Selon moi, certaines fois, ce qui distingue un bon livre d'un livre plus ordinaire, c'est la puissance de l'intrigue, sa faculté à tenir en haleine. D'autres fois, c'est la capacité de l'auteur à plonger le lecteur dans une atmosphère prenante, connue ou inconnue, à le transporter dans d'autres époques et d'autres lieux. Et puis il y a ce qui, à mon avis, distingue un très bon livre de tous les autres : la réunion de ces deux éléments qui, s'imbriquant miraculeusement, ne se phagocytent pas l'un l'autre, ne se font aucun tort réciproque. Et c'est précisément le cas de L'Ombre du vent, qui restera certainement longtemps dans mon esprit, et pour toujours dans mes annales personnelles.
Et comme il est primordial dans certains cas de ne pas déflorer l'intrigue (celles et ceux à qui on a raconté la fin de Shutter Island avant qu'ils n'aient terminé le livre me comprendront à nouveau), je me contenterai d'indiquer ici que l'histoire se déroule principalement dans l'Espagne franquiste, dans une Barcelone poétique et énigmatique, où compromission et reconstruction sont au coude à coude. C'est ici que le lecteur fait connaissance avec le jeune Daniel, orphelin de mère et solitaire, qui fait lui-même connaissance avec la vie, dans ses aspects les plus fascinants, les plus excitants mais aussi les plus noirs.
L'Ombre du vent est, tout à la fois, un roman initiatique percutant, une dénonciation politique virulente, une intrigue policière maîtrisée et une histoire d'amour passionnée.
Mélanie