Les cabris sont en pleine forme

Publié le 20 janvier 2008 par Jlhuss

… commentaire édité 

Le “non” français! Avec un peu de recul, le débat était teinté de nationalisme et de repli sur soi (pour être gentil), soutenu par des “démocrates” et “républicains” de haut vol comme Mélanchon Laguillers, Buffet, de Villiers, Le Pen, Besancenot…
Ne faut-il pas s’inquiéter du rejet de la construction européenne pour des considérations qui relevaient au fond de la politique politicienne bien franchouillarde.[Jean]

Monsieur Jean, en matière d’histoire, mieux vaut un raccourci qu’une impasse. Figurez vous qu’élevé à l’époque lointaine du Mallet Isaac, j’ai découvert ensuite l’école des annales et tout ce que l’histoire “longue” peut apporter à la réflexion politique. Bien évidemment je ne trace pas de signe égal entre des aventures dont la base idéologique, les événements déclencheurs et la localisation géographique sont profondément différents.

Néanmoins, les logiques mises en oeuvre se ressemblent tellement et les processus qui conduisent à la catastrophe finale ont de tels points communs que, sauf à s’aveugler volontairement, il me semble nécessaire d’en tenir compte. Au nombre de ces points communs la négation de l’histoire au nom de ce qui serait la radicale nouveauté de l’entreprise, nouveauté qui ne la rend pas forcément originale en tout, pour tout et sur tous les plans. J’ajoute qu’en plus, je ne doute ni de la bonne volonté, ni de l’intelligence de l’écrasante majorité de ceux qui s’engagent au service de la Cause (ici l’Europe). 

Je leur demande seulement un peu de modestie et de reconnaître que, dans ce domaine comme dans tout ce qui regarde la conduite des affaires humaines on est dans le pari plus que dans la rigueur scientifique ce qui, pardonnez moi, justifie l’agnosticisme…
Chaque nouvelle étape de la construction de l’Union, depuis l’Acte Unique, jusqu’au projet de TCE en passant par le traité de Maastricht a donné lieu à des promesses d’avenir radieux dont on ne peut pas dire qu’elles aient été rigoureusement tenues. D’autre part, la presque totalité des médias et la majorité des décideurs politiques étaient et restent en faveur de l’Europe telle qu’elle se fait parfois d’ailleurs pour des raisons différentes, celles de Jospin et de Mitterrand n’étant sans doute pas exactement les mêmes que celles de Chirac, Giscard ou Sarkozy…

Un mot sur Le Pen et Besancenot. Je n’éprouve pour ces deux personnes aucune sympathie. Mais posons nous la question des raisons de leur irruption en politique.

Pour le FN je vous rappelle que le battage médiatique fait autour de l’alliance de Dreux a considérablement facilité son irruption puis son installation sur la scène politique, quant au gentil facteur n’est-ce pas le camarade Cambadelis qui a trouvé ses signatures ? D’accord, il s’agit là de phénomènes conjoncturels et qui n’expliquent pas le fait que ces forces se maintiennent.

Peut-on suggérer que les difficultés sociales, auxquelles la “grande” politique européenne à la sauce bruxelloise n’est pas totalement étrangère, y soient pour quelque chose ? Libre à vous de penser que si l’on faisait autrement ce serait pire, j’ai le droit de croire que vous pouvez vous tromper.

En résumé je me dis que ceux qui remplissent la maison d’explosifs et branchent les fils du détonateur ont certainement autant de responsabiités que ceux qui se sont trouvé prendre un verre au bar pendant cinq minutes avec celui qui appuiera sur le bouton.
Une dernière pour la route, chaque fois que j’entends un partisan du TCE dérailler un peu trop, je pense à cette vieille maxime chinoise : “Il y a pire que les faiseurs de guerre, ce sont les faiseurs de paix”.

Chambolle