Ouvéa : quelle vérité ? - Alain PICARD

Par Wakinasimba

 

Little Big Man, 2008, 319 pages

Résumé de l'éditeur :

Ouvéa une grotte sacrée au fin fond d'une forêt presque impénétrable dans laquelle sont retenus 17 gendarmes mobiles, 7 membres du GIGN, un jeune officier des Troupes de Marine et un magistrat.

 " Puisque vous ne voulez pas collaborer, la France déclare la guerre au peuple Kanak ".Les mots sont terribles, mais ils sont faux. Il s'agit d'une mystification du Comité indépendantiste Pierre-Declercq, relayée par Le Monde, et dès lors reprise comme parole d'évangile. Et ce n'est pas le seul mensonge dans cette affaire d'État qui se déroule sur fond d'élection présidentielle, d'avril-mai 1988, où s'affrontent MM. Chirac et Mitterrand.

 Le 5 mai, l'affaire se dénoue par une véritable opération de guerre. 19 indépendantistes et 2 militaires des forces spéciales sont tués ce jour-là. Fallait-il en arriver à cette extrémité? Pourquoi avoir dépêché en Nouvelle-Calédonie, terre française, des unités spéciales, le 11e Choc et le Commando Hubert, censées n'intervenir qu'à l'extérieur du pays.

Mon avis :

 De retour sur l'atoll d'Ouvéa, après des vacances sur cette île qui remonte à quelques années. Nous étions bien sûr passés sur les lieux du drame sans vraiment savoir que qui s'était joué dans cette prise d'otage.

Et puis la semaine dernière, ce livre m'a fait de l'oeil sur les rayons de ma BM. En le lisant, j'ai pu ainsi remettre les évenements dans leur contexte et replacer certains acteurs à leur bonne place. Ainsi, lorsque c'est joué ce drame j'étais ado, et pour moi vu de métropole : Jean-Marie Djibaou était un dangereux indépendantiste ; Yéwéné Yéwéné avait un nom à consonnances amusantes ; et que venaient faire les gendarmes dans cette galère ?

Ceci dit, à la fin de la lecture, il est évident que l'auteur, militaire lui-même, fait la part belle au courage des otages et au professionnalisme de l'armée. Mais comment lui en vouloir ? D'autant plus que l'homme est un passionné de la culture mélanésienne et un apaiseur de tensions durant les événements.

Au final, il me restera de cette lecture un sentiment de gâchis : devant tant de morts d'un côté comme de l'autre, mais aussi du fait que ce gâchis est dû à deux hommes qui s'opposaient à Paris pour la présidence, loin de cet atoll paradisiaque. Gâchis dû à la façon de penser du futur président (celui qui a été réélu en 88): "Si ça échoue, il faudra s'en prendre à l'armée" : belle mentalité de la part du Chef des Armées.

Mais je me dis également que les deux personnages principaux du drame et de l'assassinat (Alphonse Dianou pour la prise d'otage et Djubelly Wéa pour l'assassinat de Tjibaou et Yéwéné), ces deux personnages dont l'Histoire a oublié le nom....

La découverte, également, d'un grand homme politique : Michel Rocart qui a su négocié et faire signer les Accords de Matignon.

L'image que je retiendrai :

Celle d'un documentaire passé sur Public Sénat il y a quelques mois, et sur lequel j'étais tombé par hasard.

Ce documentaire montre la réconciliation des familles Wéa - Tjibaou et Yéwéné, un bel espoir pour le "Caillou" et une leçon pour nous, les occidentaux.

Film disponible ici : http://www.film-documentaire.fr/Tjibaou_-pardon.html,film,18036