Mediator

Publié le 18 janvier 2011 par Jfa

Je ne referais pas ici le morbide et malsain historique de l’affaire du Médiator, ce médicament au mieux inutile, au pire assassin, pourtant remboursé depuis 35 ans à 65% par les caisses de Sécurité Sociale malgré, depuis au moins plus de 10 ans, d’innombrables alertes provenant du monde entier. Rappelons que cet épisode survient après le scandale de l’Isoméride déjà produit par Servier, coupe-faim dont la mise sur le marché sera suspendu en France en 1997.

116 plaintes ont été déposées et espérons-le, une bonne partie de l’argent ignominieusement gagné par le laboratoire Servier (Servier Médical, Euthérapie, Biopharma, Therval Médical, Ardix Médical, Surval, Biogaran) indemnisera les victimes à défaut d’abonder les caisses de la Sécu.

Pendant près de 35 ans, le patron de ces labos, 9 ème fortune de France, a été successivement décoré par F. Mitterrand puis par N. Sarkozy, avec lequel il était en affaire depuis très longtemps.

Le rapport de l’IGAS  note que les Laboratoires Servier “sont intervenus sans relâche auprès des acteurs de la chaîne du médicament pour pouvoir poursuivre la commercialisation du Mediator et pour en obtenir la reconnaissance en qualité de médicament antidiabétique”. Cette “stratégie (…) a “anesthésié” ces acteurs de la chaîne du médicament et même (…) les a “roulés dans la farine”". (Le Monde). “Il est clair que le laboratoire Servier a développé avec une habileté sans pareille toute une série de relations à tous les étages du système de santé, en partant de la formation des médecins, en passant par les sociétés savantes, et au bout, jusque dans les commissions d’autorisation de mise sur le marché”, dit G. Bapt, président de la mission d’information parlementaire sur le Mediator (Le Monde).

M. Hirsch (ex-collaborateur de B. Kouchner à la Santé), déclare: “Un laboratoire adoptant de pareilles méthodes ne peut être considéré comme un acteur de santé publique responsable. Servier a exercé une emprise sur le système. Toutes les armes d’influence possible ont été utilisées pour essayer de maintenir le médicament sur le marché, de manière déshonorante”.

Et N. Sarkozy, remettant la Grand Croix de la Légion d’Honneur à J. Servier, déclare quant à lui: ““En tant qu’entrepreneur, vous avez été souvent sévère à l’endroit de l’administration française. Vous critiquez l’empilement des mesures, des normes, des structures et vous avez raison (…) Vous vous êtes battu toute votre vie pour soulager et pour guérir, pour proposer aux médecins et à leurs patients des médicaments efficaces. (…) La nation vous est reconnaissante”. Il me semblerait intéressant de savoir le montant des contributions de M. Servier à la campagne électorale de N. Sarkozy et à l’UMP.

Comme le dit l’édito du Monde d’hier: “le système de sécurité sanitaire est gangrené par sa trop grande proximité avec les laboratoires pharmaceutiques”, comme on avait déjà pu le constater avec l’affaire des vaccins contre le H1N1 gérée par Mme Bachelot. “”Figée dans une sorte de bureaucratie sanitaire”, engluée dans les conflits d’intérêts de ses experts avec les laboratoires, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a “failli à sa mission” en ignorant les multiples alertes, en France et en Europe, sur la nocivité du Mediator”.

L’IGAS dénonce: “La chaîne du médicament fonctionne aujourd’hui de manière à ce que le doute bénéficie non aux patients et à la santé publique mais aux firmes”.

X. Bertrand annonce un projet de loi afin de “changer radicalement le système” de sécurité sanitaire. Vu la nature ploutocratique de ce gouvernement, j’ai quelques doutes sur ce qui va en sortir.

- “Raoult, Sarkozy et DSK sur la Tunisie : les vidéos qui font mal”, Rue 89.

- “Tunisie : chronique de Ksour, défendue par ses habitants”, Rue 89.

- “Tunisie : la nullité de la diplomatie française”, Marianne.

- “Il faut mettre les banques sous tutelle” par Susan George, Rue 89.

- “Hommage à Henri Atlan : vive l’auto-organisation, vive l’émergence !”, Marianne. *****

- “Crise alimentaire, acte II”, Le Monde. ****