Cinq révélations littéraires de l'année 2010

Publié le 10 janvier 2011 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE



L'hyperréalisme poétique d'Elisabeth Filhol, les femmes puissantes de Sofi Oksanen, la filiation vue par Anne Berest, le jeu de rôle d'Alice Kahn, ou le premier roman vintage et ovniesque de Gaëlle Bantegnie: cinq révélations à suivre absolument.

   Elisabeth Filhol, La Centrale

Le premier roman de cette jeune femme discrète est aussi puissant qu’une bombe à neutrons. Il fait le récit glaçant et implacable du quotidien des intérimaires du nucléaire, ces nomades invisibles prêts à exposer leur peau et leur vie aux rayons radioactifs pour décrocher un contrat. De son écriture clinique et minutieuse, d’un hyperréalisme poétique, cette ancienne chargée d’audit née en 1965 sait parler du monde du travail qu’elle connaît de l’intérieur et ausculte les maux contemporains comme peu d’autres auteurs. Une voix ultrasingulière à suivre. (P.O.L)





                                             Sofi Oksanen,  Purge

Son look à mi-chemin entre Amy Winehouse et Marilyn Manson n’est pas passé inaperçu. Son livre non plus, auréolé du prix Femina étranger. Premier roman traduit en France de cette Finlandaise de 33 ans, féministe engagée et romancière hyperdouée, Purge retrace cinquante ans de l’histoire de l’Estonie, de l’occupation soviétique à la chute du communisme. Un récit puissant dans lequel l’histoire, faite par les hommes, est réécrite du point de vue des femmes, résistantes ou victimes. Pour Oksanen, la littérature est une lutte avec le réel dont elle sort victorieuse. (La Cosmopolite – Stock)






    

Anne Berest, La Fille de son père


Cette jeune femme de 31 ans venue du monde du théâtre – elle a travaillé pour le Théâtre du Rond-Point à Paris et mis en scène Edouard Baer dans Un pedigree, adapté du livre de Modiano – a fait une entrée remarquée sur la scène littéraire cet automne avec cette histoire de trois soeurs dont l’une n’est pas la fille du père qui les a élevées. Avec ce roman d’une justesse tranchante sur la filiation, les secrets de famille et la quête des origines, Anne Berest évite l’écueil du pathos et impose une écriture minimaliste et acérée. (Seuil)




                                                   Pauline Klein, Alice Kahn

A l’entendre, l’écriture et le sujet de son livre lui sont tombés dessus comme ça, sans qu’elle ne demande rien. Cette trentenaire, passée par des études de philo et l’école d’art Central Saint Martins de Londres avant de travailler chez Sonia Rykiel, a livré l’un des premiers romans les plus séduisants et originaux de la rentrée littéraire. Dans Alice Kahn, une jeune femme, Anna, se fait passer pour une autre afin de séduire un garçon. Un rôle de composition conçu comme une performance d’art contemporain, qui interroge avec grâce et humour l’identité féminine. (Allia).

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   Gaëlle Bantegnie,  France 80

Cette Nantaise, prof de philo installée à Paris depuis trois ans, est à l’origine d’une proposition romanesque radicale. Son premier livre, roman vintage et ovniesque, se lit comme la chronique maniaque de la seconde moitié des eighties, un inventaire nostalgique citant les marques de l’époque, du Coq sportif au Banga. Les trois personnages – une ado et un couple en crise – se trouvent réduits à l’état d’archétypes, piégés par la consommation et le divertissement de masse. L’exercice de style laisse place à la critique du consumérisme. (Gallimard).  Lire la critique link

source: Les Inrocks, article de