plupart des particules a même été éliminée par les urines et les selles dans les quatre jours qui ont suivi l’injection.

La spécificité, l'innocuité et l'efficacité des MSN laissent envisager des perspectives dans l'amélioration de la thérapie anticancéreuse. Mais avant le passage à l'Homme, les chercheurs veulent encore améliorer les MSN. Ils essaient d'adapter des molécules à la surface des nanoparticules, afin qu’elles soient délivrées aux tumeurs avec encore plus de spécificité, mais aussi d'ajouter des « nanomachines », comme des nanovalves, qui pourraient contrôler la libération de la drogue dans les cellules.

De plus, des tests seront nécessaires sur différentes espèces animales, pour connaître les dosages précis avant le début des essais cliniques sur l'Homme. Ainsi, les nanoparticules dans la thérapie anticancéreuses ne sont pas encore une réalité, mais un grand pas vient d'être effectué.