devenir le paysage

Publié le 18 janvier 2011 par Joseleroy

Un   été sans tête à Collioure

J'ai passé il y a quelques années   une délicieuse semaine de vacances à Collioure, charmant port   de méditérannée, tout près de l'Espagne. La ville est si belle que de nombreux peintres célèbres l'ont immortalisée sur leurs toiles: Matisse, Derain; en fait le fauvisme est né là-bas.  


Derain : port de Collioure

Pour rappeler ce glorieux   passé, la mairie de Collioure a placé un peu partout dans le port des cadres vides à l'endroit exact où les artistes ont représenté la ville; ainsi en se promenant sur les quais brulés par le soleil, le visiteur peut regarder dans ces rectangles vides des tableaux vivants de la   ville et de la mer.

Ces cadres vides m'ont fait penser à l'exercice de la carte de Douglas, car en glissant sa tête dans les cadres, on perd son visage, on devient l'espace, on devient la ville, la mer, le ciel, les bateaux et les gens; toute dualité entre un spectateur et un spectacle s'évanouit; plus de distance, plus d'extérieur et d'intérieur, mais un oeil, une vision dans laquelle le monde se déploie et qui révèle la Beauté de toutes choses.

Nous sommes l'espace ouvert que le monde habite. Et nous sommes le monde.

 

Je   regarde un espace dans un cadre limité; il y a moi -le sujet- et le cadre   -l'objet-; entre les deux, une séparation et une distance

L'espace s'agrandit, mais reste limité; et je perçois toujours le cadre dehors.

L'espace grandit encore, et accueille de plus en plus de formes et de couleurs, mais il reste là-bas à distance

L'espace se rapproche et grandit encore

Les limites entre un spectateur et un spectacle commencent à disparaitre

L'espace et moi sommes UN; je suis l'espace qui accueille le monde; je suis sans limites; toutes les dualités ont disparu: plus d'intérieur et d'extérieur,plus de sujet et d'objet, plus de distance, plus de séparation.

Et je suis le monde.

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