Mes indispensables : Jeff Buckley - Grace (1994)

Publié le 18 janvier 2011 par Toto
Bon, après avoir beaucoup glosé sur les qualités et les défauts d'Anna Calvi - promis, je n'y reviendrai pas, même si je persiste et signe à dire que c'est un excellent disque - et sa soit-disant proximité avec la musique d'un certain Jeff Buckley, je me suis dit justement qu'il était temps de revenir sur le seul véritable album de ce dernier : "Grace". Album qui aura marqué toute une génération, mais dont quelques uns commencent à égratigner un peu le statut de chef d'oeuvre inattaquable. Pourtant, je viens de remarquer qu'il est encore difficile d'oser touché à l'idôle et de tenter les comparaisons (ah... les morts...) La faute à la télé-réalité aussi, qui a vu, quelques malheureux candidats essayer de reprendre LA fameuse chanson du maître, "Hallelujah", morceau qui n'est d'ailleurs pas de son fait mais comme tout le monde le sait, l'oeuvre de Leonard Cohen, autre expert ès émotions. Et ces émissions de télé de démontrer pour certains que Jeff Buckley n'était finalement, lui aussi, qu'un vulgaire chanteur de karaoké, aussi doué était-il, jamais aussi l'aise que dans les reprises, "Lilac Wine" et donc "Hallelujah" en tête et un compositeur assez besogneux, incapable de dépasser ses nombreuses influences.
Mais, comme pour beaucoup donc, Jeff Buckley, c'est une partie de mon adolescence, c'est lié à des souvenirs, et c'est aussi le regret de ne jamais avoir vu le monsieur sur scène, juste d'avoir été parcouru de frissons par médias interposés : un concert au Bataclan diffusé sur France Inter, une prestation mémorable sur Canal+. Bien sûr, aujourd'hui, en réécoutant "Grace", je ne ressens plus la même chose qu'à 18 ans, l'émotion n'est plus si présente, il y a quinze ans de recul. A l'époque, le disque m'avait fait un tel effet que je me sentais obligé d'en parler autour de moi, de crier partout la bonne nouvelle. J'avais l'impression d'être fort, de détenir un pouvoir que d'autres n'avaient pas : je connaissais Jeff Buckley. Quelque part, ce disque m'a donné un peu de confiance en moi : on est con quand on est jeune. Aujourd'hui encore, je me rends compte qu'il m'est impossible d'en dire du mal. Cela serait renier trop de choses, une part de moi-même peut-être. Oui, Jeff Buckley, c'est mon adolescence et il n'y a rien de pire que de briser les rêves d'un adolescent...
Clip de "Grace" :

"Hallelujah" en live sur Canal+ :